Aquarelle "Le camion renversé" de Christian Disandro
Légende :
Aquarelle réalisée par le maquisard Christian Disandro, intitulée « Le camion renversé », 1er mai 1944
Genre : Image
Type : Aquarelle
Source : © Collection Famille Disandro Droits réservés
Détails techniques :
Aquarelle en couleur.
Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Ardèche
Analyse média
C'était le 1er mai, nous avions l'intention de fêter ça en montant une embuscade sur la RN 86.
Le camion était énorme. Lunette, seulement habitué aux véhicules légers, en perdit le contrôle dans un virage. Le parapet stoppa net notre aventure et nous versâmes en contrebas sur la pente. Le camion, amorçant un deuxième tour, fut retenu, in extemis, par deux frêles noisetiers qui nous évitèrent ainsi cent mètres de chute.
Il fallut creuser pour extraire Lardant et Roby, coincés entre le toit de la cabine et un tronc de noisetier.
Établir un barrage sur la RN 86, à cette époque, alors que cet axe routier était constamment emprunté par les véhicules allemands, présentait un danger extrême, c'était un véritable défi adressé aux troupes d'occupation et aux autorités de Vichy qui menaient la chasse contre le maquis. Il est évident que cette opération avait été montée dans ce but, pourtant elle pouvait avoir des suites tragiques. On peut imaginer que ce camion, en se renversant, a peut-être évité la mort à plusieurs maquisards.
Auteur : Christian Disandro
La même aventure a été racontée par Mathéo, dans son livre Avoir vingt ans dans la tourmente.
« Un accident peu banal. Ah ! les vaches !
1er mai au matin. Environ de Lamastre. Nous prenons place, si l’on peut dire allongés, dissimulés sur le fond d’un camion benne. Un blindé ?
Nous étions six en direction de Tournon. Qu’allions-nous faire dans cette ville infestée d’Allemands le 1er mai ? Commémorer la fête du travail ?
Nous allions bon train, cinquante à l’heure, quand tout à coup, aux environs du Crestet, un choc… nous nous redressons pour voir le camion prendre la direction du ravin bordant la route dans lequel il bascule. Un premier tonneau amorti par la végétation d’arbustes et de buissons. Les occupants ont juste le temps de sauter avant la chute. Je m’agrippe à un petit arbuste. Un deuxième tonneau dix mètres en contrebas et le camion, les roues en l’air, termine sa chute dans un champ labouré (aujourd’hui planté de pêchers), heureusement pour les trois occupants de la cabine, enfoncée dans la terre meuble, elle n’est pas écrasée. Nous les aidons à sortir de cette mauvaise posture, sans trop de mal, un peu KO, meurtris, mais vivants… Nous récupérons les armes dans un buisson.
Mais que s’est-il donc passé ? A la hauteur d’un café, une longue charrette à foin attelée de vaches s’est mise en travers de la route, heurtée par le camion. Le garde-boue avant tordu bloque la roue et prive le véhicule de direction… Tous un peu sonnés, égratignés, mais tous vivants… Nous n’irons pas fêter le 1er mai à Tournon.
Dans la journée, nous sommes récupérés dans une camionnette empruntée à un commerçant de Lamastre (Loubert-Chaléas).
Le propriétaire les vaches n’ont pas de mal. »
D'après Marcel Bélingard, Avoir vingt ans dans la tourmente, éd. Les Rias, 2008.