Résistance
De l’armistice de juin 1940 à l’automne 1944, l’actuelle région Provence-Alpes-Côte d’Azur fut une terre de Résistance.
Dès l’été 1940, à Marseille, sont nés de multiples groupes et organisations de sauvetage des réfugiés. De même, d’Avignon à Nice et sur la Côte méditerranéenne, en passant par Toulon, des mouvements et des réseaux se sont formés très rapidement. Ils ont agi, diffusé des tracts et journaux clandestins, ont organisé des manifestations ou recueilli des renseignements. Après les occupations allemande et italienne en novembre 1942, les groupes de Résistance armée, Groupes francs ou FTP, ont harcelé l’ennemi. Des maquis se sont créés dans le Haut-Var, les Basses et Hautes-Alpes, autour de Digne, Briançon ou de Gap, les Alpes-Maritimes, le Vaucluse, et, en juin 1944, dans le nord des Bouches-du-Rhône. Pendant l’été 1944, lors des opérations de Libération, les insurrections urbaines et les actions armées de la Résistance ont joué un rôle très important. Pendant toute cette période, la résistance de la région provençale a payé un lourd tribut.
From the armistice of June 1940 until fall of 1944, the region of Provence-Alpes-Côte-d’Azur was a major territory for the Interior Resistance.
Starting in the summer of 1940 in Marseilles, were the births of multiple groups and organizations that aimed to rescue refuges. Resistance networks and movements formed quickly throughout the area, in Avignon, Nice and along the Mediterranean coast to Toulon where clandestine pamphlets and newspapers were published, protests organized and information collected. Following the occupation of the region by German and Italian Forces in November 1942, the group of the armed Resistants’ and the FTP (Franc-Tireurs et Partisans) took up fighting the two enemies. Groups of rural Resistance fighters known as the maquisards were created in the region, most notably in Haut-Var, Basses and Hautes-Alpes around Digne, Briançon and Gap, Alpes-Maritimes, Vaucluse and in June 1944 in the north of Bouches-du-Rhône. During the summer of 1944, throughout the Liberation operations, the urban insurrections and the armed forces of the Interior Resistance played a crucial role. Throughout this period Resistance fighters in the Provence region paid a heavy price for the Liberation of France.
Traduction : Sarah Buckowski
Résistance d'aide et de sauvetage haut ▲
Pendant la Seconde Guerre mondiale, les étrangers antifascistes, antinazis et républicains chassés de leur pays par les dictatures, sont nombreux à se réfugier en Provence, notamment à Marseille, ville portuaire permettant de fuir le pays. Ils sont considérés comme « indésirables » par le régime de Vichy. Certains sont internés au camp des Milles. En août-septembre 1942, les juifs étrangers sont déportés. Des organisations et des groupes, français ou étrangers, aident ces réfugiés. Ils tentent, par des moyens légaux ou non, de sauver ceux qui sont en danger en les cachant ou en les faisant sortir de France. C'est le cas, par exemple, de Gilberto Bosques et de son équipe du consulat du Mexique à Marseille pour les républicains espagnols, en lien avec les Quakers, de Varian Fry et du Centre américain de secours (CAS) pour les intellectuels et artistes, du réseau Marcel à Nice pour les enfants juifs, et de diverses organisations juives.
Resistance Aid and Rescue
During the course of the Second World War, foreigners against the oppressive fascist regimes that were overtaking Europe and believed in Republican values were chased from their home countries by dictatorships and found refuge in Provence, notably in the port city Marseilles. These people were deemed “undesirable” by the Vichy regime, and many were detained in the internment camp of Les Milles. In the months of August and September 1942, any foreign Jews were deported. The domestic organizations and groups in Provence took it upon themselves to help these refugees. They tried through legal means, or not, to save anyone in danger through harboring them in their homes or smuggling them out of France. For example the work of Gilberto Bosques and his team from the Mexican Consulate in Marseilles helped save Spanish refugees in cooperation with the Quakers, Varian Fry of the American Center of Rescue (Centre américan de secours , CAS) who saved many intellectuals and artists and the Marcel network in Nice that saved Jewish children as well as many other Jewish organizations.
Traduction : Sarah Buckowski
Les organisations de Résistance haut ▲
Dès l’été 1940, des individus et des petits groupes protestent contre l’Occupation et critiquent le nouvel État français, notamment par la diffusion d’écrits dactylographiés. Ces initiatives précoces sont la première expression d’une résistance qui va s’affirmer et se développer tout au long de la période.
Des groupes se forment progressivement, réunis sous le nom de mouvements (construits souvent autour de la parution d’un journal), de réseaux (en lien avec la France Libre ou les Alliés), mais aussi au sein d’autres organisations clandestines, syndicales ou politiques. Ils tentent, dans tous les départements de la région, d’informer et de mobiliser la population, de soutenir l’action de la France Libre et des Alliés sur le plan militaire, d’agir contre l’occupant ou encore de venir en aide aux personnes persécutées.
The Organizations of the Resistance
As soon as the summer of 1940, individuals and small groups protesting against the Occupation of France and critiques of the Vichy government, notably through the distribution and circulation of pamphlets, began forming. These early initiatives were the first expressions of resistance that went on to grow and take on many forms throughout the period.
These resistance groups formed gradually united under the names of movements (often built around a newspaper), networks with connections with France Libre (Free France) and the Allied Forces, and other clandestine networks organized by unions or political parties. They tried, in all the departments of the region to inform and mobilize local populations to support the efforts of France Libre and the Allied forces, act against the Occupying forces and help those who were at risk of being persecuted against.
Traduction : Sarah Buckowski
Les mouvements de Résistance haut ▲
Jean Moulin et l'unification de la Résistance haut ▲
En décembre 1940, après sa révocation par Vichy, Jean Moulin élit domicile dans la maison familiale de Saint-Andiol. Entre janvier et avril 1941, il prend contact avec différents résistants de la zone Sud, notamment Henri Frenay, chef du mouvement Combat.
Le 9 septembre, il part pour l’Espagne, puis le Portugal d’où il rédige un rapport rendant compte de l’état, des actions et des besoins de la Résistance. Le 25 octobre 1941, il rencontre le général de Gaulle à Londres qui le nomme Délégué du Comité national français pour la zone libre et son représentant personnel.
Parachuté dans les Alpilles dans la nuit du 1er au 2 janvier 1942, il a pour mission de rallier les mouvements à la cause de la France Libre, de les unifier et de créer une armée clandestine en regroupant leurs forces paramilitaires. Le 26 janvier 1943, les trois grands mouvements de zone Sud (Combat, Libération-Sud et Franc-Tireur) se regroupent pour devenir les Mouvements Unis de la Résistance (MUR). Ils mettent en place une organisation clandestine très structurée comportant différents secteurs d’actions : l'Armée Secrète (AS), le Noyautage des Administrations Publiques (NAP), la Section Atterrissage Parachutage (SAP), le Recrutement Organisation Propagande (ROP), une Organisation Universitaire (OU)…
Cette unification se poursuit jusqu’à la création du Conseil National de la Résistance qui intègre également les partis et syndicats clandestins et se réunit pour la première fois, à Paris, le 27 mai 1943.
Jean Moulin and the Unification of the Resistance
In December 1940 following his dismissal from the Vichy Government, Jean Moulin took up residence at his family home in Saint-Andiol. Between January and April 1941 Moulin made contact with various Resistance fighters from the southern occupied zone including Henri Frenay, the head of the Combat movement.
On September 9th Moulin left for Spain and Portugal where he wrote a report on the actions, the needs and the current state of the Resistance. On October 25th 1941 he met with General de Gaulle in London and the latter appointed him delegate to the National French Committee for the free zone as was as his personal representative.
Airdropped in the Alpilles during the night of January 1st -2nd Moulin undertook a mission to rally Resistance organizations and movements in support of Free France and to unify them and create a clandestine army through regrouping their paramilitary forces. On January 26th 1943, the three largest Resistance movements of the southern zone, Combat, Libération-Sud and Franc-Tireur united to form the Mouvements Unis de la Resistance (MUR).
The MUR then put into place a very structured clandestine organization with many different branches of operations: the Secret Army (l'Armée Secrète, AS), the Infiltration of Public Administrations (Noyautage des Administrations Publiques, NAP), the Landing-Airdropping Section (Section Atterrissage Parachutage, SAP), the Recruitement-Organization-Propaganda Service (Recrutement Organisation Propagande, ROP) as well as an Academic Organization Organisation Universitaire, OU)...
The unification process of the MUR continued until the creation of the National Council of the Resistance (Conseil National de la Résistance) which also integrated political parties and unions upon their first meeting in Paris on May 17th 1943.
Traduction : Sarah Buckowski.
Liens avec la France libre et les Alliés haut ▲
L’écoute clandestine de Radio Londres, section française des émissions de la BBC, permet aux Provençaux d’obtenir des informations sur la situation internationale, mais également un réconfort moral dans une vie quotidienne marquée, à partir de l’hiver 1942, par l’Occupation et l'aggravation des pénuries et du rationnement.
La Résistance locale communique par différents moyens avec la France Libre et les Alliés. Des liaisons sont en effet réalisées, par la mer ou les airs ; afin de fournir du matériel à la Résistance intérieure, d’évacuer ou de faire entrer des individus en métropole. Des transports par sous-marins ("tubes") ou felouques sont mis en place dans la région R2, côtière de la Méditerranée, donc favorable aux liaisons maritimes. Dans l’arrière-pays, des parachutages et atterrissages d’avions permettent d’alimenter les différents groupes en matériel, radios, armement, mais aussi tous produits nécessaires à leur vie et leur action. Les messages codés diffusés dans les émissions de la BBC sont également un moyen de transmettre des informations ou des directives à la Résistance intérieure.
Les principaux services de renseignement, le Bureau Central de Renseignement et d’Action (BCRA) de la France Libre, le Special Operations Executive (SOE) britannique, et plus tard l’Office of Strategic Services (OSS) américain, communiquent ainsi avec la Résistance intérieure, recueillent des renseignements et envoient des agents en métropole pour réaliser des missions d’ordre militaire ou politique.
Connections between Free France and the Allied Forces
Secretly listening to Radio London, the French transmission Departement of the BBC allowed the people of Provence to receive news from around the world as well as comfort and reassurance, in what was a harsh everyday life, in particular starting in the winter of 1942, when the occupation and the worsening of ration shortages were becoming even greater.
Local Resistance fighters communicated through different channels with the allies and Free France. Liaisons were sometimes organized by sea or air in order to provide equipment to the Interior Resistance, as well as help evacuate individuals or bring people in to France. Transportations by submarines (“tubes”) or feluccas were set up in the R2 region, along the Mediterranean coast, making sea liaisons more favorable. Further inland air drops and plane landings were able to provide supplies and basic necessities to Resistance groups. Code messages sent out by the BBC were also a means of diffusing information and instructions to the Interior Résistance.
The main information services, Free France’s Bureau Central de Renseignement et d'Action (BCRA), Special Operations Executives (SOE) of England and later on the Office of Strategic Services (OSS) of the American forces, communicated with the Interior Resistance where they received information and would send agents into France on political or military missions.
Traduction : Sarah Buckowski
Actions de la Résistance haut ▲
Dès les lendemains de la défaite, les premiers signes de contestation s’expriment au travers de tracts manuscrits « à recopier et faire passer », de graffitis et d’affichages, avant même le développement d’une véritable presse clandestine et d’émission de radio telles que Les Français parlent aux Français.
Cette « parole clandestine » joue un rôle de contrepoids face à la propagande mise en place par le régime de Vichy et l’occupant. Elle permet de maintenir en zone dite « libre », et dans les territoires occupés, l’espoir d’une victoire et de contester le régime mis en place en dénonçant ses exactions et sa politique de collaboration. Dans les mêmes buts, les mouvements de Résistance, formés très tôt dans la région, consacrent une grande part de leur activité à la confection et à la diffusion de journaux clandestins.
Des manifestations de rue ont lieu dans chaque département, à l'occasion des journées patriotiques, comme le 11 novembre ou le 14 juillet, ou encore pour protester contre les politiques mises en place, les pénuries, ou encore le STO. A partir de la fin de l'année 1942, la Résistance développe une nouvelle forme d'action, l'action armée, dirigée contre les collaborationnistes et l'occupant.
Actions of the Resistance
During the days that followed the Armistice of 1940, the first signs of discontent surfaced through the circulation of pamphlets “to copy and pass on”, graffiti and posters, even before the development of a real clandestine press system or radio transmissions of “Les Français parlent aux Français”.
This clandestine speech played a role in the fight against the propaganda put in place by the Vichy Government and the German Occupation, in hopes of an eventual victory and to contest the current regime abuses and it’s politic of collaboration. In the same goals the movement of the Résistance, developed very early in the region, concentrated a large part of their activity to the creation and circulation of clandestine newspapers.
Protests were held in the streets of every department on occasion of National holidays, such as November 11th or July 14th or even to protest against the current government, the scarcity of goods or the forced labor STO (service de travail obligatoire). Starting at the end of 1942, the Résistance developed a new mode of action, armed action, directed against collaborators and occupying forces.
Traduction : Sarah Buckowski.