Extrait du témoignage de Hervé Monjaret, parachuté avec Jean Moulin, janvier 1942

Légende :

Extrait du témoignage dʼHervé Monjaret, qui fut « parachuté avec Jean Moulin », dans la nuit du 1er au 2 janvier 1942, publié dans Miroir de lʼHistoire, n° 172, avril 1974, pages 429-432

Excerpt of Hervé Monjaret's Testimony who parachuted with Jean Moulin on the night of January 1st 1942 , as published in the Miroir de l'Histoire number 172 April, 1974 pages 429-432.

Type : Témoignage

Producteur : Miroir de lʼHistoire

Source :

Date document : Avril 1979

Lieu : France - Provence-Alpes-Côte-d'Azur - Bouches-du-Rhône - Eygalières

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Analyse média

Au début du mois de janvier 1942, Jean Moulin est de retour en France. Il a été parachuté dans les marais au pied des Alpilles, près de Mouriès, dans la nuit du 1er au 2 janvier, à 3 heures 30 du matin, avec un jeune officier, Raymond Fassin, dit "Sif", et l'opérateur radio Hervé Monjaret, dit "Sif W" ou encore "Frit". Il s'abrite pour une nuit dans son mazet de la Lèque à Eygalières, avant de rallier Saint-Andiol tandis que Raymond Fassin part pour Lyon. Jean Moulin rejoint ensuite sa soeur et sa mère à Montpellier, puis gagne Marseille.

In early January 1942, the former prefect, Jean Moulin returned to France. He had arrived via airdropping into the swamps at the base of the Alpilles, near Mouriès, during the night of January 1st at 3:30 in the morning, accompanied by the young officer Raymond Fassin (alias:Sif), and radio operator Hervé Monjaret (alias: Sif W/ Frit). They took shelter for the night in Moulin’s maset in the town of La Lèque in Eygalières, before Moulin continued on to Saint-Andiol and Fassin to Lyon. Jean Moulin then joined his mother and sister in Montpellier continuing on to Marseilles.


Robert Mencherini, Résistance et Occupation (1940-1944), Midi rouge, ombres et lumières, tome 3, paris, Syllepse, 2011, p.201-202.

Traduction : Sarah Buckowski.

Contexte historique

Cité par Henri Noguères, Monjaret déclare :

" Au moment d'arriver à cette bergerie [la Lèque], à environ deux kilomètres, nous nous sommes séparés pour traverser le village d'Eygalières. Jean Moulin est parti le premier. Nous étions convenus qu'aussitôt qu'il arriverait à une ligne de haute tension, le deuxième partirait. J'étais fatigué. Fassin est parti le rejoindre. Au moment où Fassin arrivait au poteau, j'ai voulu partir moi-même. A ce moment-là, des gendarmes sont arrivés, intrigués par la présence de ces trois hommes qui se séparaient tout d'un coup. Ils m'ont demandé mes papiers. Je les leur ai présentés. Bien entendu, ils étaient tout neufs mais ils avaient un fumet d'authenticité qui leur a convenu. Néanmoins, ces gendarmes étaient intrigués par nos attitudes. J'ai craint d'être suivi par eux. Aussi, au lieu de rejoindre mes camarades, j'ai attendu encore un moment. Au bout d'une demi-heure, trois quarts d'heure, j'ai pris la piste qu'ils avaient suivie, mais je ne les ai pas retrouvés. En désespoir de cause, et craignant de voir la nuit arriver, je susi allé à pied jusqu'à Plan-d'Orgon, où j'ai pris l'autocar en direction de Marseille. "

Cited by Henri Noguères, Monjaret says:

The moment we arrived in la Lèque, around two kilometers, we split up to pass through the village of Eygalières. Jean Moulin was the first to leave. We agreed that as soon as the first would come close to a high-tension line the second man would leave. I was tired. Fassin had left but returned. As soon as Fassin reached the high-tension line, I wanted to leave. It was in that moment that the police arrived, intrigued by the presence of these three men who had split up all of a sudden. They asked me for my papers. I showed them to the officers. Of course, they were brand new fake ones with a look that made them look genuine, which only helped in convincing them. However the officers were intrigued by our attitudes. I was afraid that they were going to follow me. Instead of rejoining my comrades I waited for a moment. After a half hour, 45 minutes, I took up the path upon which my comrades had taken but I did not find them. In desperation and fear that it would soon be night, I walked to the town of Plan-d'Orgon, where from there I took a bus to Marseilles.


Hervé Monjaret, cité par Henri Noguères, in Histoire de la Résistance en France, tome 3, Robert Laffont, Paris, 1982.

Traduction : Sarah Buckowski.