Procès-verbal de réunion du Conseil de l'ordre de la Libération du 16 juin 1942
Genre : Image
Type : procès-verbal
Source : © Archives nationales, 3AG1 271 Droits réservés
Détails techniques :
Document dactylographié
Date document : 16 juin 1942
Lieu : Angleterre - Londres
Analyse média
Par décret du 29 janvier 1941, le général de Gaulle nomme les cinq premiers Compagnons qui deviennent, en même temps, les premiers membres du conseil de l'ordre de la Libération sous l'autorité du premier chancelier, Georges Thierry d'Argenlieu. Les autres membres du Conseil sont alors le gouverneur Félix Eboué, le lieutenant Emmanuel d'Harcourt, Edmond Popieul, officier de marine marchande et Henry Bouquillard, adjudant dans les Forces aériennes françaises libres. A l'origine, le rôle du Conseil consiste principalement à étudier les nominations pour l'accession dans l'Ordre et à rendre un avis qui, s'il est favorable, est ensuite soumis à la signature du général de Gaulle. C'est de ce dernier que dépend exclusivement, en dernier lieu, la nomination des Compagnons de la Libération.
Lorsqu'il se réunit en juin 1942, le Conseil est composé des compagnons suivants :
Adolphe Sicé, inspecteur général des services sanitaires et sociaux, compagnon de la Libération par décret du 1er août 1941.
Jean Demozay, commandant la 1ère escadrille du Suadron 91, compagnon de la Libération par décret du 30 juin 1941 après six victoires aériennes. Il intègre le Conseil de l'ordre en mai 1942.
Lieutenant d'Ollonde (pseudonyme d'Emmanuel d'Harcourt), chef du bureau des comités au commissariat national aux Affaires étrangères, compagnon de la Libération par décret du 29 Janvier 1941.
Contre-Amiral Georges Thierry d'Argenlieu, haut-commissaire de France pour le Pacifique, compagnon de la Libération par décret du 29 Janvier 1941. Membre du Conseil de Défense de l'Empire, il est nommé par le général de Gaulle premier Chancelier de l'Ordre de la Libération le 29 janvier 1941.
Félix Eboué, gouverneur général de l'Afrique équatoriale française, compagnon de la Libération par décret du 29 Janvier 1941 et nommé membre du Conseil de l'ordre à la même date.
Edmond Popieul, officier radio-télégraphiste, compagnon de la Libération par décret du 29 Janvier 1941. Par le même décret, il est nommé membre du Conseil de l'Ordre de la Libération.
A cette réunion assistait également le sous-lieutenant Marion, secrétaire du conseil de l'ordre de la Libération.
Lors de cette séance du 16 juin 1942, le Conseil examine la proposition d'attribution de la croix de la Libération au capitaine Louis Oubre et décide de la soumettre au général de Gaulle.
Adjoint principal hors classe des services civils du Cameroun, Louis Oubre se trouve à Brazzaville le 28 août 1940 et, refusant l'armistice, aux côtés du colonel Delange, prend une part active au ralliement du Congo. Immédiatement, il s'engage dans les Forces françaises libres où il est admis avec son grade de capitaine de réserve. Il demande à être affecté comme volontaire au corps expéditionnaire de l'Afrique française libre mais reçoit finalement le commandement de la région de Kribi au Cameroun et de la compagnie qui y stationne. Dans ses fonctions, il se dépense sans compter; il établit notamment tout au long de l'Océan des postes de guet en éveil de jour comme de nuit. Constamment en inspection, il n'a de cesse d'améliorer les moyens de liaison sur le territoire placé sous sa responsabilité. Ayant laissé trop de forces dans ce combat quotidien, Louis Oubre décède subitement le 24 janvier 1942 à Kribi où il est inhumé. Il sera fait compagnon de la Libération par décret du 24 juin 1942.
Au sein de ce conseil on sent la volonté de promouvoir l'ordre de la Libération, de faire connaître son existence aux "autorités susceptibles de faire des propositions", tout en leur indiquant bien les spécificités des critères d'attribution : "différence entre les actions déclat qui sont récompensées par des citations et les sommes d'actions d'éclat récompensées par la croix de la Libération".
Enfin, le Conseil de l'ordre de la Libération, décide d'attirer l'attention du général de Gaulle "sur la nécessité que toute proposition soit examinée par le Conseil". En effet, le général de Gaulle peut également attribuer exceptionnellement des croix de la Libération "sur le champ de bataille" sans en référer au conseil.
Auteur : Fabrice Bourrée
Sources :
Site internet de l'ordre de la Libération
Guillaume Piketty, "Economie morale de la reconnaissance. L’Ordre de la Libération au péril de la sortie de Seconde guerre mondiale", Histoire@Politique. Politique, culture, société, N°3, novembre-décembre 2007.