Appel du Comité des Femmes de France de Marseille, 4 septembre 1944

Légende :

Note des Renseignements généraux sur la propagande du Comité des Femmes de France de Marseille, 4 septembre 1944

Genre : Image

Type : Note des Renseignements Généraux

Source : © AD des Bouches-du-Rhône - 149 W 128 Droits réservés

Détails techniques :

Document dactylographié d'une page.

Date document : 4 septembre 1944

Lieu : France - Provence-Alpes-Côte-d'Azur - Bouches-du-Rhône - Marseille

Ajouter au bloc-notes

Analyse média

Les renseignements généraux de Marseille adressent au commissariat régional de la République une note d'information sur un tract, distribué le 2 septembre 1944 par le Comité des Femmes de France. Le Comité des Femmes de France est l'émanation d'organisations féminines créées par le Parti communiste. En 1936, le mouvement des Jeunesses communistes créée l'Union des jeunes filles de France, dirigée par Danielle Casanova. L'organisation est dissoute après le Pacte germano-soviétique, mais les militantes de l'UJFF poursuivent clandestinement l'action, en particulier pour aider les familles d'internés politiques. Dès octobre 1940, Danielle Casanova réactive les Comités de Femmes contre la guerre et le fascisme, créés en 1934. Ils deviennent les comités féminins de résistance qui publient clandestinement dans la région Femmes de Provence et Femmes françaises. À la Libération, ces comités sortent de la clandestinité. Le comité local des Femmes de France s'installe sur la Canebière.

Le tract diffusé le 2 septembre 1944 s'adresse à toutes les femmes de la ville et de la région. Après avoir salué l'engagement des femmes dans les combats de la libération, le texte concentre son propos sur la nécessité de poursuivre le combat jusqu'à la libération totale du pays. L'union de la résistance est présentée comme une vérité incontestable : « HIER, nous étions UNIES pour secouer le joug ; AUJOURD'HUI, plus nombreuses encore, nous nous retrouverons pour hâter, DEMAIN, un avenir heureux. » L'adhésion au Comité des Femmes de France devient la continuité logique de la lutte contre Vichy et l'occupant nazi. Les Femmes de France présentent leur action en termes très généraux (« avenir heureux »), se définissent comme des « Patriotes vaillantes », sans aucune référence partisane. Les Femmes de France poursuivent l'action engagée dans la résistance pour organiser les Françaises. L’enjeu est d'autant plus important que les femmes sont devenues des citoyennes à part entière et que les organisations catholiques ont été très actives sous Vichy.


Sylvie Orsini

Contexte historique

Les combats pour la libération de Marseille prennent fin le 29 août 1944. Le jeudi 24 août, Rouge-Midi, journal du Parti communist, publie un appel des Femmes de France rendant hommage  aux résistantes. La référence au Parti communiste est sans ambiguïté : dans le choix des héroïnes célébrées, Danielle Casanova, Marie-Claude Vaillant-Couturier et Josette Billoux, toutes communistes, et dans l'appel à adhérer au PCF. Dans le tract intercepté par les renseignements généraux, toute référence au Parti communiste disparaît. Il s'agit de rassembler le plus grand nombre de femmes possible dans une organisation liée au PCF mais qui en semble indépendante.
Des Comités de Femmes de France se créent dans toute la région et développent une action caritative en direction des plus pauvres, propre à attirer les femmes. Les Femmes de France entendent concurrencer des organisations féminines catholiques comme l'Union Féminine Civique et Sociale sur leur terrain traditionnel. Ce positionnement au-dessus des partis, mais ancré dans la résistance, permet à Mireille Dumont, membre du Parti communiste depuis 1936, présidente des Femmes de France pour les Bouches-du-Rhône de réclamer et d'obtenir un siège pour son organisation au CDL.


Auteur : Sylvie Orsini

Sources :

Robert Mencherini, La Libération et les années tricolores (1944-1947). Midi rouge, ombres et lumières, tome 4, Paris, Syllepse, 2014.

Sandra Fayolle, « Réagir aux premiers votes des femmes. Le cas du Parti communiste français », Cahiers d'histoire. Revue d'histoire critique n° 94-95, Paris, 2005, pp. 223-239.