Claude Ducreux : l'organisation des parachutages

Légende :

Extrait du témoignage de Claude Ducreux, dans lequel il évoque l'organisation des parachutages, en février 2009

Genre : Film

Type : Témoignage filmé

Source : © AERI Droits réservés

Détails techniques :

Durée de l'extrait : 00:01:55

Tournage et montage : Nicolas Voisin

Interview réalisée par Clémence Piet et Manuel Valls-Vicente.

Date document : Février 2009

Lieu : France - Ile-de-France - Paris - Paris

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Analyse média

Retranscription :

" Il y a eu un gros trafic aérien... Il y a eu d'une part des petits avions, des Lysander, qui pouvaient apporter sur le sol français, avec aterissage, des personnes pour les besoins de la Résistance. Il y avait, d'autre part, des avions chargés de lâcher des containers. Il fallait des équipes pour recueillir ces containers, qui étaient de grands tubes métalliques qui pesaient 200 kg et dans lesquels il y avait tout. Il y a eu des armes, quand c'était le moment des armes, pas avant 1943, des munitions, des vêtements, du ravitaillement, de l'argent parce qu'il fallait bien que tous ces clandestins vivent... et qu'ils vivent plutôt bien, sans cela ils auraient eu l'air de miséreux au bout de la rue, en train de traîner. 
Un container tombé au sol à protéger, c'était presque aussi important qu'une personne... parce qu'il y avait le fric...
Quand on est arrivé à l'été 1944, il y a eu les munitions. Quand on a pris Orléans, avec le groupe où j'étais - c'est-à-dire le maquis de Lorris -  on l'a pris avec des munitions uniquement parachutées par containers, pas autrement. Alors, ça faisait quand même plusieurs milliers de gars qui ont été armés. Ca représente des munitions et ça représente déjà, rien qu'en armement, une distribution importante."


Contexte historique

Claude Ducreux est né à Houlgate, dans le Calvados, le 28 août 1923. En 1940, il a donc 17 ans. Il est en classe de Philo au lycée Henri-IV à Paris.

Le 11 novembre 1940, les Allemands interdisent de célébrer la mémoire de l'armistice marquant leur défaite en 1918. Claude défile pourtant à Paris aux côtés de nombreux étudiants. Cette manifestation est sévèrement réprimée et Claude est blessé à l'arcade sourcilière. Premières activités au mouvement Ceux de la Libération-Vengeance A la fin de l'année 1942, il est recruté par son ami lycéen Pierre Hebert comme agent de liaison au mouvement Ceux de la Libération-Vengeance. Il transporte des paquets de journaux clandestins et les distribue. Il cache, dans une petite chambre qu'il loue à Paris, des aviateurs canadiens dont l'avion a été abattu.

Début juin 1943, il est arrêté, transféré à la prison de Fresnes, puis libéré le 14 juillet. Sauvetage d'enfants juifs A sa sortie de prison, grâce à une association (la CIMADE), il est mis au vert à Argentières, près de Chamonix. Pendant ce temps, de la fin du mois de juillet jusqu'au mois d'août 1943, il reste actif : il aide des enfants juifs à s'enfuir en Suisse en passant la frontière clandestinement, par la montagne. En septembre 1943, c'est la rentrée scolaire et il revient à Paris pour faire sa deuxième année de Khâgne au lycée Henri-IV.

En octobre 1943, il est recruté à l'OCM puis l'OCMJ (Organisation civile et militaire de la jeunesse). Il est agent de liaison et distribue la presse clandestine. Mais il apprend aussi, à Vincennes et à Fontainebleau, à se servir des armes. A Pâques 1944, il distribue aux résistants de l'argent, parachuté depuis Londres.

Au mois de juin 1944, il doit rejoindre ses camarades de classe au maquis de Chambon-la-Forêt, dans la forêt d'Orléans. Mais, le 10 juin, ses camarades sont fusillés à la ferme du By, suite à une dénonciation. Claude est prévenu à temps et rejoint le maquis de Lorris. A la mi-juillet 1944, il est intégré au groupe Robert. Il participe avec eux à la prise d'Orléans à la fin du mois de juillet 1944. Le 24 août 1944, c'est le départ pour Paris et la prise de l'École militaire le 25 août. Le lendemain, il monte la garde devant une librairie du quartier de la Sorbonne à Paris, pour le Comité de Libération de Paris. Claude y rencontre sa future femme, Simone Jouhant. Il est ensuite affecté à l'Armée régulière, dans la 9e DIC (division d'infanterie coloniale), avec des tirailleurs sénégalais.

Il devient avocat. En 1989, les poèmes que Claude a écrit pendant cette période sont édités dans le recueil Mes années vertes, 1939-1945. Il continue d'écrire sur des lieux de mémoire et en hommage aux camarades de la Résistance.

Il est Combattant Volontaire de la Résistance (CVR) et Officier de la Légion d'Honneur. A la retraite, il reste très actif : membre de la Commission nationale consultative des Droits de l'Homme, engagé au sein du Comité d'action de la Résistance (CAR) et de l'Association pour des études sur la Résistance intérieure (AERI).

Claude Ducreux est décédé le 20 juillet 2011.


DVD-ROM " Valeurs de la Résistance, valeurs des jeunes aujourd'hui ", AERI, 2012.