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Permis de visite aux noms de Marguerite et Jeanine Belloni

Légende :

Permis de visite délivrés à Marguerite et Jeanine Belloni pour rendre visite à Jean Belloni, incarcéré à Eysses.

Genre : Image

Type : Document administratif

Source : © Association généalogique des familles Bourrée et Lapeyre Droits réservés

Détails techniques :

Dimensions : 17 x 12 cm

Date document : 16 octobre 1943

Lieu : France - Nouvelle-Aquitaine (Aquitaine) - Lot-et-Garonne - Villeneuve-sur-Lot

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Analyse média

Ce permis de visite est un document officiel comme en témoigne le tampon « Circonscription pénitentiaire d’Eysses. Etat français » apposé à la fois sur la signature du directeur et sur la photo du mandant. Il s’agit ici d’une autorisation de visite délivrée le 16 octobre 1943 à Marguerite Belloni, épouse de Jean Belloni, incarcéré à Eysses. Au verso, est présenté le permis de visite délivré à leur fille, Jeanince. Ce document mentionne que les visites ne sont autorisées que les lundis et jeudis. Les traces de ruban adhésif montrent que le document a du être maintes fois déplié et replié et qu’il a fini par se déchirer sur les pliures.


Fabrice Bourrée

Contexte historique

Selon le règlement de la maison centrale d’Eysses établi le 20 octobre 1943, « les détenus peuvent être visités au parloir aux jours et heures fixés par le règlement. Les visiteurs devront au préalable avoir obtenu un permis délivré par le Directeur. La conversation ne doit porter que sur des questions d’ordre familial ». Avec l’arrivée massive des détenus politiques en octobre 1943 et devant les pressions quotidiennes exercées par ces 1200 résistants unis et organisés, le directeur, M. Lassalle consent à quelques libéralités sans toutefois accorder officiellement un régime politique aux résistants incarcérés. Le rapport de son successeur par intérim, M. Chartroule, effectué dès sa prise de fonction le 31 décembre 1943, résume les libéralités accordées. Il précise notamment que « M Lassalle ne se conformait pas aux instructions restrictives qu’il avait reçues en ce qui concerne la réception des colis par les détenus, leur correspondance et visites. » 

Dans ses mémoires, Jeanine Belloni évoque les visites rendues à son père à Eysses : 
"Le lendemain de leur arrivée, j'ai pu rendre visite à mon père. Nous pouvions lui porter à manger, il suffisait de remettre le panier au portier qui faisait le nécessaire. Ce portier sera amputé d'un bras, pendant la révolte. Je crois me souvenir que nous avions droit à une visite par semaine, le samedi et les jours de fête. Papa, qui était couturier a travaillé un peu dans un atelier, puis comme il souffrait des pieds, il est rentré à l'infirmerie le 28 octobre. Ce n'est pas tout de suite que nous avons pu voir Papa librement à l'infirmerie, pour le 1er novembre, nous l'avons vu, encore au parloir, derrière les grilles, c'est à dire, une grille devant nous, un petit couloir pour le gardien, une autre grille et Papa et les autres, car on est plusieurs, le temps est compté, et on ne s'entend pas, tout le monde parle fort et en même temps, c'est terrible, surtout que ce ne sont pas des voleurs, des assassins, mais des patriotes, des Français. Ensuite, nous avons pu voir Papa librement à l'infirmerie, un gardien nous accompagnait, on traversait la cour d'honneur, un bâtiment, la chapelle, une petite cour et l'infirmerie. Papa était dans une petite chambre cellule, qui restait ouverte sauf la nuit.

Lorsque que je rendais visite à Papa, avec Maman, les autres détenus venaient nous voir, nous disaient bonjour mais surtout nous remettaient des lettres pour leur famille, que nous devions mettre à la poste. Ils n'avaient pas le droit d'écrire tous les jours, juste un courrier de temps en temps, et il y avait la censure. Une fois j'ai eu particulièrement la frousse. Cette fois là, il y avait beaucoup de lettres et je n'avais pas eu le temps de les cacher sur moi, quand un gardien que nous ne connaissions pas, est venu se planter devant la porte de la cellule et m'a dit "les visites sont terminés". Cette fois là, j'étais seule, Maman n'était pas venue avec moi, je n'ai eu que le temps d'étaler mon manteau sur les lettres qui étaient sur le lit, et de m'asseoir dessus. J'ai pris tout mon temps, enfin un autre gardien que nous connaissions est arrivé et il a fait en sorte que le premier s'éloigne. J'ai eu vite fait de mettre les lettres sur moi et de partir, mais nous avions eu chaud Papa et moi. Heureusement nous n'étions pas fouillés à la sortie. Les gardiens regardaient seulement les sacs en entrant et en sortant. A chaque fois qu'il y avait une visite à l'infirmerie, ils étaient nombreux à nous confier leurs lettres."


Auteur : Fabrice Bourrée 

Sources : Archives AGFBL. Archines nationales (Fontainebleau), dossier personnel de M. Lassalle. Documentation Corinne Jaladieu.