La Résistance

L’annonce de la demande d’armistice du 17 juin 1940, faite par le maréchal Pétain, frappe de stupeur tous les responsables polonais, politiques et militaires, présents en France. Pour eux, cette demande d’armistice n’a aucun sens ; ils sont venus en France pour reconstituer leur légitimité nationale et leur armée, afin de continuer de se battre contre l’occupant allemand. Le général Sikorski refuse catégoriquement cette idée d’armistice car son objectif est de libérer la Pologne de l’occupation allemande. Il constate aussi qu’il n’a pas été informé de ce fait et que la France ne respecte pas les accords franco-polonais d’alliance du 4 septembre 1939. En effet, ces accords stipulent « de ne conclure d’Armistice ou de traité de paix que d’un commun accord ». Il n’obtempère pas alors aux ordres de l’état-major français de déposer les armes, constatant que ce dernier avait déjà englobé les forces polonaises dans cette capitulation.

Pour les Polonais, il est normal alors d’entrer en Résistance. Pour eux, en effet, qui avaient recouvré leur indépendance depuis 22 ans seulement, après que leur territoire eut été occupé durant 123 ans par trois puissances étrangères (la Prusse, la Russie, l’Autriche), la Résistance était, par atavisme, une attitude implicite. Wladyslaw Sikorski s’envole alors pour Londres, le 19 juin depuis Bordeaux, en vue d’y demander l’asile politique pour son Gouvernement et son armée et de confirmer son alliance avec l’Angleterre. Après avoir reçu l’accord de Winston Churchill, il passe l’ordre à ses unités de ne pas déposer les armes, de se dissoudre, puis de tenter, par petits groupes, de gagner les ports de l’Atlantique afin de s’embarquer vers l’Angleterre. Il revient ensuite à Bordeaux pour préparer cette évacuation avec l’appui de la marine britannique. Depuis Londres, le général Sikorski s’adresse, le 25 juin 1940, à la nation polonaise et à son armée par l’intermédiaire d’un message radio diffusé par la BBC. Il les informe de la continuité du Gouvernement polonais sur le sol britannique, et de sa volonté de continuer le combat jusqu’à la libération du pays. Il les incite aussi à le rejoindre ou à continuer la lutte sur place et clandestinement.

Auteur(s): Jean Medrala
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DVD-ROM La Résistance polonaise en France, AERI-SHLP, 2013

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Les organisations haut ▲

Dès 1940, des officiers polonais sont envoyés dans plusieurs pays occupés et notamment en France pour y organiser des réseaux de résistance. En France, le premier réseau appelé F2 est opérationnel dès septembre 1940 en zone libre, puis à partir de novembre 1940 en zone occupée. Ce réseau, qui compta jusqu’à 2.800 résistants est pérenne durant toute la période de l’Occupation. 

Pour soutenir son action et maintenir un sentiment patriotique élevé chez les Polonais de la diaspora de France, le Gouvernement polonais de Londres crée un mouvement de résistance appelé POWN. Celui-ci est mis en place dès 1941 en zone Sud puis à partir de la mi-1942 en zone Nord. 

En parallèle, depuis Paris, l’Internationale Communiste réactive clandestinement ses cellules de la MOI à partir de décembre 1940. A cette époque de la collusion germano-soviétique, ni l’occupation allemande, ni la collaboration ne sont spécifiquement dénoncées ni visées ; il s’agit d’abord de reconstruire l’organisation, en dénonçant « la guerre impérialiste ». Ces groupes communistes étrangers, et notamment ceux rattachés à la section polonaise de la MOI, entrent dans l’action armée contre l’occupant, à partir de juillet 1941. Ceci à la suite d’un appel à la guerre de partisans lancé par Joseph Staline après l’invasion de la Russie par l’Allemagne, qui interrompt ainsi la collaboration de Moscou avec Berlin. Les Polonais jouent un rôle important car souvent mieux préparés à rentrer dans la lutte armée que les militants communistes français. Dans le Nord-Pas-de-Calais principalement, les jeunes Polonais des groupes de la MOI font preuve d’un courage et d’un comportement exemplaire dans ce combat subversif. Ils subissent des pertes terribles et les premières organisations sont démantelées… Durant l’année 1942, la section polonaise de la MOI se développe dans l’ensemble des bassins miniers de la zone occupée et de la zone « Sud » ; sa branche armée s’intègre dans le mouvement des FTP pour former les FTP-MOI. Ils constituent des organisations purement polonaises et entreprennent de nombreuses actions de subversion et de sabotages durant les années 1943 et 1944. 

Au début de l’année 1944, alors que se généralisent les maquis, ces unités polonaises sont intégrées autoritairement dans les FTPF (car la libération du pays ne peut être entreprise que par des détachements nationaux…). Cependant, les cadres communistes polonais traînent des pieds à appliquer cette politique et s’efforcent de garder des unités de maquis autonomes. Ces unités participent avec brio aux combats de l’insurrection nationale dès l’annonce du Débarquement. Avec 5.125 combattants, les détachements polonais représentent 20,5% de l’effectif total des FTPF. Durant cette même période, les effectifs du POWN constituent également leurs détachements de combat. Le 28 mai 1944, les détachements du POWN militaire sont intégrés dans les FFI pour constituer la grande partie des Forces Militaires Polonaises de la Résistance en France ayant comme chef le colonel Zdrojewski, reconnu comme chef par le général Koenig. Dès le déclenchement de l’insurrection nationale, ces détachements s’engagent avec détermination dans tous les combats menés pour la libération de la France. Leurs actions s’étendent sur tout le territoire grâce à un effectif de 9.485 combattants sous les armes et sous ses propres drapeaux. 

Source(s) :

DVD-ROM La Résistance polonaise en France, AERI-SHLP, 2013 (livret pédagogique)

Le lycée polonais Cyprian Norwid haut ▲

Le lycée polonais Cyprian Norwid est créé à Paris en novembre 1939. Après l’armistice et l’occupation allemande, et pour assurer la pérennité de cette mission de formation des élites polonaises, le lycée est transféré à l’Hôtel du Parc à Villard de Lans près de Grenoble. Ceci est fait à l’initiative notamment de Zygmunt Zaleski, délégué en France du ministère polonais de l’Instruction publique. La continuité de l’enseignement est ainsi assurée à partir de 1940 et d’une façon pérenne jusqu’en 1946. Le nombre des élèves oscillant autour de 200 par année. Cet établissement proposait le programme polonais des écoles secondaires complété par des cours de langue et de littérature françaises. Le baccalauréat polonais attribué était reconnu équivalent au même diplôme français. Au printemps de l’année 1944, les élèves de Villard vont également participer aux combats du Vercors aux côtés des habitants du plateau.

Auteur(s) : Jean Medrala
Source(s) :

DVD-ROM La Résistance polonaise en France, AERI-SHLP, 2013