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Extrait du carnet de détention de Jean Belloni - transfert de la prison de Tarbes à Eysses

Légende :

Durant sa détention à Toulouse, Tarbes puis Eysses, Jean Belloni relate ses journées dans un petit carnet. Les pages présentées ici concernant son transfert de la maison d'arrêt de Tarbes et la maison centrale d'Eysses le 15 octobre 1943.

Genre : Image

Type : Carnet

Source : © Association généalogique des familles Bourrée et Lapeyre Droits réservés

Détails techniques :

Dimensions : 16,5 x 10 cm

 

Date document : 15 octobre 1943

Lieu : France - Nouvelle-Aquitaine (Aquitaine) - Lot-et-Garonne - Villeneuve-sur-Lot

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Analyse média

Le carnet comporte environ 80 pages manuscrites. Commencé à la prison de Toulouse où Jean Belloni a été incarcéré du 15 septembre 1940 au 8 décembre 1941, l'essentiel du carnet a été rédigé à la prison de Tarbes où il séjourne de décembre 1941 jusqu'à son transfert à Eysses le 15 octobre 1943. Le carnet s'achève à la date du 3 novembre 1943. Outre ses occupations quotidiennes, Jean Belloni y décrit ses transferts de prison en prison, y dresse sa comptabilité (cantine) ou encore la liste précise et datée des lettres reçues de sa famille. 

Retranscription : 

"Vendredi 15 octobre : Ce matin départ 7 heures. Transférer à la centrale d’Eysses. On nous a averti hier a deux heures. Nous avons trinquer avec les amis et avec les gardiens toute la nuit. J’ai beaucoup de peine de quitter Tarbes. J’étais d’un coté très heureux d’aller chez moi car la au moins je pourrais voir ma femme et ma fille mais c’est de la centrale que nous avons peur. Donc ce matin 6h1/2 debout, les gendarmes, garde mobiles, sont déjà là. C’est vrai qu’ils étaient arriver depuis hier soir. Rassemblement dans le hall, menottes aux mains et fer aux pieds, bien entendu sauf pour moi. Avant de laisser cette prison, 25 voix communistes s’élèvent au chant de la Marseillaise, les gardiens se sont mis au garde a vous, et la police a la solde de Pétain et de Laval ne disait rien. Nous sommes monter dans la voiture cellulaire. Moi j’étais dans le couloir auprès des surveillants et nous sommes partis bien escortés. D’abord devant nous une camionette pleine de gardes, fusil, revolver, mitraillete devant et derriere, ensuite venait notre belle voiture, puis une autre comme la premiere avec deux mitrailleuses. Une seule voiture représentait les vrais français, c’est à dire nous les bagnards qui avons eu le courage de lutter pour chasser à la fois l’envahisseur et pour abattre le fascisme français. Il va sans dire que dans les rues de Tarbes et dans tous le parcours nous avons chanter et crier nos mots d’ordre. A Villeneuve la même chose. "


Fabrice Bourrée

Contexte historique

Jean Arthur Belloni est né à Monclar d’Agenais (Lot et Garonne) le 23 décembre 1896. Son père, Michel, est coiffeur et sa mère, Anne David, est tailleuse de robes. Il reprend le métier de sa mère et devient tailleur d’habits, d’abord chez Galinou puis chez Caminade, grand couturier de Villeneuve. Il n’est pas mobilisable en 1914 à cause d’une infirmité. Le 10 janvier 1920, il épouse Marguerite Varlot qui avait fui Amiens en 1917 à cause des bombardements. De leur union naît Jeannine le 30 avril 1926. Ils résident alors à Villeneuve-sur-Lot. Dans les années 1930, Jean Belloni est trésorier de la cellule communiste de Villeneuve-sur-Lot et de la société sportive « Avant garde Villeneuvoise ». 

Dès 1940, il s’engage dans la lutte clandestine en distribuant des exemplaires de l’Humanité. Le groupe de résistants auquel il appartient comprend son ami Gaston Cavaillé ainsi que Germain Marlas, Oswald Demeurs et Jean Delrieu. En mai 1941, suite à la diffusion d’un numéro de l’Humanité portant des accusations à l’encontre du commissaire de police de Villeneuve, une enquête judiciaire est ouverte. Le 15 juin 1941, à la suite d’une dénonciation, la gendarmerie de Villeneuve interpelle Jean Belloni et ses quatre camarades. Il comparaît le 21 juin 1941 devant le Tribunal de Première Instance d’Agen puis est incarcéré du 15 au 18 septembre 1941 à la prison de Toulouse. Il est présenté le 27 septembre devant le Tribunal militaire de Toulouse qui le condamne à cinq ans de travaux forcés le 6 novembre 1941 pour activité communiste. Il est ensuite transféré à la maison d’arrêt de Tarbes le 8 décembre 1942 puis à celle d’Eysses le 15 octobre 1943. Suite à l’insurrection des patriotes détenus dans cette centrale, il est livré avec les autres détenus aux autorités allemandes le 30 mai 1944. 

Jean Belloni est déporté le 20 juin 1944 au camp de concentration de Dachau sous le matricule 73070 ; il est affecté au commando des tailleurs. Il est rapatrié de ce camp le 17 mai 1945 mais décède des suites de sa déportation le 10 août 1947 à Amiens. La mention « Mort pour la France » a été inscrite en marge de son acte de décès le 11 avril 1949. Le titre de déporté résistant lui a été attribué à titre posthume par décision en date du 4 février 1986.

 

Fabrice Bourrée