Plaque commémorative : Hôtel Lutetia
Légende :
Plaque apposée en mai 1985 pour le 40e anniversaire de la libération des camps sur la façade de l'hôtel Lutetia, 45 boulevard Raspail, Paris 6e.
Genre : Image
Type : Plaque commémorative
Source : © Département AERI de la Fondation de la Résistance Droits réservés
Date document : 1945
Lieu : France - Ile-de-France - Paris
Contexte historique
Sur la façade du palace parisien, qui avait été réquisitionné par les Allemands durant la guerre, est apposée cette plaque commémorative : "D'avril à août 1945, dans cet hôtel transformé en centre d'accueil, fut reçue une partie des rescapés des camps nazis, heureux de retrouver leur liberté et les êtres chers auxquels ils avaient été arrachés."
Alors que la gare d'Orsay est affectée à l'accueil des prisonniers de guerre, le ministre Frenay prend rapidement conscience que celle-ci n'est pas adaptée à l'accueil des anciens déportés. Leur faiblesse physique extrême impose une prise en charge médicale, ainsi qu'un hébergement au moins provisoire. La décision est donc prise de réquisitionner le palace du boulevard Raspail pour y recevoir tous ceux des déportés qui sont rapatriés à Paris. Malgré le contexte difficile du rationnement, le centre d'accueil bénéficie d'un approvisionnement régulier et abondant en vivres. Après quelques jours passés au Lutetia, les rapatriés se voient consentir un pécule qui doit leur permettre de subvenir à leurs premiers besoins, après avoir quitté l'hôtel.
L'accueil ne se fait toutefois pas sans difficultés. Malgré son dévouement, le personnel du palace, peu préparé, ne prend que partiellement la mesure de la détresse des arrivants. Les épidémies sévissant dans les camps rendent nécessaire une visite médicale. Après leur calvaire, nombre de déportés acceptent mal de devoir subir ces formalités, alors qu'ils sont impatients de s'enquérir des proches dont la déportation les a séparés. D'autres, au contraire, qui ont perdu tous les leurs dans les camps, sont sans perspective plus lointaine que le centre d'accueil.
Les autorités doivent aussi veiller à ce qu'aucun collaborateur ni criminel de guerre ne se fasse passer pour déporté. Là encore, bien des survivants tolèrent fort mal les interrogatoires imposés par la police et l'armée. Le travail des enquêteurs est d'ailleurs des plus délicats : alors que des mystificateurs parviennent souvent à enrichir leur récit d'une multitude de détails, celui des anciens déportés est généralement confus. Dans l'enfer des camps, les repères spatiaux et temporels avaient perdu à peu près toute signification, et la mémoire des survivants est souvent embrouillée. C'est devant le Lutetia, ou dans le hall même du palace que les familles de déportés viennent guetter le retour de leurs proches.
D’après l'article de Guillaume Pélissier-Combescure, Le Monde, 27/01/2006