Pierre Brossolette

Légende :

Portrait de Pierre Brossolette (1903-1944), l'un des artisans de l'unification de la Résistance

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © DMPA Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc extraite du DVD-ROM La Résistance en Île-de-France, AERI, 2004.

Lieu : France - Ile-de-France - Paris - Paris

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Contexte historique

Né à Paris le 25 juin 1903 dans une famille d'enseignants républicains, Pierre Brossolette entra premier à l'ENS de la rue d'Ulm en 1922 et fut reçu deuxième à l'agrégation d'histoire en juin 1925. Après son service militaire, ce militant de la Société des Nations et du rapprochement franco-allemand choisit de devenir journaliste. En quelque treize années d'activité débordante, il s'imposa progressivement comme un analyste reconnu de la politique internationale, écrivant dans les colonnes, notamment, de Notre Temps, de L'Europe Nouvelle et du Populaire, et s'exprimant au micro de Radio-PTT, la radio d'État, de l'automne 1936 au mois de février 1939. Hostile au fascisme italien dès 1927, avertissant ses lecteurs contre le nazisme à partir de 1930, lucide sur la diplomatie soviétique, la duplicité germano-italienne en Espagne et la stratégie nazie en Europe centrale, il mit cependant près de dix années pour renoncer définitivement aux idéaux briandistes. De l'automne 1938 à la déclaration de guerre, cet antimunichois farouche fut en revanche au nombre des très fermes défenseurs de "l'esprit de Résistance".

Membre de la Grande Loge de France en 1927, de la Ligue des Droits de l'Homme et de la LICA, Brossolette se signala très tôt par ses engagements humanistes. Entre 1926 et 1930, il s'inscrivit au nombre des jeunes intellectuels proches du radicalisme qui s'efforçaient de réfléchir à la modernisation administrative, économique et sociale de la France. Toutefois, déçu par le manque d'ambition réformatrice du parti radical, il adhéra à la SFIO, fédération de la Seine, au printemps 1930. De 1932 à l'été 1939, et malgré ses échecs aux élections cantonales de 1934 et législatives de 1936, il milita activement à la tête de la fédération socialiste de l'Aube. Membre successivement du groupe planiste de Révolution constructive, de La Bataille socialiste, puis de la tendance "Agir" des antimunichois de la SFIO, il participa aux difficiles débats doctrinaux qui agitèrent son parti au long des années trente.

Officier de réserve, Pierre Brossolette fut mobilisé le 23 août 1939. Après avoir passé la Drôle de Guerre à ronger son frein, le capitaine Brossolette subit de plein fouet, comme tant d'autres, la débâcle des armées alliées. Du 13 au 25 juin cependant, il conduisit son unité dans une invraisemblable retraite de plus de cinq cents kilomètres au terme de laquelle près de la moitié de ses effectifs purent échapper à la captivité. Ce triste fait d'armes fut le premier acte de Résistance de Brossolette, et lui valut la Croix de Guerre.

Patriote et conscient du caractère mondial de la lutte pour la liberté, convaincu dès l'été 1940 que la France se trouvait engagée dans une "guerre de trente ans" et qu'il lui fallait donc, d'une façon ou d'une autre, poursuivre le combat, désireux de lutter contre le nazisme et le régime de Vichy, Brossolette mit cependant six mois à se relever du traumatisme né de la débâcle et des renoncements politiques de juillet 1940 et à établir une première connexion avec un organisme résistant. En mars 1941, à Paris, il rejoignit le groupe dit "du Musée de l'Homme". Quelques semaines plus tard, il entra en contact avec les socialistes résistants de zone occupée (CAS) puis avec les premiers militants du mouvement Libération-Nord. Devenu "chef de la section presse et propagande" du réseau Confrérie Notre-Dame (CND) en novembre 1941 sous le pseudonyme de "Pedro", il transmit à la France libre, au cours de l'hiver 1941-1942, plusieurs rapports fort instructifs sur l'état de l'opinion et de la classe politique françaises, ainsi que sur la Résistance naissante en zone occupée. Simultanément, il donna la liaison avec Londres aux deux principaux mouvements de Résistance du Nord de la France, l'Organisation civile et militaire (OCM) et Libération-Nord, et eut, en zone libre, des contacts avec les mouvements Combat et Libération-sud, ainsi qu'avec le groupe Pierre Bertaux à Toulouse.

Parvenu à Londres au printemps 1942, fort de son expérience politique, de son incontestable patriotisme et de son statut de précurseur de la Résistance, riche de son excellente connaissance du combat de l'ombre et de la France occupée, cet intellectuel brillant et charismatique s'imposa rapidement parmi les décideurs de la France libre. Le 1er octobre 1942, il devint adjoint du colonel Passy, à la tête du Bureau central de renseignement et d'action (BCRA). Compagnon de la Libération et membre du Conseil de l'Ordre dès octobre 1942, Pierre Brossolette ("Bourgat") appartint au saint des saints des forces gaullistes, sans abdiquer pour autant sa lucidité sur l'homme du 18 juin, comme en témoigne notamment la lettre en forme de véritable volée de bois vert qu'il adressa à Charles de Gaulle le 2 novembre 1942.
De juin 1942 à mars 1944, Pierre Brossolette effectua trois missions clandestines en France. Du 3 juin au 13 septembre 1942, il travailla à convaincre des personnalités de divers horizons politique, philosophique ou religieux de rallier la France combattante. C'est ainsi qu'André Philip et Louis Vallon parvinrent à Londres en juillet 1942, le premier devenant presque immédiatement Commissaire à l'Intérieur au sein du Comité national français. L'arrivée dans la capitale anglaise de Charles Vallin, ancien leader du Parti Social Français (PSF), au mois de septembre suivant, ne fut en revanche pas couronnée du même succès.

Après avoir été durant l'automne 1942, de Londres, l'un des alliés de Moulin alors en mission en zone libre, Brossolette repartit pour la France le 27 janvier 1943 pour la mission "Brumaire". En deux mois et demi, avec le colonel Passy et l'agent anglais du Special Operations Executive (SOE) Forest Yeo-Thomas qui le rejoignirent fin février, il coordonna l'action civile et militaire des cinq plus importants mouvements de Résistance de la zone Nord (Ceux de la Libération, Ceux de la Résistance, Front national, Libération-Nord et OCM). Le 26 mars, Brossolette et Passy réunirent les chefs de ces mouvements en un Comité de coordination de zone Nord (CCZN). Dans la foulée, ils réunirent les responsables paramilitaires des mêmes mouvements en un Comité de coordination militaire. Après avoir présenté le CCZN à Jean Moulin le 3 avril, puis le Comité militaire à Moulin et Delestraint le 12 avril, ils repartirent pour l'Angleterre dans la nuit du 15 au 16 avril, en compagnie de Yeo-Thomas. Il ne fait pas de doute qu'en s'en tenant ainsi à son ordre de mission initial concernant la seule zone Nord, et en épousant l'hostilité des organisations résistantes à la prise en compte de partis politiques dans les instances dirigeantes de la Résistance française, Pierre Brossolette passa outre les "Nouvelles Instructions" du 21 février que le colonel Passy lui avait pourtant apportées en le rejoignant en France. Il n'en reste pas moins que la mission "Brumaire" fut un succès, et contribua à la formation, en mai 1943, du CNR et de l'état-major de l'Armée secrète (AS).

Candidat malheureux à la succession de Jean Moulin, Pierre Brossolette ("Briand", "Boutet", "Baron") revint en France en compagnie de Forest Yeo-Thomas dans la nuit du 18 au 19 septembre 1943 avec pour mission d'installer le nouveau Délégué général du CFLN, Émile Bollaert dans ses fonctions et de coopérer aux projets de réforme de la presse à la Libération. Fort de son impressionnante connaissance du milieu résistant de la zone Nord, profitant pleinement de l'imprécision d'un ordre de mission objectivement trop réduit pour une personnalité de son envergure, de la position centrale conférée à Bollaert ainsi que de l'étendue du champ d'action assigné à Yeo-Thomas, Brossolette déploya pendant près de trois mois une activité tous azimuts. Au passage, il reprit contact avec ses camarades de la fédération socialiste de l'Aube, en prévision de la Libération. Au final, si avec Forest Yeo-Thomas il fit incontestablement œuvre utile pour renforcer et améliorer l'organisation paramilitaire de la Résistance intérieure et préparer la Libération, Pierre Brossolette n'en prit pas moins quelques libertés avec les instructions reçues d'Alger, soutenant notamment le Comité central des mouvements de Résistance (CCMR) rival du CNR, et marquant son net scepticisme à l'égard de la création d'un Bureau réduit à cinq membres au sein de ce dernier. Ce faisant, il battit en brèche l'autorité de Georges Bidault, nouveau président du CNR, ainsi que de Claude Bouchinet-Serreulles et Jacques Bingen qui, durant l'été, avaient assumé conjointement l'intérim du Délégué général.

Rappelé à Londres en même temps que Bouchinet-Serreulles, Brossolette argua de ce que sa mission n'était pas complètement achevée pour ne pas monter dans le Lysander qui, dans la nuit du 15 au 16 novembre 1943, emmena Yeo-Thomas en Angleterre. Après avoir échoué dans ses tentatives de départ de décembre 1943 puis de janvier 1944, Pierre Brossolette choisit avec Émile Bollaert de se rabattre sur une filière maritime. Embarqués le 2 février au soir avec une quinzaine de compagnons, les deux  hommes s'échouèrent avec leur bateau Le jouet des flots à l'aube du 3 février à l'entrée de la baie d'Audierne. Recueillis par des résistants locaux, ils furent arrêtés le soir même au cours d'un contrôle de routine, alors qu'ils s'efforçaient de quitter la zone côtière. Incarcéré avec Bollaert à la prison de Quimper puis à celle de Rennes, Brossolette fut identifié par les nazis le 16 mars. Transféré à Paris avec Bollaert dans la nuit du 19 au 20 mars, torturé sans relâche pendant deux jours et demi, il se suicida le 22 mars sans avoir parlé.

Ce bref panorama du parcours de Pierre Brossolette en Résistance serait incomplet sans l'évocation de ses activités de propagandiste et d'homme politique. D'article en conférence publique, ainsi qu'au micro de la BBC, Brossolette se fit en effet l'ardent promoteur de l'entreprise gaullienne. Dénonçant régulièrement Vichy et la Collaboration, il milita en faveur de l'union des résistants derrière Charles de Gaulle, tout en évoquant une France nouvelle régénérée dans ce qu'il appelait "l'esprit de la Résistance". Plus encore peut-être, il fut le chantre inspiré de l'épopée française combattante et de l'action des "soutiers de la gloire", selon l'expression qu'il employa le 22 septembre 1942 pour désigner les résistants anonymes. Par ailleurs, persuadé qu'à la Libération la France renaîtrait naturellement aux libertés et à la démocratie partisane, il se signala par la constance de sa réflexion pour la rénovation politique, économique et sociale de son pays. Ecœuré par le renoncement du 10 juillet 1940, mais convaincu de l'importance que leur ralliement aurait aux yeux des Alliés, il finit par admettre la prise en compte des partis politiques qui avaient rejoint la dissidence au sein des instances dirigeantes de la Résistance française. À titre personnel, on l'a dit, cet homme qui se voulut, selon ses propres termes, "gaulliste le temps de la guerre et de la Libération" n'abjura jamais son engagement socialiste et consacra même une part de sa dernière mission à ranimer ses réseaux politiques dans la perspective de la libération prochaine.
Pourtant exemplaire de l'infime minorité qui sut s'extraire du désastre de 1940 et s'opposer, puis devenu l'un des principaux artisans de l'unification de la Résistance française, Pierre Brossolette connut un destin posthume contrasté. Dès la fin de la guerre et pendant près de vingt années, il s'imposa dans les mémoires françaises comme l'une des grandes figures de la Résistance. L'entrée des cendres de Jean Moulin au Panthéon, le 19 décembre 1964, acheva de rejeter sa mémoire dans l'ombre. Depuis 1984, le renouvellement de l'historiographie de la Résistance et deux commémorations nationales ont rendu à son souvenir une place plus conforme à ce qu'avait été son oeuvre en Résistance.


Born in Paris June 25, 1903 to a family of republican teachers, Pierre Brossolette entered first to the École Normale Supérieure on rue d’Ulm in 1922 and secondly received the agrégation of history in 1925. After his military service, this advocate of the Society of Nations and of establishing Franco-German accord decided to become a journalist. After three years of activity, he had progressively established himself as a recognized analyst of international politics and writer of columns, notably for Notre Temps, L’Europe Nouvelle, and Populaire, and also spoke on Radio-RTT, the state radio, from autumn 1936 to February 1939. Hostile to Italian Fascism beginning in 1927, he gave lectures against Nazism starting in 1930, on Soviet diplomacy, the German-Italian duplicity in Spain, and the Nazi strategy in central Europe, yet it took close to ten years for him to renounce definitively his Briandist beliefs. In the autumn 1938 after the war declaration, those against the Munich Accords were ferociously opposed to a number of closed defenses of “l’esprit de Résistance”.

A member of the Grand Lodge of France in 1927, of the League of Human Rights and of LICA, Brossolette involved himself very early on in humanistic engagements. Between 1926 and 1930, he wrote to a number of young, radical intellectuals asking them to reflect upon administrative, economic, and social modernization in France. Nevertheless, decided by the lack of ambition for reform in the radical party, he joined the SFIO, Federation of the Seine, in the spring of 1930. From 1932 to the summer 1939, and in spite of their failures in the elections of 1934 and 1936, he stayed active at the head of the Socialist Federation of the Aube. Successive members of the Group for a Constructive Revolution, the Socialist Battle, and then the tendency “Act” of the antimunichois of the SFIO, he participated in the doctrinal debates which agitated the party in the 30’s.

As an officer of the reserve, Pierre Brossolette was mobilized August 23, 1939. After having his break worn out, Captain Brossolette suffered sudden whip lash, like many others during the Allied Army debacle. Yet between June 13 and 25, he drove his unit on an incredible retreat further than 500 km after which around half of the unit escaped captivity. This retreat would be the first act of resistance for Brossolette and awarded him the Croix de Guerre.

Patriot and conscience of the worldly importance of the fight for liberty, he was convinced in the summer 1940 that France found itself engaged in a “30 years war” and that he must, in one fashion or another, pursue combat. He desired to fight against Nazism and the Vichy regime; however it took around 6 months after the retreat and because of the political arrests of July 1940 to remount himself and establish a premier connection with a resistant organization. In March 1941 at Paris, he rejoined the group “Musée de l’Homme”. Weeks later, he entered into a contract with the socialist resistants of the occupied zone (CAS) and then with the first militants of Libération-Nord. After becoming “head of the press and propaganda section” of the network Confrérie Notre-Dame in November of 1941 under the pseudonym “Pedro”, he transmitted to France Libre, during the winter 1941-1942, multiple strong reports on the state of the French opinion and political opinions, as well as on the birth of the Resistance in the occupied zone. Simultaneously, he established ties to London with the two principal movements of the Resistance in northern France: the Civil and Military Organization (OCM) and Libération-Nord, and in the free zone he made contact with Combat and Libération-Sud, as well as with the group Pierre Bertaux from Toulouse.

Reaching London in the spring 1942, strong with his political experience, his uncontestable patriotism, and his precursor status in the Resistance, rich from his excellent understanding of hand to hand combat and also of occupied France, this bright and charismatic intellectual imposed himself rapidly as one of the deciding voices in France Libre. October 1, 1942, he became, along with Colonel Passy, at the head of the Bureau of Central Intelligence and Action (BCRA). Companion of the Libération and member of the Council of the Order beginning in October 1942, Pierre Brossolette (“Bourgat”) appeared as the saint of saints of Gaullist forces, without losing his coherence for all that his lucidity about the man of June 18, as testified to notably by the letter informing of the true wishes in the green woods, which he addressed to Charles de Gaulle November 2, 1942. From June 1942 to March 1944, Pierre Brossolette completed three secret missions in France. From June 3 until September 13, 1942, he worked to convince personalities of diverse political, philosophical, and religious horizons to join fighting France. It was because of this that André Philip and Louis Vallon reached London in July 1942, the first becoming almost immediately the Commissioner of the Interior within the French National Committee. The arrival to the British capital of Charles Vallin, the former leader of the French Socialist Party (PSF), in the following month of September was on the other hand not as much of a success.

After having been in London the autumn of 1942, and as one of Moulin’s allies went on mission in zone libre, Brossolette returned to France January 27, 1943 for the mission codenamed “Brumaire”. In two and a half months, with Colonel Passy and the British agent of the Special Operations Executive (SOE) Forest Yeo-Thomas who rejoined them in February, he coordinated civic and military action for the five most important movements of the Resistance in the northern zone (Ceux de la Libération, Ceux de la Résistance, Front National, Libération-Nord, and OCM). March 26 Brossolette and Passy reunited the movement heads in the Committee of Coordination in the Northern Zone (CCZN). During this they reunited the paramilitary responsibilities of these movements in a Committee of Military Coordination. After having presented the CCZN to Jean Moulin April 3, then the military committee to Moulin and Delestraint April 12, they returned to London the night of April 15-16 in the company of Yeo-Thomas.  Not doubting that their initial mission within their order would be to lessen the hostilities of the directors of the French Resistance, Pierre Brossolette distributed the “New Instruction” of February 21 that Colonel Passy had given him when meeting in France. He could not rest until the mission “Brumaire” was a success and contributed to the formation in May 1943 of the CNR and the major state of the Armée Secrète (AS).

Unhappy at the succession of Jean Moulin, Pierre Brossolette (“Briand”, “Boutet”, “Baron”) came back to France in the company of Forest Yeo-Thomas on the night of September 18-19, 1943 with their mission to install the new delegate general of the CFLN, Emile Bollaert in his functions and to cooperate with the projects of reform of the press of Libération. Having a strong and impressionable understanding of the resistant milieu in the northern zone and profiting from the imprecision of a mission order objectively too small for a personality of his stature, of the central position conferred upon Bollaert, and also of the spread of field action assigned to Yeo-Thomas, Brossolette was deployed during the three months following of activity. During this time, he reestablished contact with his comrades of the Socialist Federation of the Dawn, planning ahead for the Liberation. Finally, with Forest Yeo-Thomas he made the incontestably useful work of reinforcing and improving the paramilitary organization of the interior Resistance and prepared Libération, Pierre Brossolette did not take less liberty with the instructions received from Algeria, supporting notably the rival of CNR the Central Committee of Resistance Movements (CCMR), and marked his skepticism at the consideration of establishing a Bureau reduced to five members. Because of this, he fought against the authority of Georges Bidault, new president of the CNR, and also against Claude Bouchinet-Serreulles and Jacques Bingen who, during the summer, had both assumed the interim of the Delegate General.

Recalled to London at the same time as Bouchinet-Serreulles, Brossolette plead that the mission not completely be scrapped and shown in the Lysander that, on the night of November 15-16, 1943, Yeo-Thomas would be taken to London. After having tried to leave December of 1943 and also in January 1944, Pierre Brossolette chose with Emile Bollaert to embark again using a maritime channel. Leaving the night February 2 with fifteen other companions, the two men ended up entering the bay of Audierne at dawn February 3 with their boat Le Jouet des Flots. Received by local resistants, they would be stopped that same night and struggle to flee the coastal zone. Incarcerated with Bollaert at the prison in Quimper and then moved to Rennes, Brossolette was identified by the Nazis March 16. He was transferred to Paris with Bollaert the night of March 19-20 and tortured without rest for two and a half days. He committed suicide March 22 without having spoken a word.

This brief panorama of Pierre Brossolette’s journey in the Resistance would be incomplete without the evocation of his political and propagandist activities. During articles in public conferences, as well as on the radio of the BBC, Brossolette established himself as an ardent promoter of the Gaullist regime. Denouncing regularly Vichy and the collaborators, he was in favor of the union of the Resistance movements under Charles de Gaulle, always evoking a France reborn under what he denoted “l’Esprit de la Résistance”. He was also the inspired cantor of the French combatant epic and of the action of “supporters of glory”, according to the expression which he employed September 22, 1942 denoting the anonymous resistants. Furthermore, convinced that the Liberation would naturally rebirth partisan liberty and democracy, he was characterized by the constant reflection on renovating the political, economic, and social structures of his country. Nauseated by the surrender July 10, 1940, yet convinced of the importance that their reaction would play in the eyes of the Allies, he finished by admitting the inclusion of political parties who had rejoined the dissidence movement during instances directed by the French Resistance. As a personal title, one said of him that wanted to be, according to proper terms, “Gaullist during the war and the Liberation”, never neglected his socialist engagement and even dedicated a part of his last mission to reanimating his political network for the coming Liberation.

However, exemplary in the infamous minority who knew to extract themselves from the 1940 disaster and oppose it, then becoming one of the principal artisans of the French Resistance unification, Pierre Brossolette’s legacy after death was contrasted. From the end of the war and for around 20 years, he imposed himself on the French memories as one of the grand figures of the Resistance. When entering the ashes of Jean Moulin into the Pantheon, December 19, 1964, the memory of Brossolette had begun to wane. However, since 1984, the renewal of the historiography of the Resistance and of national commemorations has returned him to a place in keeping with what his work had done in the Resistance.  

 

Traduction : John Vanderkloot


Guillaume Piketty, «Pierre Brossolette», in DVD-ROM La Résistance en Île-de-France, AERI, 2004.