Plaque en hommage au général Zdrojewski, dit "Daniel"

Légende :

Plaque en hommage au général Zdrojewski, dit "Daniel", chef militaire de la Résistance polonaise en France, située 25, rue de Richelieu, Paris Ier

Genre : Image

Type : Plaque

Producteur : Jérôme Galichon

Source : © Geneanet Droits réservés

Détails techniques :

Photographie numérique en couleur.

Lieu : France - Ile-de-France - Paris

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Contexte historique

Antoni Zdrojewski est né le 26 mars 1900 à Zdrojewo (Pologne sous domination allemande). Il effectue de brillantes études secondaires, puis choisit la carrière militaire. A l'école d'officiers, il est impressionné par la qualité des cours de tactique d'un officier instructeur : le capitaine Charles de Gaulle. Il sort avec le grade de lieutenant d'artillerie. En 1920, il combat dans la guerre russo-polonaise, sous les ordres de Sikorski, et est grièvement blessé au cours d'une bataille sur les bords de la Vistule. Depuis 1921 jusqu'à l'aube de la Deuxième Guerre mondiale, il sert dans l'armée polonaise dans diverses unités, puis est affecté en 1937, au poste de chef de la section des études à Varsovie. En septembre 1939, le commandant Zdrojewski participe à la défense de la Pologne envahie par les troupes de l'Allemagne nazie, puis par celles de la Russie soviétique. Sous la pression des envahisseurs, son unité se replie en Roumanie où elle est désarmée, puis internée. Antoni Zdrojewski rejoint ensuite la France pour s'engager dans les rangs de l'armée polonaise reconstituée en France par le général Sikorski. Sur place, il suit les cours d'officiers supérieurs d'artillerie au camp de Mailly (Marne). Il est affecté ensuite, à Parthenay (Deux-Sèvres), dans la 2ème division d'infanterie polonaise, comme commandant du 2e régiment d'artillerie légère. Il participe à la campagne de France au sein de la 2e DIP intégrée au 45e corps d'armée du général Daille, avec la mission de défendre la trouée de Belfort. Du 15 au 20 juin 1940, la division est en contact avec l'ennemi, et lui fait face dans des combats acharnés, mais se retrouve encerclée dans la boucle du Doubs et acculée à la frontière suisse. Lors des durs combats menés dans la région du plateau de Maiche, Zdrojewski est gravement blessé. Pour son action il est cité à l'ordre du corps d'armée, et la ville de Russey, reconnaissante, baptisa l'une de ses rues " Rue du général Daniel-Zdrojewski " le 13 octobre 1974. La Division polonaise est coupée de ses bases et se retrouve à court de munitions et de ravitaillement. Mais elle refuse de déposer les armes et d'être incluse dans les conditions d'armistice, alors elle passe la frontière suisse à la suite du 45e CA. Zdrojewski est interné en territoire helvétique, et après plusieurs mois de captivité, il reçoit l'ordre de Londres de regagner clandestinement la France pour rejoindre l'organisation du général Kleeberg en zone libre. Il tente alors, à deux reprises, de s'évader, mais il est repris, jugé et condamné pour évasion. Lors de sa tentative, il est arrêté par les services spéciaux helvétiques. Il est gravement blessé par les coups reçus et doit être hospitalisé durant trois mois. Il porte plainte pour coups et blessures et, en représailles, est accusé de viol sur une infirmière de l'hôpital. Accusation sans fondement car il est bientôt acquitté par la justice suisse. La troisième tentative est finalement la bonne. Il peut revenir en France, en mars 1941, clandestinement grâce au soutien du ministre plénipotentiaire polonais à Berne, Alexandre Lados, agissant sur ordre du général Sikorski. En France, Zdrojewski prend contact avec l'organisation clandestine du général Kleeberg, chef de l'organisation militaire, et se met à son service. Le colonel Jaklicz, adjoint du général Kleeberg, lui confie la direction des militaires polonais internés dans la région de Lyon. Sous cette couverture, il s'emploie à organiser une résistance dans les domaines de l'évacuation et de la réception de parachutages. Pour cela, il milite aussi dans le réseau polonais Nurmi du SOE britannique. Durant cette période de clandestinité, il noue des contacts fructueux avec de nombreux officiers de l'armée d'armistice : Henri Frenay, le commandant Lassalle, le capitaine de gendarmerie Flouquet et Abel Verdier, directeur du département consulaire au ministère des Affaires étrangères de Vichy. Après la chute du réseau Nurmi, Zdrojewski est compromis, puis arrêté à son tour le 8 août 1942, par la police de Vichy à Lyon. Mais il est assez rapidement remis en liberté grâce à la complicité de nombreux amis militaires, dont notamment le capitaine de gendarmerie Flouquet. Totalement " brûlé ", il décide alors de gagner l'Angleterre, et passe en Espagne. Mais il est arrêté à Figeras le 22 novembre 1942 et est interné au camp de Miranda de Ebro. Au bout de trois mois, il réussit à s'évader, puis à gagner Gibraltar, puis Londres, où il arrive en mars 1943.

 

Après s'être échappé du camp de Miranda de Ebro, Antoni arrive à Londres en mars 1943. Dans la perspective d'une mission spéciale, Antoni Zdrojewski est soumis à un entraînement intensif technique et physique. Il va devoir revenir en France en tant que Délégué du ministre polonais de la Défense Nationale et comme chef de la section militaire du réseau POW, commandée par Aleksander Kawalkowski, en charge de la mise en place du plan « Bardsea ». Dans la nuit du 22 au 23 juillet 1943, Antoni Zdrojewski est parachuté « en blind » aux environs de Beaulieu-sur-Dordogne. Il est accompagné dans sa mission par l'opérateur radio Antoine Pucilowski. Zdrojewski prend le pseudonyme de « colonel Daniel » et porte l'identité d'Antoine Kalinka, mécanicien et tailleur de diamants. Selon le règlement en vigueur dans l'Armée polonaise, il est aussitôt promu Lt-colonel, pour avoir été parachuté de nuit, et sans assistance au sol, dans un pays occupé par l'ennemi. Quelques jours plus tard, Zdrojewski est reçu à Grenoble par le colonel Jaklicz, chef de l'Organisation Militaire clandestine et de l'Evacuation, qui met à sa disposition trois de ses officiers, pour l'aider dans le montage immédiat de sa future organisation. Le cryptonyme de Monika-W est donné à sa section militaire de la POW. Il dispose de moyens de transmission, ainsi que d'un budget conséquent, et il est rattaché directement au général Kukiel, ministre de la Défense à Londres. Il implante son PC d'abord à Lyon puis à Paris, et conformément aux consignes reçues de Londres, établit de très nombreux liens avec la Résistance française, sans différenciation politique, car sa mission est de travailler « militaire » et de concert avec tous ceux qui se battent contre les Allemands. Ses contacts avec Kawalkowski sont difficiles, car ce dernier s'est opposé à son arrivée en France, et refuse qu'une partie de son organisation puisse lui échapper (Kawalkowski dépendait directement du ministre de l'Intérieur). De plus Kawalkowski dépend de Zdrojewski pour ses liaisons radio, et vit très mal le fait que Zdrojewski puisse être autonome financièrement. Cependant, Zdrojewski reconnaît la prééminence de Kawalkowski pour tout ce qui relève du politique sur l'ensemble du réseau ; en apparence seulement, car la règle de Kawalkowski est de se tenir à l'écart de la Résistance française et des organisations communistes. Pour la réception de son matériel de guerre, Zdrojewski organise dès la fin de l'année 1943 près de 60 cellules spécialisées dans la réception de parachutages. De très nombreuses caches de matériels sont organisées pour le stockage de plusieurs dizaines de tonnes d'armes et de munitions. Un service de logistique est mis en place pour le transport de ce stock vers le Nord de la France et les zones opérationnelles, dont Paris. Ceci est rendu possible grâce à un accord négocié avec un officier d'Etat-major des FTPF, permettant d'obtenir l'aval de la COMAC du CNR, pour le transport clandestin de son stock de matériel de guerre par le réseau Résistance-Fer. Au printemps de l'année 1944, Zdrojewski réussit à implanter son organisation dans sept régions de l'Hexagone, et à constituer 31 détachements de combat, représentant une force de près de 9 500 hommes. Tous les détachements polonais du « colonel Daniel », vont répondre présents à l'appel de l'insurrection nationale pour la libération de la France et de sa capitale. Le 28 mai 1944, le « colonel Daniel » signe un accord militaire avec Jacques Chaban-Delmas, Délégué Militaire Général des FFI. Par cet accord Zdrojewski réalise un acte politique de première importance. Constatant l'impasse des négociations menées entre Kawalkowski (Chef du POWN et Délégué du Gouvernement polonais) et le représentant du CNR, pour une reconnaissance du POWN comme Forces Militaires polonaises de la Résistance en France, il met alors, et de sa propre initiative, ses détachements polonais armés à la disposition de la France Combattante et du général de Gaulle. Zdrojewski met aussi en place une organisation qui diffuse une grande propagande en direction des Polonais engagés de force dans la Wehrmacht et dans l'Organisation Todt. Ces Polonais venaient des régions de la Poméranie et de la côte de la Baltique, annexées après l'agression de 1939 par l'Allemagne nazie. Ainsi 25.000 hommes rejoignirent les rangs de la Résistance polonaise organisée par le colonel Daniel-Zdrojewski. Après le Débarquement du 6 juin 1944, et à la demande des Britanniques (SHAEF), l'organisation d'Antoni Zdrojewski permet de découvrir 182 rampes de lancement des bombes volantes V1, dont Londres était la cible, et d'en détruire 162. Après la Libération, les relations entre le colonel Zdrojewski et le général Kukiel, ministre de la Défense Nationale, furent particulièrement difficiles. Daniel-Zdrojewski s'opposa notamment à ce que ses détachements FFI soient transférés en Angleterre pour être intégrés dans les Forces armées polonaises alliées. Pour le « colonel Daniel », les FFI polonais avaient maintenant leur avenir en France. Zdrojewski est promu colonel de l'Armée Polonaise. Puis, le 3 décembre 1944, il est autorisé à porter l'insigne des FFI par le Conseil National de la Résistance Commission Militaire (ex COMAC), au titre de Commandant en Chef des Forces Polonaises en France, avec le grade de général. Le 1er mars 1945, on cherche à faire venir le colonel Zdrojewski à Londres sous le prétexte d'une inscription à un cours de perfectionnement. Sentant le « piège », Zdrojewski refuse d'obtempérer, et de ce fait rompt ses relations avec les autorités du Gouvernement polonais de Londres. Continuant à affirmer son indépendance, Zdrojewski fonde en novembre 1945 l'Association ZUPRO, regroupant les anciens membres de l'organisation militaire de la POWN. Il est reconnu, le 28 janvier 1946, par le général Koenig comme « Liquidateur responsable » des Forces Militaires Polonaises de la Résistance de France auprès de la Commission française d'Homologation des FFCI. Antoni Zdrojewski épouse en 1951 Liliane Lefèvre, ancienne résistante et déportée. Le couple vit à Paris. Il est promu général de Brigade d'Artillerie par le Cercle d'Artillerie polonaise de Manchester le 5 juillet 1975. Dans les années 1975, Antoni Zdrojewski travaille avec des associations patriotiques de la Pologne populaire, afin de contribuer à une politique de rapprochement entre la France et la Pologne ; politique mise en œuvre par le Président Valéry Giscard d'Estaing. Antoni Zdrojewski « colonel Daniel » est Général de la Résistance.
Il décède à Paris le 12 mai 1989. Il repose au cimetière de Montmorency.

Antoni Zdrojewski est titulaire de nombreuses décorations dont notamment : Croix de Guerre 1939-1940 avec Etoile de Vermeil. Croix de Guerre 1939-1945 avec deux palmes. Chevalier de la Légion d'Honneur. Médaille de la Résistance avec rosette. Médaille des Evadés.


Jean Medrala, in DVD-ROM La Résistance polonaise en France, AERI, 2013.