Appel du général Cochet, 6 septembre 1940

Légende :

Le 6 septembre 1940, le général Cochet diffuse un appel qui s'articule autour de trois verbes : "veiller - résister - s'unir"

 

 

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Date document : 6 septembre 1940

Lieu : France

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Analyse média



En 1940, le Général Cochet, commandant les Forces aériennes de la 5e armée, rassemble ses hommes qui l'ont suivi depuis Epinal jusqu'aux Monts du Velay, combattant et se repliant en bon ordre. Deux heures après avoir entendu le message radio du maréchal Pétain, le général Cochet, d'une voix marquée par l'émotion et la colère, donne à ses hommes ses premières consignes de Résistance : poursuivre la lutte contre l'ennemi et apprendre à dissimuler. Le 6 septembre 1940 il diffuse un nouvel appel qui s'articule autour de trois verbes : veiller - résister - s'unir.




General Cochet's Speech In 1940, General Cochet, commander of the air forces of the 5th army, gathered the troops who had been with him from Épinal all the way to Monts du Velay. The men had fought well and with great courage alongside their general. Two hours after Maréchal Pétain's radio address announcing the Armistice, General Cochet, in a voice choked by emotion and anger, gave his men the Resistance's first orders: keep fighting and stay hidden. On September 6th, he gave another speech centered around three words: persevere-resist-unite.




Traduction : Catherine Lazerwitz

Contexte historique



Le général Cochet, "résistant courageux des premiers jours" comme le qualifie Henri Amouroux, avait commandé pendant la campagne de France de 1940 les forces aériennes de la Ve armée. Le 16 juin 1940, lors de la demande d'armistice, il avait lancé en tant que commandant de la région "un appel pathétique à ses soldats en Haute-Loire". Quelques jours après, il manifeste son opposition à la défaite, comme le rapporte monsieur Lashermes : "Un matin de juillet 1940, alors que je me trouvais dans la cuisine avec mon père, exploitant agricole et maire, nous vîmes entrer le général Cochet qui, avec son état-major, occupait depuis plusieurs jours le château de la Besseire ; des troupes de l'air cantonnaient et avaient installé sur une hauteur des mitrailleuses lourdes. Il demanda à son officier d'ordonnance de se tenir à l'extérieur. Puis s'adressant au maire, il lui fit part de sa décision de ne pas participer à la cérémonie de "deuil et recueillement" du 14 juillet au Puy, qu'on lui avait demandé de présider, mais au contraire d'organiser, à Chadrac même, une cérémonie non pas de deuil mais de résistance, avec la participation de la population et l'accord du maire, que mon père donna sans hésitation. J'en fus très impressionné." En fait, le commandant de la base aérienne du Puy (Loudes) avait déjà refusé de prendre part dans la préfecture de la Haute-Loire le 25 juin à la cérémonie de "deuil national". L'évêque Martin devait y appeler au repentir et à la régénération de la foi comme monseigneur Bornet, le même jour à Saint-Etienne, avait prêché pour "l'expiation et le salut". Le refus du général Cochet était le premier refus de la capitulation exprimé sur le sol national. A la cérémonie de Chadrac le 14 juillet, à l'issue de la messe, l'état-major du général, le conseil municipal et la population manifestent aux monuments aux morts leur foi patriotique aux cris de "Vive la France".

Durant l'été 1940, le général Cochet se fait démobiliser pour continuer la lutte et publie le 6 septembre 1940 "les premiers écrits clandestins qui aient paru dans la Loire". Dans un appel signé de son nom, il désigne un seul ennemi "le Boche et avec lui tous ceux qui l'aident ou qui l'appellent". Logiquement, il se rend auprès de Jean Nocher qu'il a fréquenté au ministère de l'Air du temps de Pierre Cot (1936-1937). Jean Nocher se fait livrer quelque 2000 exemplaires de l'Appel du général Cochet et les fait diffuser. Des résistants célèbres comme Serge Ravanel adhèrent à cet appel. Lucien Neuwirth le reçoit de Nocher. Interné par Vichy puis évadé, le général Cochet (1888-1973) gagne Londres en 1942 où il dirige l'état-major français qui prépare le débarquement. En août 1943, il devient le chef des services spéciaux de la France libre et en août 1944, il est le délégué militaire pour le théâtre d'opérations du sud-est de la France.



General Cochet, hailed as «one of the first courageous resistance fighters» by Henri Amouroux, was commander of the air forces for the Fifth Army in the French campaign of 1940. On June 16th; 1940, the day the Armistice was signed, Cochet delivered a «rousing call to the soldiers stationed in the Haute-Loire» as commander of the region. A few days later, he openly displayed his opposition to the Armistice. As Monsieur Lashermes recounts: «One morning in July of 1940, I was in the kitchen with my father, a farmer and the mayor of the town, when General Cochet and one of his officers came in. They had been stationed at the Château de la Besseire for a few days with their troops and massive machine guns. He asked his officer to wait outside. Then, he told the mayor that he would not participate in the «sad and contemplative» ceremony on July 14th in Puys, an event he had been asked to preside over. Instead, he would be holding a ceremony, protesting the Armistice, in Chadrac with my father's and the public's support. My father gave it without any hesitation. I was very impressed». The Bishop of Martin prayed for the repentance and renewal of faith at the same time monseigneur Bornet, at Saint-Etienne, prayed for «atonement and salvation». At the ceremony in Chadrac on July 14th, at the end of mass, the mayor, local government, and the public honored the fallen with cries of «Vive la France».

During the summer of 1940, Cochet left the army to contribute to the fight in a new way. On September 6th, 1940, he « published the first clandestine journal in the Loire.» He wrote and signed his name on an appeal where he declared the «Germans and anyone who helps or supports their cause» as France's only enemies. Logically, he was close to Jean Nocher who knew the Minister of the Air Force, Pierre Cot (1936-1937). Jean Nocher published 2,000 copies of Cochet's appeal and distributed them across the entire country. Celebrated resistance fighters, like Serge Ravanel, read what Cochet had written and heartily agreed. Lucien Neuwirth received one personally from Nocher. Cochet was arrested by Vichy, but managed to escape and went to London in 1942 where he helped to begin plans for the Allied landing. In August, 1943, he became head of the Special Services for Free France, and in August, 1944, he was made head of military operations in South-Eastern France.



Sources : Gérard Aventurier, "Le refus du général Cochet, 25 juin 1940", in CD-ROM La Résistance dans la Loire, AERI, 2012.

Traduction : Catherine Lazerwitz