La famille Zay

Légende :

Jean et Jacqueline Zay avec leurs parents, Léon et Alice, sur un banc. Cette photographie a été prise en 1916 lors d'une permission de Léon Zay.

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Archives nationales, 667AP/134 (photo 35) Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc

Date document : 1916

Lieu : France - Centre - Val-de-Loire (Centre) - Loiret - Orléans

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Contexte historique

Les parents de Jean Zay forment un couple mixte, son père Léon étant issu d'une famille juive de Lorraine, sa mère Alice, née Chartrain, appartenant à une famille protestante et beauceronne. Léon Zay est né à Orléans en 1874 d'une lignée que l'on remonte jusqu'au XVIIe siècle. Léon devient rédacteur au Progrès du Loiret, fondé à Orléans, rue des Carmes, à deux pas de la place du Martroi, en 1898, en pleine affaire Dreyfus. Il en deviendra rédacteur en chef en 1906.
Cet homme chaleureux, profondément attachant par ses écrits comme par sa physionomie, est d'une nature énergique et positive : radical, anticlérical, il participe très tôt à la vie politique locale en entrant au comité radical d'Orléans, fonde avec son beau-frère la section orléanaise de la Ligue des droits de l'homme, puis devient apprenti à la loge Étienne Dolet d'Orléans, enfin secrétaire général du conseil des prud'hommes d'Orléans.

En 1902, il épouse Alice Chartrain, de cinq ans sa cadette, orléanaise, institutrice et musicienne. Les Chartrain sont des beaucerons protestants qui seront très présents autour de Jean Zay enfant. D'abord parce qu'il s'agit d'une famille nombreuse et unie, réunissant souvent les Maingourd, les Rigal, les Hartmann, et bientôt les Zay, dans sa maison orléanaise de l'Ermitage, située rue du Parc, dans le quartier nord du faubourg Bannier. Ensuite et surtout parce que, dès août 1914, Léon Zay est mobilisé comme simple soldat : durant plus de quatre ans Alice sera soutenue par ses parents, Paul et Léa Chartrain, qui l'aideront à élever ses deux enfants, Jean né en 1904, et Jacqueline née en 1905. Elle devra même reprendre son travail d'institutrice pour nourrir ses enfants.

Au début de l'été 1914, la grand-mère Chartrain demandera à tous ses petits-enfants d'écrire leur journal de vacances : c'est ainsi que Jean Zay, la guerre éclatant et son père parti au front, se fait grand reporter de guerre dans un journal dénommé Le Familier, écrit sur des cahiers d'écolier où fourmillent des reportages et des dessins parfaitement mis en page. A peine âgé de plus de dix ans, Jean Zay se révèle le fruit déjà épanoui d'un journaliste et d'une institutrice, maniant l'écrit, le style, l'analyse avec brio et drôlerie, peignant avec plaisir la ville d'Orléans loin du front, mais en réalité tapie d'inquiétude en l'absence de ses pères de famille et pleine de haine pour les Boches. 


Fonds Jean Zay, répertoire (667AP/1-667AP/150) par C. Piketty et E. Landgraf, Archives nationales, 2010