Dessin représentant l’embarquement des otages par les Allemands à la gare de Vercheny

Légende :

Albert Fié a campé, par un dessin, une des scènes dramatiques de la prise d'otages de Vercheny et de villages voisins le 27 décembre 1943.

Genre : Image

Type : Dessin

Producteur : Réalisation Albert Fié

Source : © Collection Albert Fié Droits réservés

Détails techniques :

Gouache. Support : papier dessin. Taille : environ 21 x 30 cm.

Date document : 2004

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme - Vercheny

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Analyse média

Après le sabotage de la voie ferrée Livron-Briançon et la destruction du train de permissionnaires allemands, dans la nuit du 21 au 22 décembre 1943, les forces allemandes raflent 80 hommes et en déportent 57 des communes de Barsac, Pontaix, Sainte-Croix et Vercheny. 36 n'en reviendront pas.

Cette gouache relate l’épisode de l’embarquement de force des otages par les Allemands à la gare de Vercheny, le 27 décembre 1943 :
Sous la surveillance de soldats allemands, qui n’hésitent pas à jouer de la crosse, les hommes de Vercheny montent dans le train, où se trouvent déjà leurs camarades de Barsac, Pontaix et Sainte-Croix.

Ce tableau d’Albert Fié, résistant de la compagnie Pons, est issu d’une série de près de 200 gouaches qu’il a réalisées à sa retraite.


Auteurs : Robert Serre

Contexte historique

Cinq jours après le sabotage de la voie et la destruction du train de permissionnaires allemands, le 27 décembre 1943, les Allemands étaient là pour les représailles : ils allaient rafler trois hommes pour chacun de leurs 19 morts, soit 57 hommes pris dans les quatre communes les plus proches : Barsac, Pontaix, Sainte-Croix et Vercheny.

Deux cents Allemands encerclent les quatre villages et rassemblent les hommes de 18 à 45 ans sur les places. Suivons le récit de l’un d’eux, Edmond Poulet : à 6 h du matin, lui et sa famille entendent de violents coups de pied contre leur porte d’entrée, dans le village de Pontaix. Ils se lèvent et, sans méfiance particulière, vont ouvrir. Edmond s’échappe par l’arrière, mais le village est cerné, il se fait prendre. Brutalisé violemment, il est ramené à la maison. Les Allemands lui ordonnent de s’habiller, de préparer un casse-croûte et de les suivre. Ils lui laissent le temps de se préparer et de manger. Puis ils l’emmènent jusqu’au pont métallique enjambant la route où un train est arrêté. Il monte dans un wagon où il trouve des gens de Sainte-Croix. D’autres hommes de Pontaix les rejoignent, en particulier le cousin d’Edmond, Armand Poulet, 17 ans, qui initialement n’avait pas été arrêté, mais qui commet l’imprudence de se mettre devant sa porte pour regarder partir ses amis et se trouve embarqué avec eux. Revenu tuberculeux, il mourra à Valence le 26 mai 1945, quelques jours après son retour. Le train démarre et va jusqu’à Vercheny où il charge d’autres hommes de cette commune et de celle de Barsac. Puis c’est le voyage direct jusqu’à Lyon. 

Les personnes arrêtées, bien que connaissant les auteurs du sabotage, refusent de parler alors que les Allemands promettent la libération aux dénonciateurs. Sur les 80 hommes ainsi attrapés, ils en sélectionnent 57 pour la déportation.

Après deux nuits et un jour dans les sous-sols de la Gestapo de Lyon (avenue Berthelot), émaillés d’interrogatoires sans brutalité et le passage au camp de transit de Royallieu à Compiègne, quelques-uns partent de Compiègne dès le 19 janvier, la plupart, le 22. Ils arrivent le 19 ou le 24 janvier 1944 à Buchenwald. Un mois après, les 22 et 24 février, quelques-uns sont transférés à Mauthausen, la majorité à Flossenbürg. Beaucoup iront au Kommando de Dora.

Trente-six ne devaient pas revenir ou allaient mourir immédiatement après leur libération. Leurs noms figurent sur les monuments des quatre communes.


Auteurs : Robert Serre
Sources : Archives Albert Fié. AN, B.C.R.A. 3AG2/478, 171 Mi 189. AN, 72 AJ 120 n°7. AN, F/1CIII/1152, rapport préfet. SHGN - rapport Cie Drôme R4. ADD, 97J 91, T9 J 3/5, T9 J 8/6. Archives SNCF. Vincent-Beaume & Serusclat. Fondation pour la mémoire de la déportation, le Livre-Mémorial des déportés de France arrêtés par mesure de répression et dans certains cas par mesure de persécution 1940-1945, Paris, éditions Tirésias, 2004. tome I, 1 446 pages, tome II, 1 406 pages, tome III, 1 406 pages, tome IV, 1 282 pages. Robert Serre, De la Drôme aux camps de la mort, les déportés politiques, résistants, otages, nés, résidant ou arrêtés dans la Drôme, éd. Peuple Libre / Notre Temps, avril 2006. Fédération des Unités combattantes de la Résistance et des F.F.I. de la Drôme, Pour l’amour de la France, Drôme-Vercors 1940-1944, édition Peuple Libre 1989. Pons Paul, De la Résistance à la Libération. La Picirella Joseph, Témoignages sur le Vercors. Burles …, La Résistance et les maquis en Drôme-Sud. Ladet René, Ils ont refusé de subir. Tillon Charles, Les F.T.P., Julliard, 1962. Veyer Jean, Souvenirs sur la Résistance dioise. P.Bolle, Die, histoire… Colloque les Protestants français pendant la Seconde Guerre mondiale. Martin Patrick, La Résistance dans le département de la Drôme, 1940-1944, thèse de doctorat de l’Université Paris IV Sorbonne, 2001.