Une du Soir, 11-12 février 1945
Légende :
Une du supplément vespéral du Provençal, intitulé Le Soir, 11-12 février 1945
Genre : Image
Type : Journal
Source : © AD des Bouches-du-Rhône - PHI 422-1 Droits réservés
Détails techniques :
Document imprimé sur papier journal.
Date document : 11 et 12 février 1945
Lieu : France - Provence-Alpes-Côte-d'Azur - Bouches-du-Rhône - Marseille
Analyse média
Le Soir est l'édition vespérale du Provençal. La une du numéro 124 se partage entre nouvelles internationales, en particulier militaires, et informations locales. La mise en page très serrée de la manchette met particulièrement en valeur la commémoration du 12 février 1934. Le titre en gras et la photo qui l'illustre mettent l'accent sur l'union des partis de gauche et de la CGT dans la commémoration de la manifestation qui s'était tenue à Marseille le 12 février 1934, en réponse à la manifestation parisienne du 6 février. Entre vingt-cinq et trente mille personnes avaient alors défilé sur la Canebière. Des affrontements violents entre manifestants, contre-manifestants et forces de l'ordre s'étaient soldés par un mort et de nombreux blessés. Après les années de division qui avaient opposé socialistes et communistes, cette manifestation unitaire était le symbole de la volonté nouvelle d'action commune qui déboucha sur le Front populaire. L'article fait le lien entre la foule qui manifesta dans l'unité contre le fascisme en 1934 et celle de février 1945, qui rassemble partis de gauche, mouvements de résistance et l'organisation départementale de la CGT, l'UD. La photo principale montre la banderole unitaire qui ouvre le défilé. Le seul orateur dont la photo illustre les prises de parole est Gaston Defferre, président de la délégation municipale de Marseille et dirigeant socialiste. Le Provençal et son édition du soir sont en effet liés au Parti socialiste.
Deux autres articles également illustrés sont consacrés à la vie locale. Le procès d'Albert Mathieu et Eugène Pannebeuf, qui s'ouvre le 11 février, amène devant la cour de justice l'intendant de police de Marseille, Albert Mathieu et son adjoint, l'ancien chef de la Milice lyonnaise, Eugène Pannebeuf, chargé par Joseph Darnand d'épauler Albert Mathieu en mars 1944. Ce procès est celui de la police de Vichy.
Le Soir tire à 36 000 exemplaires en juillet 1945, ce qui le place en tête des éditions vespérales des quotidiens marseillais.
Sylvie Orsoni
Contexte historique
En février 1945, une page de la Libération s'est tournée. Le général de Gaulle, président du gouvernement provisoire, a remplacé au poste de commissaire régional de la République Raymond Aubrac, jugé trop proche des communistes, par Paul Haag, ancien préfet de Seine-Inférieure, avec pour mission de reprendre en main la région. Le Parti communiste, lors de la réunion de son comité central à Ivry, du 21 au 23 janvier 1945, a réaffirmé la stratégie d'union résumée par le slogan : « Tout pour le Front. S'unir, Travailler, Combattre ». La commémoration du 12 février 1934 est un grand moment d'unité qui ne doit pas cacher que les partis politiques se préparent, dans la concurrence, aux échéances électorales du printemps et que les mouvements de résistance s'interrogent sur la place qu'ils peuvent occuper sur l'échiquier politique, terrain qui ne leur est pas familier.
Le Soir privilégie dans son iconographie Gaston Defferre, président socialiste de la délégation municipale.
Auteur : Sylvie Orsoni
Sources :
Robert Mencherini, Les années de crise, 1930-1940. Midi rouge, ombres et lumières, Tome 1, Paris, Syllepse, 2004.
Robert Mencherini, Résistance et Occupation (1940-1944). Midi rouge, ombres et lumières, tome 3, Paris, Syllepse, 2011.
Robert Mencherini, La Libération et les années tricolores (1944-47). Midi rouge, ombres et lumières, tome 4, Paris, Syllepse, 2014.