Tract trouvé le 11 novembre 1943 au dépôt SNCF d'Amiens
Légende :
A l'occasion du 11 novembre 1943, malgré l'interdiction formelle des autorités de Vichy, journaux clandestins et tracts tentèrent de mobiliser les Français pour faire de cette journée un événement patriotique. Ce tract édité par le Comité de front national des cheminots appelle ces derniers à cesser le travail de 11h à midi le 11 novembre 1943.
Genre : Image
Type : Tract
Source : © Centre d'archives historiques de la SNCF Droits réservés
Détails techniques :
Tract dactylographié
Date document : 11 novembre 1943
Lieu : France - Hauts-de-France (Picardie) - Somme - Amiens
Contexte historique
A l'occasion du 11 novembre 1943, alors que le Conseil national de la Résistance avait décidé de célébrer à sa façon le 25e anniversaire de l'armistice de 1918, les autorités occupantes et vichystes prononcèrent l'interdiction de toute célébration. Conscientes des opérations en préparation à Londres et sur le territoire national, elles se chargèrent de rappeler aux préfets que le 11 novembre n'était pas un jour chômé et que toutes manifestations, individuelles ou collectives, et attroupements sur la voie publique seraient interdits sous peine d'arrestation immédiate. Il leur appartenait donc de prendre les mesures de police nécessaires.
Malgré le dispositif prévu, les résistances, intérieure et extérieure, se coalisèrent pour faire de cet anniversaire un jour mémorable, une grandiose journée patriotique. En effet, les mesures prises n'empêchèrent pas les mouvements de résistance d'agir et de répandre le mot d'ordre. Dès la fin du mois d'octobre, des tracts, des papillons et des journaux clandestins apparurent en abondance. Sous la forme de documents généraux ou de papiers rédigés à l'attention de catégories précises de la société française, les tracts diffusaient tous le même message : le 11 novembre, cesser le travail à 11 heures (voire respecter une minute de silence) et défiler à 12 heures devant les monuments aux morts (Tombe du Soldat inconnu pour Paris et devant le monument des Mobiles à Marseille), fleurir ces lieux, arborer les couleurs nationales aux chants de la Marseillaise et du Chant du Départ.
Cette journée devait être, avant tout, marquée par l'hommage aux victimes et témoigner de la fierté nationale et de l'union patriotique face à l'ennemi. Des collectes devaient aussi permettre de venir en aide aux "familles des victimes de la répression nazie ou vichyssoise". La presse clandestine joua un grand rôle pour assurer la mobilisation des masses. Le journal Libération publia le texte du Conseil national de la Résistance dans son numéro du 26 octobre, L'Humanité et la Vie Ouvrière relayèrent le même message. Journaux et tracts tentèrent de mobiliser les français, également encouragés par une campagne radiophonique, certes un peu tardive. Faute d'avoir reçu à temps l'appel et les consignes du Conseil de la Résistance, la BBC n'avait pu diffuser intégralement l'appel lancé par le CNR. La radio de Londres disposa seulement de bribes de textes parvenus par télégrammes reproduisant les passages essentiels du texte complet. Finalement, la première semaine de novembre, dans un concert de voix, Alger, Brazzaville et la BBC s'engagèrent dans la campagne du 11 novembre, mais ce n'est que le 10 novembre, à 21h25, que Pierre-Olivier Lapie donna les consignes précises pour le 11 novembre 1943. En dépit des appels tardifs lancés par la radio de Londres, le 11 novembre 1943 fut marqué par de nombreuses manifestations de patriotisme, même si les autorités en France tentèrent de minimiser les effets de l'appel lancé par la dissidence.
Aurélie Luneau, Danielle Tartakowsky in DVD-ROM La Résistance en Ile-de-France, AERI, 2004