Stèle de la Pointe de l'Ilette, Antibes
Légende :
Stèle de la Pointe de l'Ilette à Antibes, située au bas de l'avenue Albert Ier et du boulevard Foch, inaugurée le 23 mai 1992
Cenotaph of the Pointe de l'Illette in Antibes, located at the base of the avenue Albert the 1st and Foch boulevard, inaugurated on May 23rd 1992
Genre : Image
Type : Photographie
Producteur : André Odru
Source : © MRA - Fonds André Odru Droits réservés
Détails techniques :
Rocher vertical reposant sur un socle quadrangulaire, environ 2,5 mètres de hauteur.
Date document : Juillet 1992
Lieu : France - Provence-Alpes-Côte-d'Azur - Alpes-Maritimes - Antibes
Analyse média
Cette stèle, inaugurée par le député-maire d’Antibes Pierre Merli (ancien chef régional du MNRPGD) en compagnie de Sir Brooks Richards (ancien délégué aux opérations maritimes du SOE) rappelle l’une des opérations les plus importantes effectuées à Antibes avec le débarquement par le sous-marin P 42 Unbroken, en avril 1942, de plusieurs agents britanniques dont le capitaine Peter Churchill, chargé des contacts avec la Résistance azuréenne et notamment le réseau Carte (fortement implanté à Antibes et à Cannes).
La date indiquée (21 avril) a été proposée à la Mairie par Henriette Slisonski, ancienne résistante du mouvement Libération-Sud mais ne correspond pas aux dates avancées par Emmanuel d’Astier de la Vigerie (17), sir Brooks Richards (19-20) comme par les archives du BCRA (27). La plaque rend hommage au docteur Elie Lévy, membre de Libération-Sud chez qui parvenaient les débarqués et attendaient les embarqués, qui mourut en déportation en décembre 1944, mais elle n’évoque pas l’embarquement du chef de Libération-Sud, Emmanuel d’Astier de la Vigerie, porteur d’un texte de dix pages rédigé à Nice par Louis Aragon : Témoin des martyrs, évoquant les martyrs de Châteaubriant.
La plaque de bronze comporte un texte de présentation rédigé en français et en anglais, ainsi que des drapeaux franco-britanniques (le français arborant la Croix de Lorraine) et les armoiries du sous-marin Unbroken.
This cenotaph inaugurated by the deputy Mayor of Antibes, Pierre Meril (the former regional chief of the MNRPGD) along with Sir Brooks Richards (the former delegate of maritime operations of the SOE) that commemorates one of the most important operations, taking place in Antibes with the departure of the submarine, P 42 Unbroken, in April 1942, with several British agents under the command of Captain Peter Churchill, who was in charge of maintaining contacts with local Resistance fighters in Côte d'Azur, and notably the Carte network (concentrated in Antibes and Cannes).
The date indicated (April 21st) had been proposed to the Mayor by Henriette Slisonski of the Libération-Sud movement, but did not correspond with the dates indicated by Emmanuel d'Astier de la Vigerie (17), Sir Brooks Richards (19-20) as well as the one given by the archives of the BCRA (27).
The plaque pays homage to Doctor Elie Lévy, a member of Libération-Sud who had managed to shelter those who had embarked to France or where leaving on missions, who died during deportation in December 1944, but does not mention the departure of the chief of Libération-Sud, Emmanuel d'Astier de la Vigerie, bearer of a ten-page text written in Nice by Louis Aragon: Témoin des Marytrs, evoking the marytrdom of Chateaubriant.
The bronze plaque holds an inscription in French and English as well as presenting the French (the cross of Lorraine) and English flags as well as the coat of arms for the submarine, Unbroken.
Jean-Louis Panicacci
Traduction : Sarah Buckowski
Contexte historique
Cette opération maritime ne fut pas la première effectuée (en felouque comme en sous-marin) par le SOE avec la coopération du BCRA sur les côtes maralpines puisque la première intervint le 9 janvier 1942 à la Pointe (Théoule) avec le débarquement de Peter Churchill et la dernière, le 7 novembre, avec le départ à Cros-de-Cagnes de deux agents « brûlés » du réseau Alliance et de quatre personnes du « second convoi Giraud ».
Au total, 17 opérations eurent lieu de Théoule (2) à Cros de Cagnes (1), Antibes en recevant dix (du 3 mars au 19 août), Cannes deux et Mandelieu-La-Napoule une. Une quarantaine d’agents britanniques ou de résistants français (notamment Henri Frager, Pierre Julitte, Guy de Vomécourt) furent débarqués ou embarqués, tandis que Jean Moulin, Jules Moch et Yvon Morandat furent hébergés à Antibes mais ne purent y embarquer, hébergés chez le docteur Lévy (« plaque tournante » de ces opérations maritimes) ou chez l’acteur René Lefebvre. Le texte emporté dans ses bagages par Emmanuel d’Astier de la Vigerie fut lu à la BBC le 22 mai 1942 ; il lui avait été remis par le docteur Lévy, officier d’artillerie dans la même unité que Louis Aragon, réfugié à Nice jusqu’à l’arrivée des troupes italiennes d’occupation. Le voyage du chef de Libération-Sud fut une véritable expédition puisque le sous-marin, avant de gagner Gibraltar, accomplit une mission de torpillage dans le golfe de Naples, si bien qu’il ne parvint en Grande-Bretagne que le 12 mai.
This maritime operation was not the first of its kind carried out by the SEO with the cooperation of the BCRA along the Maralpine coast since the first intervention on January 9th 1942 at la Pointe with the departure of Peter Churchill, and the last, taking place in November 7th with the departure from Cros-de-Cagnes of two “highly wanted” agents of the Alliance network and four agents from the “second Giraud convoy”.
Overall, 17 operations took place from Théoule (2) to Cros de Cagnes (1), 10 from Antibes (from March 3rd to April 19th), 2 from Cannes and one from Mandelieu-La-Napoule. Fourtysome British agents and Resistance fighters (notably Henri Frager, Pierre Julitte, Guy de Vomécourt) left and arrived as well as Jean Moulin, Jules Moch and Yvon Morandat whom lodged in Antibes but could not leave, staying instead at Dr. Lévy’s (a central hub for maritime operations) or actor, René Lefebvre. The text carried by Emmanuel d'Astier de la Vigerie was read on the BBC on May 22nd 1942, had been recovered by Dr. Lévy, artillary officer in the same unit as Aragon, as a refuge in Nice staying there until the arrival of Italian forces. The trip of the head of Libération-Sud was quite an expedition, as the submarine he was on board was involved in a torpedo strike in the Gulf of Naples, before even reaching Gibraltar, and therefore wasn’t able to reach England before May 12th.
Traduction : Sarah Buckowski
Auteur : Jean-Louis Panicacci
Sources :
Emmanuel d’Astier de la Vigerie, 7 fois 7 jours, Lausanne, La Guilde du Livre, 1956
Peter Churchill, Missions secrètes en France, Paris, Presses de la Cité, 1967
Laurent Douzou, La désobéissance. Histoire du mouvement Libération-Sud, Paris, Odile Jacob, 1995
René Lefebvre, Le film de ma vie, Paris, France-Empire, 1973
Yvon Morandat, Souvenirs inédits, Les Cahiers de l’IHTP, N° 29, 1994
Musée de la Résistance azuréenne, Sous-marins et felouques au large d’Antibes (Documents, Témoignages, Recherches N° 14, 1998)
Jean-Louis Panicacci, Les lieux de mémoire de la deuxième Guerre mondiale dans les Alpes-Maritimes, Nice, Serre, 1997
Brooks Richards, Flottilles secrètes. Les liaisons clandestines en France 1940-1944, Le Touvet, Marcel-Didier Vrac, 2001.