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Croix de la Libération

Légende :

Croix de la Libération attribuée à Léon Bouvier. Grièvement blessé le 8 juin 1942, Léon Bouvier est amputé du bras droit sur le champ de bataille. Après un long périple de rapatriement via Le Caire et Alexandrie, il effectue sa convalescence à l'hôpital militaire français de Beyrouth, où il est fait Compagnon de la Libération par le général de Gaulle. La décoration qui lui est remise est le premier modèle de la croix de la Libération à bandes noires placées en diagonale. Il faut également souligner que ce modèle comporte un système d'attache de type britannique. 

Genre : Image

Type : Médaille

Source : © Musée de l’Ordre de la Libération Droits réservés

Détails techniques :

Médaille en bronze

Date document : 1942

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Analyse média

L'insigne de l'Ordre, la Croix de la Libération, est conçu alors que les textes définitifs de l'ordonnance sont en cours de rédaction. Le projet est réalisé par le capitaine des Forces françaises libres Tony Mella et la maquette est exécutée par la succursale londonienne du joaillier Cartier. Ses caractéristiques sont fixées par le décret du 29 janvier 1941 qui règle l'organisation de l'Ordre. Celui-ci ne comportant qu'un seul et unique grade, il n'y a qu'un seul type de Croix de la Libération. 

La Croix est très sobre. C'est un écu de bronze poli rectangulaire de 33 mm de haut sur 30 mm de large, portant un glaive de 60 mm de haut sur 7 mm de large, dépassant en haut et en bas, surchargé d'une croix de Lorraine noire. Il y eut cependant des modèles de Croix de la Libération sensiblement différents.

Les couleurs du ruban ont été choisies de façon symbolique : le noir, exprimant le deuil de la France opprimée par les envahisseurs, le vert, exprimant l'espérance de la Patrie. Il y eut deux modèles de ruban, le premier, à bandes noires placées en diagonale, à l'anglaise, fut décerné jusqu'en août-septembre 1942. Il fut remplacé ensuite par le ruban définitif à bandes verticales.

Au revers de l'écu, est inscrite en exergue la devise « PATRIAM SERVANDO - VICTORIAM TULIT » (« En servant la Patrie, il a remporté la Victoire »).

Les premières croix furent fabriquées par la maison John Pinches à Londres. Depuis la libération, leur réalisation est assurée par la Monnaie de Paris.


Contexte historique

Léon Bouvier est né le 28 septembre 1923 à Vienne en Autriche, de parents polonais. A l'âge de 10 ans, il demande à ses parents de l'envoyer étudier à Paris. Il entre au lycée Michelet à Vanves comme pensionnaire de l'état français. A l'été 1939, il apprend le décès de sa mère et rejoint son père à Varsovie où il assiste à l'invasion allemande et au bombardement de la ville. Il quitte alors Varsovie et, après un long périple, se réfugie à Lvov, en territoire annexé par l'armée soviétique en vertu du pacte germano-soviétique. Sans moyens et ne parlant pas le russe, il passe le rude hiver 39/40 en vendant des journaux soviétiques dans la rue.

Au printemps 1940, grâce à l'intervention du Consulat de France à Moscou, il obtient des papiers lui permettant de quitter la zone soviétique. Il part alors vers la Roumanie où il arrive pour apprendre l'invasion de la France et la signature d'un armistice par le nouveau gouvernement du maréchal Pétain. Il décide alors de ne pas rentrer en France comme le lui proposaient les autorités consulaires françaises de Bucarest, mais de rejoindre par ses propres moyens les unités combattantes de la France libre en voie de constitution au Proche-Orient. Après un long voyage qui le mène, avec l'aide des autorités diplomatiques britanniques, à Istanbul puis à Haïfa, il arrive enfin à Ismaïlia, en Egypte, où il s'engage dans la France libre, au 1er Bataillon d'infanterie de marine (1er BIM). Il a alors 16 ans et cache donc ses papiers pour prétendre qu'il en a 18. Il est envoyé au front comme chauffeur lors la première attaque britannique en Libye sous le commandement du général Wavell.

De retour en Egypte, il est placé sous les ordres du commandant Pierre de Chevigné. Ce dernier, devinant l'âge de Léon Bouvier, refuse de l'emmener en Erythrée et l'envoie, dans l'hiver 1940-1941, au lycée français du Caire pour passer le baccalauréat. Jeune bachelier, Léon Bouvier rejoint les Forces françaises libres au printemps 1941 et prend part à la campagne de Syrie. Affecté au Bataillon du Pacifique (BP 1) en septembre 1941, il est d'abord secrétaire à l'Etat-major divisionnaire mais demande bientôt une affectation plus active et est alors versé comme chauffeur à la 101e Compagnie auto en décembre suivant. Parti pour la Libye avec la 1ère Brigade du général Koenig, le soldat de 2e classe Bouvier est engagé dans les convois de ravitaillement nocturne en munitions des forces françaises assiégées à Bir-Hakeim. Le 8 juin 1942 lors d'un convoi, alors qu'il se précipite pour éteindre l'incendie de son camion provoqué par le bombardement d'un avion allemand, il est grièvement blessé et est amputé du bras droit sur le champ de bataille. Après un long périple de rapatriement via Le Caire et Alexandrie, il effectue sa convalescence à l'hôpital militaire français de Beyrouth, où il est fait Compagnon de la Libération par le général de Gaulle.

Il embarque à Damas pour l'Angleterre à la veille de Noël 1942 et est affecté comme caporal au Commissariat national à la Guerre ; nommé adjudant le 1er mai 1943, il entre à la même date à l'école des Cadets de la France libre d'où il sort aspirant dans la promotion Corse et Savoie en décembre 1943. En avril 1944, Léon Bouvier est affecté à la Mission militaire de liaison administrative (MMLA) et participe ensuite à la campagne de France comme attaché au colonel de Chevigné ; il assiste à la libération de Paris, Metz puis Strasbourg avant d'être détaché en février 1945 au ministère des Affaires étrangères.

Promu lieutenant, il est démobilisé en janvier 1946 et part effectuer des études à Montréal avant de rentrer en France où il passe avec succès le concours d'entrée au Ministère des Affaires étrangères. Il entame alors une longue carrière diplomatique qui le conduira à représenter la France dans de nombreux pays. Il exerce notamment les fonctions de Premier secrétaire d'Ambassade à Stockholm en 1962, de Conseiller économique à Berlin en 1965. Après avoir été élève à l'IHEDN et détaché au cabinet du président de l'Assemblée nationale, il est envoyé en 1972 comme consul général à Francfort sur le Main. Il est ensuite nommé Ambassadeur au Paraguay en 1977, Ambassadeur au Chili en 1981 puis au Danemark en 1985. Il est élevé à la dignité d'Ambassadeur de France en 1987 avant de prendre sa retraite l'année suivante. Il était membre du Conseil de l'Ordre de la Légion d'Honneur depuis 1992 et membre du Conseil de l'Ordre de la Libération depuis 1995. Léon Bouvier est décédé le 23 juillet 2005 à Paris. Il est inhumé au cimetière de Montrouge.