2. L’ARMISTICE : un malentendu profond entre le Maréchal Pétain et les Français.
Dans l’effondrement général, les élites politiques s’en remettent au maréchal Pétain, auréolé de son prestige acquis durant la première guerre mondiale. L’armistice que Pétain demande à Hitler le 17 juin permet à la France d’être le seul pays vaincu qui ne soit pas totalement occupé. Mais elle se retrouve éclatée en zones différentes, d’autant que l’Alsace et la Moselle sont très vite annexées par l’Allemagne en violation de l’armistice. Replié en zone libre à Vichy, Pétain obtient du Parlement les pleins pouvoirs. Or, il suspend aussitôt les institutions républicaines, qu’il présente comme responsables du désastre. Cette situation inaugure un malentendu profond entre le Maréchal et les Français : alors que ceux-ci font confiance à son patriotisme pour qu’il les protège des conséquences de l’occupation, Pétain utilise cette confiance pour mettre en place un régime autoritaire, quitte à pratiquer une collaboration avec le vainqueur. Son prestige et la légalité apparente de son arrivée au pouvoir rendent le développement d’une résistance organisée plus difficile en France qu’ailleurs. Car en signant l’armistice, il a fait de la résistance un acte de désobéissance aux autorités françaises.
Portrait du maréchal Pétain en uniforme.
© Archives nationales Droits réservésEn forêt de Compiègne, le général Huntziger à la tête de la délégation du gouvernement français dirigé par le Maréchal Pétain se rend dans le wagon historique « Maréchal Foch » pour signer l’armistice le 22 juin 1940.
© Musée de la Résistance nationale, Champigny-sur-Marne Droits réservésFixée par l’armistice du 22 juin 1940, la ligne de démarcation marquait la limite entre la zone "libre" (zone sud à partir de novembre 1942) et la zone occupée par l'Armée allemande.
© Musée de la Résistance nationale, Champigny-sur-Marne Droits réservésOutre la distinction entre zone occupée et non occupée, la France est amputée de l’Alsace et du département de la Moselle, annexés de fait ; le Nord et le Pas-de-Calais sont rattachés au commandement militaire allemand de Bruxelles. Une « zone interdite » du Nord-Est empêche le retour dans cette région des réfugiés de l’exode. La « zone côtière » le long de la Manche et de l’Atlantique exige un laissez-passer spécial. Une minuscule « zone d’occupation » italienne dans les Alpes existe, qui s’agrandira en novembre 1942, après l’invasion de la zone « libre ».
© NGDC World Data Bank II (public domain) pour Wikicommons Libre de droitsAffiche allemande d'Alfred Spaety apposée au moment de l'annexion de fait de l'Alsace-Lorraine en 1940 : "Dehors avec ce bric-à-brac !".
© Archives nationales Droits réservésLe 24 octobre 1940, Philippe Pétain, chef de l'État français, rencontre Adolf Hitler dans la petite gare de Montoire-sur-le-Loir.
October 24th, 1940, Philippe Pétain, head of the French State (Etat français), met Adolf Hitler at the small train station in Montoire-sur-le-Loire.