Concours photographique Reflets d'Icônes, 2014-2015

2e prix de la catégorie Lycée - travail collectif

- 00 Aout 0000

« Libéré »

Il s'agit d'un poème écrit un matin d'avril 2015.


 


 



Auteur
Sofia LEISA, Rhania M'BAE, Ali M'MLI, Matteo RUSSO, Ruslan VATCHKAIEV, élèves de 2de technique du lycée professionnel La Cabucelle (Marseille)
Légende « Libéré »

« C’est la fin, finalement ce n’est pas plus mal ; je ne veux plus entendre dans ma tête ces fracas d’obus, les sirènes qui percent mes tympans ; les cris de ces gens apeurés ou leur silences quand nous arrivions dans leurs villages. Leurs yeux se baissent quand nous traversions la rue principale avec en fond sonore cet abominable bruit de bottes.


Si je m’en sors je ne porterai plus jamais de bottes ; pieds nus camarades ! Si je m’en sors plus de fusils ; mains-tendus camarades ! Ils me regardent et voient dans mes yeux la peur oui la peur ! Je n’étais pas un guerrier, à vingt ans on veut vivre on veut rire moi je voulais rester près des miens et ne pas crever au bord d’une route.


J’ai mal ; la douleur me transperce comme elle a transpercé le corps de leurs sœurs, de leurs frères de tous ces gens pris dans la spirale de l’imbécillité de la guerre.


Eux aussi on l’air fatigué ; leurs regards ont vieilli trop vite meurtris par toutes les larmes versées pour un voisin, un parent, un ami arrachés à la vie.


Ah, ah !! Je l’entends là près de mon oreille, il arrive, il se rapproche le bruit des bottes ; il claque sur le pavé inexorable, il continue sa traversée ; écoutez on dirait qu’il s’éloigne où va-t-il ? Conquérir d’autres terres, résonner sous d’autres cieux, dans mon village nul ne portait des bottes, c’est un son que j’ai découvert ici à la guerre.


Mon cerveau s’embrouille, je sens ce liquide chaud se répandre sur mon ventre, je suis faible mais serein ; ces gens n’ont pas l’air méchant et ils ne portent pas de bo… ».