Vue aérienne du pont de Livron-sur-Drôme

Légende :

La Résistance fait sauter ce pont dans la nuit du 16 au 17 août 1944

Genre : Image

Type : Photo

Producteur : Cliché Alain Coustaury

Source : © AERD Droits réservés

Détails techniques :

Photographie argentique couleur.

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme - Livron-sur-Drôme

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Analyse média

La photo a été réalisée pour le Dvd-rom La Résistance dans la Drôme-Vercors, éditions AERI-AERD. Il s’agit d’une vue aérienne oblique d'une hauteur de 250 mètres environ. Vue aérienne du pont de la route nationale 7 enjambant la rivière Drôme. La bourgade de Livron, en bas et à gauche, se situe au nord du pont. La rivière coule de la gauche vers la droite, d'est en ouest. Son lit majeur, large d'une centaine de mètres, est bordé par une végétation ripisylve, dénommée localement ramière. Cours d'eau au régime méditerranéen, la rivière Drôme est sujette à de forts étiages ou à des crues subites. Celle qui survint quelques heures après le sabotage du pont causa de grandes difficultés aux troupes allemandes en retraite. Elles perdirent du matériel lourd lors de tentatives de traversée du cours devenu torrentueux.



Contexte historique

Le 15 août 1944, les troupes franco-étatsuniennes débarquent sur les côtes de Provence malgré l'opposition de la 19e armée allemande. Le 15 août, à 16 heures 30, le capitaine Henri Faure ("Gérard", "Albert") chef de la SAP (Section atterrissage et parachutage) reçoit un message du commandant De Lassus Saint-Geniès ("Legrand") chef des FFI (Forces françaises de l'intérieur) de la Drôme :
"Faites sauter le pont de Livron, rendez compte de l'opération".
Le matin du 16, Henri Faure vérifie l'armement disponible. Il effectue une reconnaissance le soir, vers 19 heures. Tous les véhicules allemands présents pendant la journée autour du pont ont disparu. Il ne reste plus qu'un cantonnement d'hommes de la batterie de Flak (canon antiaérien). Des convois d'artillerie remontent vers le nord vers 21 heures.

Henri Faure maintient l'opération. Il fixe le rassemblement du groupe à la ferme Brunel, située 3 km à l'est, en amont du pont. Le groupe est au complet à 22 heures. Les consignes de sécurité sont précisées. Le départ est donné à 22 heures 30, les hommes approchent du pont en suivant la voie ferrée Livron -Veynes, (ligne Paris-Briançon), ligne ne fonctionnant plus à cause des sabotages.
Un groupe de protection est placé au nord du pont. Il est composé de Philippe Monier, Louis Valette, Jean Boyer, Maurice Brunet, Léon Brunel, Pierre Chastel et Jean Mathon. Son armement est constitué d'un fusil-mitrailleur, de mitraillettes, de grenades et de Gammons. Le reste des hommes franchit le pont, courbé, protégé par le parapet en pierre. Le groupe de protection sud se divise en deux, un près de la ferme Courty à 100 mètres du pont avec Raymond Baulac, Raymond Bertalin, Camille Planet, Charles Bonnet, Jean Didier, l'autre près du pont, au bord oriental de la route avec Charles Comer, Jean Boulanger, Max Lafont, René Achard, Élie Mourier et Philippe Vitali.
Une fois les protections mises en place, les mineurs Marcel Testut et Henri Faure opèrent en deux groupes. Commence la phase la plus délicate, creuser à l'aide de barres à mine deux puits de mine à 6 mètres d'intervalle. Afin d'éviter d'être découverts, les sapeurs espacent leurs coups, écoutent, protègent leur barre par des chiffons. Un arrêt du forage est provoqué par l'arrivée de véhicules allemands qui s'arrêtent au campement. Le travail reprend. Après avoir creusé la croûte de la route, on approfondit la cavité avec les mains qui rencontrent du sable. Les trous étant jugés suffisamment profonds, trois cellules de plastic sont placées dans chacun d'eux, un crayon allumeur, une mèche lente. Tout est relié par deux cordons détonants. Après vérification, le groupe sud de protection éloignée rejoint le groupe nord. Le repli s'effectue sans problème. Henri Faure et un compagnon allument alors les mèches. Le groupe se replie par la route départementale 93. Quelques minutes après, 180 kg de plastic explosent, détruisant l'arche sud du pont sur 27 mètres, longueur que ne pourront réparer les sapeurs du Génie allemand qui ne disposent pas de travées assez longues.

La destruction du pont routier de Livron a eu plusieurs conséquences. Connue très rapidement par l'US Army, cette dernière n'a pas monté une opération aérienne pour tenter de neutraliser ce pont et sûrement involontairement détruire en partie Livron. Sur le plan militaire, la destruction a fortement ralenti la retraite allemande, sans toutefois l'arrêter, comme il est parfois écrit.


Auteurs : Alain Coustaury
Sources : Dvd-rom La Résistance dans la Drôme-Vercors, éditions AERI-AERD, février 2007.