Instructions de la SFIO à ses sections féminines, 23 juillet 1945

Légende :

Bilan de quinzaine adressé par le commissaire divisionnaire de Renseignements généraux des Bouches-du-Rhône au chef du service régional des RG, 23 juillet 1945

Genre : Image

Type : Note de synthèse

Source : © AD des Bouches-du-Rhône - 149 W 97 Droits réservés

Détails techniques :

Document dactylographié sur papier pelure.

Date document : 23 juillet 1945

Lieu : France - Provence-Alpes-Côte-d'Azur - Bouches-du-Rhône - Marseille

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Analyse média

En page 2 de sa note de synthèse, le commissaire divisionnaire des renseignements généraux des Bouches-du-Rhône informe son supérieur régional de l'activité des différents partis politiques. L'extrait cite une partie des instructions adressées par la SFIO à ses sections féminines.

Les prescriptions du parti sont multiples et obligent la militante à l'exemplarité dans sa vie professionnelle, comme dans son activité militante. Les qualités humaines sont requises : « Toute militante du Parti socialiste doit apparaître aux yeux de tous comme une femme dévouée à la défense des intérêts immédiats de la classe ouvrière... Elle doit conquérir la confiance et l'estime de tous. » La militante doit s'impliquer dans les luttes, en particulier les grèves, mais ne pas se limiter à des tâches pratiques. Elle doit également témoigner de qualités intellectuelles pour traduire dans son activité publique les directives du parti : « La militante applique à la vie courante les idées directrices de son parti. Pour cela, il faut qu'elle connaisse à fond son programme et s'en inspire constamment. » Par ces instructions, la SFIO essaie de rivaliser avec le Parti communiste, qui dispose d'organisations féminines internes ou liées au parti comme l'Union des Femmes françaises, très efficaces sur le terrain. La SFIO essaie de développer une activité analogue. Cependant, les exigences nombreuses que le parti développe en direction de ses militantes ne sont pas proportionnelles à la place qu'il leur laisse dans les instances de pouvoir.


Sylvie Orsoni

Contexte historique

Les élections municipales d'avril 1945, les premières depuis six ans, ont vu une forte poussée des partis de gauche. La liste du rassemblement démocratique triomphe à Marseille. Le socialiste Gaston Defferre est élu à l'unanimité président de la délégation municipale et le communiste Jean Cristofol en devient le vice-président. Le Parti communiste qui, avant-guerre, ne dirigeait que trois communes, est à l'issue des élections municipales à la tête de vingt-trois municipalités, et associé avec les socialistes dans vingt-quatre autres. Bien que les socialistes aient obtenu quarante-trois mairies au lieu de trente-et-une avant-guerre, ils se sentent menacés par l'essor du Parti communiste. Les élections cantonales prévues en septembre 1945 entraînent une forte mobilisation des deux partis. La SFIO a créé en 1931 un Comité des femmes socialistes. Elle peut compter sur des militantes résistantes, comme Irène Laure, mais ne créée pas d'organisations féminines capables de rivaliser avec l'Union des Femmes françaises, liée au Parti communiste par ses dirigeantes, mais qui apparaît avant tout comme l'organisation des femmes résistantes. La commission féminine de la SFIO n'est pas un lieu de pouvoir et a très peu de poids dans les décisions du Parti. La conception que le Parti se fait de la répartition des rôles masculin et féminin est très peu novatrice. En mars 1947, dans la Revue de la Femme socialiste, Guy Mollet confiait aux militantes la tâche de s'occuper de problèmes « spécifiquement féminins, comme ceux que posent dans notre société la maternité, l'enfance, l'assistance. »


Auteur : Sylvie Orsoni

Sources :

Robert Mencherini, La Libération et les années tricolores (1944-1947). Midi rouge, ombres et lumières, tome 4, Paris, Syllepse, 2014.    

William Gueraiche, Les femmes et la République, essai sur la répartition du pouvoir de 1943 à 1979, Paris, Editions de l'Atelier, 1999.