Affiche de propagande : Révolution nationale
Genre : Image
Type : Affiche
Source : © Archives nationales, 72AJ1070 Droits réservés
Détails techniques :
Affiche imprimée à Lyon
Date document : 1940
Lieu : France
Contexte historique
Le terme de Révolution nationale caractérise l’œuvre de réforme entreprise par les gouvernements du maréchal Pétain sous l’Occupation allemande. La formule est étrange dans la mesure où elle associe l’idée d’un changement brutal et celle d’une autorité respectueuse de la tradition. Elle exprime la volonté de synthèse entre l’ordre et le mouvement et appartient au vocabulaire des ligues d’extrême droite. L’Etat français se veut, dès sa fondation, non pas simplement gestionnaire d’une situation consécutive à la défaite mais fondateur d’un régime nouveau reposant sur une philosophie politique et sociale.
L’idéologie de la Révolution nationale est traditionaliste et réactionnaire ; ses racines se situent dans le catholicisme social du pape Léon XIII, dans le corporatisme de La Tour du Pin, dans le « solidarisme » des non-conformistes des années trente, dans la pensée de Charles Maurras. Les véritables responsables de la défaite sont la démocratie, la République, la gauche, le parlementarisme, le Front populaire, les étrangers, les juifs. Il faut reconstruire la France : « C’est à un redressement intellectuel et moral que d’abord je vous convie », déclare Pétain qui fustige « l’esprit de revendication » qui « l’a emporté sur l’esprit de sacrifice ». Le redressement de la France ne se fera qu’au prix de durs sacrifices. Cette idéologie traduit une morale de l’épreuve, de la rédemption par la souffrance, directement inspirée du catholicisme.
La devise de l’Etat français, Travail-Famille-Patrie, s’inspire de ces « valeurs » oubliées et avilies par la démocratie. Le travail, ce n’est pas celui des usines et de la modernité, mais celui des ateliers et de la terre. L’exploitation paysanne est exaltée comme un modèle social : « La terre, elle, ne ment pas » affirme Pétain, entre autres aphorismes. La famille trouve aussi son modèle dans la vie rurale ; la famille paysanne est censée être plus prolifique et à l’abri des perversions morales de la ville. La famille doit donner aux enfants les bases d’une éducation que l’Eglise et l’école poursuivront dans le même esprit moralisateur, une école épurée de ses mauvais éléments laïcs et républicains. La patrie, « valeur suprême », s’enracine dans la terre. Elle est assimilée avec le sol et s’incarne dans un homme : le maréchal Pétain. L’Eglise s’associe à cette œuvre de rédemption et soutient le régime. L’individu doit être inséré dans des « communautés naturelles ou morales » où il apprendra à respecter l’ordre « naturel » des choses, et d’abord l’autorité : celle du père, du maître d’école, du curé, du patron, du Chef de l’Etat.
Extrait de Joël Drogland, "La Révolution nationale : une idéologie traditionaliste et réactionnaire" in CD-ROM La Résistance dans l'Yonne, AERI, 2004