Première parution de Dernière heure, 11 novembre 1944
Légende :
Éditorial de Dernière heure, édition du soir du Méridional, 11 novembre 1944 - date de sa toute première parution légale
Genre : Image
Type : Article de presse
Source : © AD des Bouches-du-Rhône Droits réservés
Détails techniques :
Document imprimé sur papier journal.
Date document : 11 novembre 1944
Lieu : France - Provence-Alpes-Côte-d'Azur - Bouches-du-Rhône - Marseille
Analyse média
Le 11 novembre 1944, le premier numéro de l'édition vespérale du Méridional paraît sous le titre Dernière Heure. Le bandeau porte le numéro 2. Un numéro unique portant ce titre avait été imprimé le 2 septembre 1944 sur les rotatives du Petit Marseillais, mais immédiatement interdit de parution et de vente par le commissaire régional de la République. Lorsque Dernière Heure paraît le 11 novembre, il n'est plus indépendant, mais lié au Méridional, qui en fait son quotidien du soir.
L'essentiel de la une du journal est consacré à la commémoration parisienne du 11-Novembre. La manchette met en valeur la présence des Premier ministre et ministre des Affaires étrangères britanniques. Le lien entre le premier conflit mondial et celui en cours est établi : Britanniques et Français sont alliés comme par le passé, et la défaite allemande de 1918 préfigure celle à venir.
Le reste de la une informe de la situation militaire sur les fronts de l'Ouest et de l'Est.
Dans un encadré, la rédaction explique la renaissance de Dernière Heure.
Le premier paragraphe rappelle les liens entre Dernière Heure et Le Méridional. Dernière Heure est le troisième quotidien du soir ; il rejoint Midi-Soir, édition vespérale de La Marseillaise et Le Soir, qui joue le même rôle pour Le Provençal.
Le deuxième paragraphe présente, de façon très allusive et avec une certaine amertume, l'itinéraire du journal : « Après être sortie une fois pendant les jours héroïques, où les journaux se passaient de permission, Dernière heure fut ce jour-là saisie en cours de tirage sur les rotatives. »
Une première tentative de parution avait été tentée, en effet, dès le 2 septembre 1944, juste après la libération de Marseille. C'était le fait de l'équipe provençale de Témoignage chrétien. Le numéro était imprimé sur les presses du Petit Marseillais, saisies par un groupe de FTP et de membres des milices patriotiques. Une partie des cinq mille numéros avait été distribuée par des membres de la JOC (Jeunesse Ouvrière Chrétienne) et du Mouvement populaire des familles. Mais le commissaire régional de la République par intérim, Pierre Tissier, interdit la vente et la parution du titre. L'équipe de rédaction réunissant Alexandre Chazeaux, Elie Pardigon et André Denis, présente le 4 septembre 1944 une demande d'autorisation de parution pour deux publications. Dernière Heure devient alors un quotidien du soir, tandis que le quotidien du matin prend le nom de Méridional. L'autorisation du comité régional de la Presse (CRPI) est accordée le 9 septembre 1944. Le premier numéro du Méridional paraît le 11 septembre 1944, mais il faut attendre deux mois pour que Dernière Heure soit à nouveau proposée aux lecteurs marseillais.
Le journal insiste sur la modestie des moyens dont le groupe dispose et proclame son indépendance, allusion détournée à ses concurrents tels Le Provençal, La Marseillaise et Rouge-Midi, qui bénéficient du matériel des deux quotidiens les plus importants d'avant-guerre, Le Petit Provençal et Le Petit Marseillais, et ne cachent pas leurs affinités politiques. Pourtant, dans les semaines qui suivent cette profession de foi, deux dirigeants du groupe, Alexandre Chazeaux et Raymond Cayol, participent à Paris au congrès constitutif du Mouvement républicain populaire.
Comme le conclut l'article, Dernière Heure n'est pas neutre ; elle représente le courant chrétien de la Résistance, soucieux de peser dans les débats, mais son indépendance vis-à-vis d'une quelconque formation politique n'est pas totale. En juillet 1945, le tirage du quotidien atteint 20 000 exemplaires.
Sylvie Orsoni
Contexte historique
Lorsque Dernière Heure reprend sa parution, le 11 novembre 1944, le paysage de la presse marseillaise est fixé depuis septembre 1944. L'ordonnance du 22 juin 1944 avait interdit les journaux qui avaient continué à paraître pendant l'Occupation. Le CDL (Comité départemental de Libération) d'abord, puis le comité régional de la Presse et le commissaire régional de la République accordaient les autorisations de parution. La population marseillaise n'est plus à l'affût de nouveaux journaux. Ses soucis sont d'abord liés au ravitaillement qui parvient très difficilement, à la poursuite des combats et au sort des absents, prisonniers de guerre et déportés. Le territoire national est presqu'entièrement libéré, mais l'armée du général Patton n'a pas encore atteint le Rhin et Strasbourg alors que les troupes soviétiques progressent dans les Balkans. Dans le Pacifique, les Américains ont repris les Philippines, sans entamer la volonté du Japon de poursuivre le combat.
Auteur : Sylvie Orsoni
Sources :
Robert Mencherini, La Libération et les années tricolores (1944-1947). Midi Rouge, ombres et lumières, tome 4. Paris, Syllepse, 2014.
La renaissance de la presse à la Libération, Agence France-presse, BNF.
Patrick Eveno, La presse en France depuis la Libération, La presse à la Une, BNF.