Affiche du Comité départemental de libération de Seine-et-Marne
Légende :
Affiche émise par le comité départemental de libération de Seine-et-Marne concernant la reconstruction après la Libération. Imprimée à Melun par l'imprimerie Legrand et fils, sans date.
Genre : Image
Type : Affiche
Source : © Archives nationales, 72 AJ 1619 Droits réservés
Détails techniques :
Imprimé en noir sur papier beige, de 86 x 55 cm.
Date document : Entre le 26 et le 31 août 1944
Lieu : France - Ile-de-France - Seine-et-Marne
Analyse média
Affiche du Comité départemental de libération de Seine-et-Marne appelant la population à la reprise du travail en vue de la reconstruction. Cette affiche a été imprimée après la libération du sud du département (après le 26 août) et alors que le nord était encore pris dans les combats.
Contexte historique
Si le Comité départemental de Libération semble avoir été ébauché en 1943, il n'apparaît pas avant l'année suivante. Sa commission militaire se réunit le 27 juillet 1944 (le compte-rendu ne fournit aucun nom des dix participants). Il n'existera pas d'autre rencontre avant celle du 25 août où la décision fut prise de ne rien entreprendre avant l'arrivée du préfet. Le 1er septembre se déroule la première réunion officielle en présence du préfet, Jean Latour. Legeay, FTP du nord, assure alors une présidence très provisoire puisque le représentant du FN, le communiste Hémery, du syndicat de la presse juridique de province, est élu président du CDL le jour même. Le Comité est composé de Brunot, ingénieur des Ponts-et-Chaussées (OCM), Moulin, également des Ponts-et-Chaussées (Libé-Nord), Barthélémy, journaliste de Fontainebleau (CDLL), Murgey, proche des radicaux (MLN) ainsi que deux cadres FFI, le commandant Duguay et le capitaine Reynier. Le Comité, dont la composition n'est pas définitive, réunit donc l'essentiel des grands mouvements. Pour ce qui est des partis politiques, l'ancien interbrigadiste André Gautier représente le PC, André Marceau, la SFIO, le docteur Pelbois de Melun, l'URD et le maire de Samoreau, Oriol, la tendance démocrate chrétienne. Enfin, des sièges sont ménagés pour l'Union des femmes françaises, la FUJP, les syndicats (avec Camille Marceau, cégétiste de Dammarie-les-Lys) et pour l'ancien responsable des services du Travail à la préfecture, Bricogne. Cette assemblée, surtout urbaine, tendant politiquement vers la gauche, s'élargit sans réticence à des personnalités représentatives comme de Moustier, ancien conseiller général radical de la Chapelle-sous-Crécy, homme plutôt tempéré, ou encore Sommier, propriétaire de Vaux-le-Vicomte, ancien conseiller général du Châtelet-en-Brie… Elle s'ouvre ainsi aux réalités rurales et s'oriente vers les modérés, voire la droite. D'où des entrées nouvelles rétablissant l'équilibre : celles de Chalamon, maire radical socialiste de Luzancy, bête noire de Vichy, des socialistes résistants comme Barennes et Veillard ("Vulcain"). D'autres participants viendront encore s'agréger, mais un noyau solide de quelque six ou sept personnalités assidues entoure le préfet sans s'opposer systématiquement à lui ni faire figure de simple organe d'enregistrement.
En dépit de sujets qui divisent (épuration, CLL et municipalités provisoires), la bonne intelligence l'emporte le plus souvent qui fait surtout rechercher l'efficacité. Le CDL compte à son actif la mise sur pied d'une dizaine de commissions dont celles de la justice (Veillard), de l'agriculture (de Moustier), du ravitaillement (Oriol), de la reprise économique (Camille Marceau). C'est placer préfet et CDL face aux problèmes de l'heure. Le ravitaillement en est un. Il convient de reprendre les battages interrompus par les combats de la Libération : on estime à 140.000 quintaux le retard sur les 200.000 à livrer à Paris. Pour la viande, le CDL fait jouer la solidarité interdépartementale (troc de produits pharmaceutiques avec L'Ille-et-Vilaine), supprime l'activité de réception du Ravitaillement général déconsidéré, réprime les abattages clandestins, affecte des cantons ruraux aux centres urbains pour la collecte de viande, en association avec les bouchers… Reste encore à faire sauter certains goulots d'étranglement dans l'agriculture comme le problème des carburants, le déficit en animaux de trait… Ajoutons que font défaut 1.500 ouvriers agricoles permanents et 900 saisonniers.
En ce qui concerne la question de l'épuration, on est amené à opposer sa lenteur et la protection dont semblent jouir certains, à la brutalité des arrestations anarchiques du début, sinon arbitraires. Se pose alors l'épineuse question de savoir s'il doit exister une justice de la Résistance, véritable pomme de discorde. On créé bientôt une commission consultative de sécurité publique, une commission de vérification des dossiers…
Claude Cherrier in DVD-ROM La Résistance en Ile-de-France, AERI, 2004.