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Stèle à la mémoire de Joseph Imbert et d'Etienne Gautier, Arles

Légende :

Plaque apposée sur le socle d'un buste de Marianne dans la salle des Pas Perdus de l’Hôtel de Ville d'Arles

Genre : Image

Type : Plaque commémorative

Source : © Collection CRDA Droits réservés

Détails techniques :

Photographie numérique en couleur.

Lieu : France - Provence-Alpes-Côte-d'Azur - Bouches-du-Rhône - Arles

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Contexte historique

Joseph Imbert est né à Arles le 13 août 1903. Son père, Lazare Imbert, était conducteur de travaux aux ponts et chaussées. Après d’excellentes études au collège d’Arles (qui ne s’appelait pas encore Frédéric Mistral), il passe son baccalauréat, ce qui lui permet d’entrer à l’école de médecine de Marseille où il suit trois années d’étude qu’il poursuit à la faculté de Montpellier.

Interne à l’hôpital d’Arles à partir de juin 1926, il prépare une thèse sur la fièvre de Malte dans la région d’Arles, qu’il présente publiquement devant la Faculté de Montpellier le 20 décembre 1927. Cette thèse lui permet de prononcer le serment d’Hippocrate et de devenir docteur en médecine.

Après avoir effectué son service militaire comme médecin-lieutenant, il installe son cabinet à Arles au n° 6 de la rue Portagnel. Son comportement et ses qualités humaines lui attirent une clientèle nombreuse et il est surnommé le « médecin des pauvres ».

Élu conseiller général en 1934, Joseph Imbert est désigné maire d’Arles en 1935. Malgré toutes les charges qui lui incombent, il fait face avec toujours la même gentillesse, le même esprit de dévouement. Parmi tous les problèmes qui le préoccupent, il en est un qui lui tient particulièrement à cœur : l’hôpital situé en centre-ville dans un bâtiment vétuste (l’hôtel dieu date de 1473), insuffisant, insalubre et non fonctionnel. Il estime que la construction d’un nouvel hôpital constitue une priorité des priorités et le site de Fourchon lui apparaît comme le meilleur emplacement. Sur sa proposition, le conseil municipal fait l’acquisition du terrain. L’architecte Castel est chargé de préparer un projet.

Le 26 juin 1937, il épouse Léonie Béraud et devient ainsi le beau-frère et ami de Paul Béraud, un autre médecin d’Arles, qui deviendra lui aussi résistant. En septembre 1939, la guerre éclate. Joseph Imbert voit ses projets bloqués. Il est mobilisé comme médecin-major à Besançon. Démobilisé après l’armistice de 1940, il revient à Arles où il reprend ses activités médicales et municipales jusqu’à la date symbolique du 11 novembre 1940, où il démissionne avec l’ensemble de son conseil municipal.

Hostile à la collaboration, il s’engage dès la première heure dans la Résistance, dans le mouvement Combat dans lequel il recrute d’autres volontaires.

Après leur arrivée en novembre 1942, les Allemands sont cependant très vite renseignés sur les activités clandestines de l’ancien maire. Le 2 mars 1943, Joseph Imbert est arrêté. Interné aux Beaumettes, il est transféré deux mois après à la prison de Fresnes, d’où il est déporté d’abord à Buchenwald, puis dans d’autres camps. Il apporte ses soins et son aide morale aux autres déportés, gardant toujours intacte sa confiance dans la victoire finale, malgré les horreurs et les souffrances qu’il côtoie et subit chaque jour.

Le 4 avril 1945, il est détenu au camp de Nordhausen, un kommando de Dora. Parqué avec d’autres déportés dans les garages des blindés SS, lorsque le camp est bombardé par l’aviation américaine vers 9 h 30. Joseph Imbert, resté debout et chantant le Chant du départ, disparaît.

Construit en 1971, l’hôpital d’Arles porte son nom et perpétue son souvenir.





Né le 10 mai 1881 à Arles (Bouches-du-Rhône), mort en déportation le 15 décembre 1944 à Buchenwald ; ouvrier agricole, journalier, herboriste ; syndicaliste agricole et militant communiste des Bouches-du-Rhône ; conseiller municipal d’Arles (1936-1940).

Étienne Gautier, dont le nom est parfois orthographié Gauthier, était fils de cultivateur. Selon un rapport de police daté de 1912, il fut lui-même ouvrier agricole, journalier et aussi herboriste. À cette date, en compagnie de ses deux frères Joseph, Gabriel (né à Arles en 1884) et Vincent, il fréquentait les groupes anarchistes. Joseph dirigeait le groupe arlésien, était inscrit au carnet B et pratiquait la reprise individuelle. Entré à la Cie PLM, il fut révoqué à la suite de la grève de 1910. Deux ans plus tard, il fut condamné pour pillage de marchandises dans les trains par le tribunal de Tarascon, le 5 mars 1912. Ces marchandises étaient revendues pour alimenter la caisse de propagande. Étienne était abonné à L’Anarchie. Redevenu ouvrier agricole, Étienne Gautier fut, le 10 avril 1927, élu membre de la commission de contrôle financier du syndicat agricole. Successivement trésorier ou secrétaire syndical, il resta permanent jusqu’en 1939. Étienne Gautier militait également au Parti communiste à Arles. Il fut le candidat de ce parti lors des élections de 1931 au conseil d’arrondissement (327 voix). En 1932-1934, il était trésorier adjoint du rayon communiste d’Arles. Étienne Gautier fut de nouveau présenté en 1934 (407 voix) dans le canton d’Arles-Ouest où il recueillit 407 suffrages. Il figura, en mai 1935, sur la liste du PC aux municipales. De nouveau candidat en 1936 après la démission du socialiste Sixte-Quenin*, Étienne Gautier fut élu conseiller municipal. Il conserva cette fonction jusqu’au 25 janvier 1940, date à laquelle il fut déchu de son mandat par décret. Étienne Gautier mourut en déportation à Buchenwald le 15 décembre 1944.


Auteurs : Marion Jeux (1) et Antoine Olivesi, pour le Maitron-en-ligne (2).

Sources :

(1)

Résister en pays d'Arles, 1944-2014, 70e anniversaire de la Libération, Arles, éditions Actes Sud, 2014.

Nicolas Koukas, La Résistance à Arles, 1940-1944, Mémoire de maîtrise, Université d'Avignon et des pays de Vaucluse, dir. Robert Mencherini, 1997.

Annie Tuloup-Smith, Rues d’Arles, qui êtes-vous ?, éditions Les amis du Vieil Arles, 2001.

(2)

Archives départementales des Bouches-du-Rhône, III M/54 ; VM2/283 et 285 ; M 5/265 ; M 6/10810 (rapport de police et notice individuelle, des 23 avril et 29 novembre 1912) ; M 6/11379 (rapport du 26 août 1932 et rapport préfectoral (non daté).

Rouge-Midi, 1er septembre et 2 décembre 1934.

René Bianco, Le Mouvement anarchiste…, op. cit., t. II, p. 30. 

Le Mouvement anarchiste à Marseille et dans les Bouches-du-Rhône de 1880 à 1914, Marseille, Éditions du CIRA, 1978, 2 tomes.

État civil d’Arles.