Groupe FFI à Montreuil

Légende :

Un groupe de FFI pose devant l'école Pasteur de Montreuil autour d'un panneau portant l'inscription "Souvenir FFI - Libération de la mairie de Montreuil - le 20.8.44". 

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Photographie anonyme,Montreuil, 1944. Coll. Musée de l'Histoire vivante/fonds Tamanini Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc

Date document : Août 1944

Lieu : France - Ile-de-France - Seine-Saint-Denis - Montreuil

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Contexte historique

Dès l'annonce la guerre en 1939, c'est à Montreuil que se regroupent pour la dernière fois les jeunes filles appartenant aux l'Union des jeunes filles de France créée par Danielle Casanova. Cette dernière, montée sur un banc public du jardin public du square de la mairie harangue la foule et lui clame "Nous saurons faire notre devoir de Française". " Leur "devoir de Français", les Montreuillois ont su le revendiquer. Après juin 1940 et la signature de l'armistice, des contestations contre l'occupant naissent. Malgré l'abattement de la défaite, les premiers signes de refus se manifestent rapidement. La réaction vient d'abord des communistes dont l'action est tournée contre le régime de Vichy : lors de la première manifestation du 23 juillet 1940, ils forcent les portes de la mairie pour tenter d'y installer les anciens élus communistes destitués de leurs fonctions depuis 1939. L'ancien maire Fernand Soupé avait été déchu en octobre 1939. Plusieurs manifestants sont arrêtés.

L'activité communiste est très vive à Montreuil : de très nombreux centres clandestins d'impression et de distribution de tracts sont démantelés dans les premiers mois de l'Occupation. Des entités résistantes se mettent également en place de façon précoce à l'image de celle d'Henri Schmitt, employé municipal. Mobilisé à Bourges, rejoint par sa famille, il a été profondément choqué par la débâcle. L'annonce de l'armistice et les échos de l'appel du général de Gaulle achèvent de l'abattre. Ressentant la nécessité d'agir pour nuire aux Allemands, il décide de retourner à Montreuil. Il regroupe quelques amis au sein d'une amicale d'anciens marins : Les Jean Le Goin. Le groupe qui s'organise se consacre à la collecte de renseignements militaires (indications de dépôts d'armes allemands, mouvements de troupes...). Parallèlement, Henri Schmitt constitue une filière d'évasion destinée à faire passer la ligne de démarcation aux prisonniers évadés ou aux soldats alliés. Schmitt héberge les clandestins et leur fournit de faux papiers. Des relations nouées avec des cheminots de Vierzon permettent le passage de la ligne. Ensuite, les candidats au départ sont orientés vers Perpignan où a été mise en place une filière clandestine pour franchir les Pyrénées. Henry Schmitt est finalement arrêté sur dénonciation en mai 1941 et fusillé le 5 novembre de cette même année, quelques jours après un autre Montreuillois, le jeune communiste Charles Delavacquerie, fusillé le 22 octobre 1941 à Châteaubriant.

Une section locale du Front national est aussi formée à Montreuil. Elle rassemble des patriotes d'horizon divers : le docteur Brandon, Cressent, Woljung, le curé Saintjon... Les FTP sont actifs. Sans que l'on puisse précisément identifier leurs auteurs, il faut signaler de nombreux actes malveillants au cours de la période : incendies criminels et sabotages dans des entreprises travaillant pour les autorités d'Occupation, attaques de centres de distribution de titres d'alimentation ou de commerces, agressions et désarmement d'agents de la paix...

Avant même l'arrivée des Alliés, ce sont des centaines de militants (FFI, FTP, FUJP) et des patriotes Montreuillois qui se confrontent aux chars allemands. En effet, dès le 18 août 1944, la mairie est envahie par la Résistance. Le drapeau tricolore est hissé sur le toit. "J'ai fait parti des trois qui ont hissé le drapeau français sur le toit avec André Vitas et Emile Galochat dont la grand-mère avait confectionné la bannière tricolore" relate Pierre Amory, à l'époque tout jeune résistant de 18 ans. A la vue des chars allemands, les patriotes sont obligés de partir. Mais quand, vers 16 heures, les chars quittent la place, la mairie est définitivement réoccupée. Le Comité local de libération reprend alors en main l'administration de la ville. C'est ainsi que Montreuil fut une des premières villes de la région parisienne à être libérée.


Vanessa Benech in DVD-ROM La Résistance en Ile-de-France, AERI, 2004