Groupe du corps-franc Paul Bernard

Légende :

Photo prise entre octobre 1943 et juillet 1944. De gauche à droite : Georges Rollier et Paul Bernard (debout) ; Maurice Durand, Marcel Rognon (accroupis).

Genre : Image

Type : Photo

Producteur : Inconnu

Source : © AERD Droits réservés

Détails techniques :

Photographie noir et blanc.

Date document : entre octobre 1943 et juillet 1944

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme - Portes-lès-Valence

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Analyse média

Paul Bernard est ici, sur la photo, à la tête de l’un de ses groupes, mais sans doute au cours du travail quotidien, en situation « régulière » somme toute.

Après sa rencontre avec Paul Pons, en octobre 1943, Paul Bernard entreprend d’organiser un corps-franc à Portes-lès-Valence.

Le voici, sur le cliché (en haut et à droite), photographié avec ses camarades, sur la plate-forme avant d’une locomotive, au dépôt SNCF de la localité, après cette décision, entre l’automne 1943 et l’été 1944.

On distingue, à gauche des quatre cheminots en bleus de travail, le sigle de la SNCF sur une galette fixée au centre du cylindre de la chaudière. L’imposante lanterne avant gauche de la machine à vapeur apparaît au premier plan, aux pieds des jeunes gens.

Selon le bulletin de l’ONAC sur la Compagnie Pons :
\"Paul Bernard, alias \"Popaul\", est né le 27 mars 1919 à Bourg-lès-Valence. Chef de brigade aux ateliers du dépôt SNCF de Portes-lès-Valence, il entre en relation, en octobre 1943, avec Paul Pons.
À la suite de cet entretien, il accepte de prendre le commandement d\'un corps franc à Portes-lès-Valence
. ”

Paul Pons est chef de la Compagnie qui porte son nom et qui intervient à proximité, dans la vallée de la Drôme.


Auteurs : Robert Serre et Michel Seyve

Contexte historique

Paul Bernard passe ses années de guerre à fuir, puis à saboter, selon ses dires et les récits de ses camarades de lutte.

Lorsque l’on travaille au dépôt de locomotives de Portes-lès-Valence, comme Paul Bernard, lorsque l’on veut s’opposer à l’occupant, on a observé rapidement que la vallée du Rhône est un axe de communication stratégique de première importance. La ligne ferroviaire qui suit le fleuve appelle l’intérêt d’actions fortes, dépassant en conséquence l’espace départemental, aptes à gêner effectivement l’ennemi. Il n’est pas trop de dire que le corps-franc de Paul Bernard s’engage à fond dans cette forme de combat, en pleine conscience des risques encourus.

\"Saboteur professionnel », Paul Bernard, pourrait-on dire ? Combien de trains, combien de bâtiments, combien de rails ? 

Paul Bernard ne compte pas : \"au moins un par nuit\", avance-t-il un jour. Il n’aime pas se glorifier et pècherait plutôt par excès de discrétion. « Ses camarades parlent de celui qui avait l\'amitié solide – \"Les copains d\'abord\", qui ne parlait jamais de ses faits d\'armes car il était modeste : \"Tu es trop modeste, trop discret\", lui dira le général de Lassus », peut-on lire sur un bulletin des FFL (Forces françaises libres) Drôme-Ardèche. Il dit que ce qu\'il a fait, il l\'a fait. Qu\'il n\'est pas un héros, rapporte un journaliste. \"Et le débarquement de la Milice, t\'en parles pas ?\", le pousse Albert Fié, président du Comité d\'entente des anciens combattants et fidèle de la Cie Pons. Non, Paul Bernard n\'en parle pas. 

Quelques actions importantes méritent d’être mises en exergue, afin de donner une idée de leur ampleur ; l’essentiel réside pourtant dans une activité sans interruption, générant un sentiment d’insécurité chez l’occupant et ses collaborateurs telle la Milice. Le 28 janvier 1944, c’est le sabotage de 16 locomotives ; dans la nuit du 6 au 7 juillet, c’est le sabotage à Portes de 10 locomotives et de plusieurs locaux. Dans la nuit du 16 au 17 août, Paul Bernard, à la tête d’un groupe de trois, fait sauter le siège de la Milice à Valence. Cet attentat se termine sous le feu d’une mitrailleuse, ce qui atteste les dangers extrêmes qui guettaient ces jeunes hommes. et qu’il faut rappeler, au risque de ne retenir que l’aspect « spectaculaire » de l’événement. Paul Bernard fut blessé par exemple au genou et à la gorge par un éclat d\'obus. 

Bien sûr, les répercussions d’attentats comme ceux qui sont évoqués ici, ne sont pas négligeables. Ils ont des conséquences sur le moral de l’adversaire, ainsi que nous l’avons souligné déjà. Mais aussi, à l’inverse, la Résistance s’affirme capable de s’en prendre à des éléments stratégiques ou de frapper un symbole du régime, ce que ne peut manquer d’observer l’opinion.


Auteurs : Robert Serre et Michel Seyve
Sources : Dauphiné Libéré, article du 8 juillet 2000. Bulletin ONAC, sur la compagnie Pons.