Les parachutages en Sologne
Légende :
Retranscription de télégrammes envoyés par "Antoine" alias Philippe de Vomécourt
Genre : Image
Type : Télégrammes
Source : © Archives nationales, 72 AJ 156 Droits réservés
Détails techniques :
Retranscriptions dactylographiées de télégrammes
Date document : Août 1944
Lieu : France - Centre - Val-de-Loire (Centre) - Loir-et-Cher
Analyse média
Au recto, retranscription du télégrame d' "Antoine" transmis le 11 août 1944 demandant des parachutages d'hommes et d'armes sur le terrain "Lotte" près de Salbris et sur le terrain "Framboise".
Au verso, retranscription du télégrame d' "Antoine" transmis le 17 août 1944 confirmant la réception de 34 containers sur le terrain "Nectarine". Il sollicite également le parachutage d'hommes pour le maquis et confirme qu'il est prêt à recevoir l' "officier commandant du SAS".
Fabrice Bourrée
Contexte historique
Philippe de Vomécourt, plus connu sous le pseudonyme de Saint-Paul, installa son PC à Salbris chez Antoine Vincent, garagiste, le premier Français qui le seconda. Celui-ci vint trouver Marcel Matron à Saint-Viâtre, au début d'avril 1944 et lui proposa d'entrer en contact avec un Canadien qu'il cachait. Son invitation ayant été acceptée avec enthousiasme, Antoine Vincent conduisit à Saint-Viâtre Saint-Paul qui promit à Marcel Matron des parachutages immédiats d'armes, à condition de disposer de terrains appopriés. Marcel Matron lui désigna aussitôt le terrain de M. Garnon, et celui de Rennetour. Les parachutages commencèrent les jours suivants avec l'indicatif « Lina est une femme charmante », qui annonça le premier parachutage en Sologne ; puis... « Paul joue de l'accordéon » ; « Pataud est un bon chien » ; « Saint Philippe renie Philippe Pétain ». Grâce à Saint-Paul, la Résistance en Sologne étant armée pouvait désormais passer aux actes.
Saint-Paul, toujours désireux d’étendre son rayon d’influence, demanda à entrer en relations avec les chefs de Marcel Matron. Un rendez-vous fut pris pour le surlendemain à la Villa des Pins, à Yvoy-le-Marron chez le lieutenant-colonel Vésine de la Rüe (dit colonel Dufour, l'un des fondateurs des Volontaires Paysans et Ouvriers). Saint-Paul, qui fit le voyage à bicyclette avec Antoine Vincent et Marcel Matron, rencontra le colonel Dufour et le colonel Marc (O'Neil), délégué militaire régional, ainsi qu'une quinzaine d'autres représentants de la Résistance et leur fut présenté par Marcel Matron et Antoine Vincent. On élabora des projets, mais on se heurta à un obstacle qui paraissait insurmontable : la pénurie presque totale d'armes. Marc, le délégué militaire régional, et Saint-Paul se heurtèrent vivement sur cette question, mais Saint-Paul, avec son esprit pratique s'imposa à l'assistance et promit du matériel de guerre en quantité invraisemblable. L'espoir renaît donc chez les résistants, les cartes sont déployées sur la table ; on pointe les terrains de parachutage, dont cinq réclamés de toute urgence par Saint-Paul sont déjà aménagés. Les chefs qui avaient été si souvent déçus par les promesses de parachutages, et l'annonce de distributions d'armes, n'osaient croire que cette fois la Résistance serait armée pour les opérations de la Libération ; mais 48 heures après la réunion, le capitaine Marcel Matron recevait les premiers parachutages.
De mai à août 1944, des opérations de parachutages se déroulèrent pendant presque toutes les nuits de pleine lune. Philippe de Vomécourt avait fait aménager cinq terrains et chacun d'eux recevait la visite de deux ou trois avions successifs.
Selon E.G. Boxshall, Philippe de Vomécourt a reçu 65 parachutages entre mai et septembre 1944 :
Mois | Opérations | Containers | Colis |
Mai | 12 | 125 | 59 |
Juin | 6 | 90 | 32 |
Juillet | 26 | 525 | 201 |
Août | 14 | 327 | 128 |
Septembre | 7 | 266 | 116 |
Total | 65 | 1333 | 536 |
Paul Guillaume, La Résistance en Sologne, J. Loddé, 1946, pages 38-41
Phillipe de Vomécourt, Les artisans de la Liberté, PAC, 1975
Archives nationales, 72 AJ 111 : "Les parachutages", extrait du mémoire de fin d'études d'Alain Rafesthain, "Le combat de Souesmes, 17 juin 1944".
E.G. Boxshall, Chronology of SOE operations with the resistance in France during world war II, Décembre 1960