Fréquence des sabotages ferroviaires, 1943-1944

Légende :

La fréquence des sabotages dans la Drôme varie selon l'époque et les événements militaires.

Genre : Image

Type : Graphique

Producteur : Jean Sauvageon

Source : © AERD Droits réservés

Détails techniques :

Graphique couleur.

Date document : 2004

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme

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Analyse média

Chaque colonne rouge est proportionnelle au nombre de sabotages dans les mois de février 1943 à août 1944 en application du Plan vert. (Pour retarder l'arrivée des renforts allemands au lendemain du débarquement de Normandie, les forces armées de la Résistance ont mis en oeuvre les plans de sabotage des moyens de communication : Plan vert pour les voies ferrées, Plan violet pour les lignes téléphoniques et Plan bleu pour les installations électriques).
Les périodes les plus intenses se situent au cours de l’hiver 1943-1944, puis du 6 juin à fin août 1944.

D'après les études menées par René Ladet, on compte 171 coupures avec déraillements et surtout les 41 coupures de voies ferrées en juin 1944. Il semble cependant que le nombre soit sensiblement supérieur. Deux importantes attaques, après déraillement provoqué, contre des trains de permissionnaires allemands, le 10 décembre 1943 à Portes-lès-Valence et le 25 février 1944 au défilé de Donzère, sont citées dans les mémoires du général de Gaulle. Une centaine d'autres sabotages ont été perpétrés contre le matériel (engins 32, incendies 16, divers 56). Le total général pour le département est proche de 300 actions réalisées. Leur répartition dans le temps figure sur le graphique annexé, Sabotages en 1943 et 1944.

Ces actions placent le département de la Drôme parmi les premiers pour le nombre de sabotages des voies ferroviaires.


Auteurs : Jean Sauvageon

Contexte historique

En octobre 1942, lors d'une conférence à Genève, les résistants de terrain proposent des sabotages sur les voies ferrées et les canaux par où partent les productions françaises vers l'Allemagne, plus efficaces que les bombardements. À Londres, on prend conscience que les bombardements aériens ont des conséquences psychologiques désastreuses. Les Alliés acceptent alors un plan d'action par lequel ils réduisent le nombre de bombardements et de mitraillages et confient aux groupes armés résistants, qui montent en puissance, une intensification des actions sur ces voies de communication. Le nombre de mitraillages par l'aviation alliée, en France, passe de 164 en novembre 1943 à 10 en décembre.
Parallèlement, la Résistance peut opérer sur les voies ferrées. Ce qui n'a pas empêché des bombardements meurtriers dont l'objectif était la destruction des installations ferroviaires. À Crest, le 13 août 1944, 27 avions américains lâchent environ 300 bombes de 250 kg, tuent 38 habitants, en blessent 40, détruisent 26 immeubles, en rendent 81 inutilisables, un millier de Crestois sont sinistrés... mais le pont du chemin de fer, sur la Drôme, n'a pas été touché. D'ailleurs, les voies avaient été rendues inutilisables, les rails enlevés par les FFI (Forces françaises de l'intérieur) plusieurs jours auparavant. À Saint-Vallier, le 16 août, vers 11 heures, les avions américains lancent une cinquantaine de bombes de 500 kg à 1 000 kg, causant 96 morts, 248 blessés, détruisant 43 immeubles dans un quartier très populeux, entraînant 1 500 sinistrés. Tout un quartier détruit, mais le pont du chemin de fer (PLM Paris-Lyon-Marseille) et le pont routier enjambant la Galaure n'ont pas été touchés.
En octobre 1943, le nombre de sabotages diminue dans la Drôme, c'est la fin de l'occupation italienne et le début de l'occupation allemande, la répression est plus importante, la Résistance doit appréhender le nouveau contexte. Mais rapidement, on constate une augmentation importante du nombre de sabotages de locomotives notamment. On dénombre, en France, 220 coups de main en décembre 1943 dont 100 pour le Sud-Est entraînant de nombreux morts chez les Allemands. Par exemple, dans la Drôme, le 22 décembre, on compte douze morts et 40 blessés (dont 7 meurent peu après) suite au sabotage au moment du passage d'un train de troupes allemandes, entre Vercheny et Pontaix. Puis les actions diminuent jusqu'au débarquement du 6 juin pour s'intensifier en juin, juillet et début août 1944.


Auteurs : Jean Sauvageon
Sources : Dvd-rom La Résistance dans la Drôme-Vercors, éditions AERI-AERD, février 2007. René Ladet, Ils ont refusé de subir, 1987. Fédération des Unités combattantes de la Résistance et des FFI de la Drôme, Pour l\'amour de la France. H. Faure, Éphéméride. Claude Genest, Tain au quotidien. Gerland, La Résistance en Drôme centrale. L.F Ducros, Montagnes d\'Ardèche, tome 2. Paul Garcin, Interdit par la censure. Vincent-Beaume & Serusclat, archives SNCF. SHGN - rapport Cie Drôme R4, n°73/4 du 24/09/1943. ADD fonds FFI Drôme 9 J 8/9, 97J 91 - T8/1. ADD fonds Lamarche - 11J39. AN BCRA 3AG2/478 - 171Mi189, dossier 5, pièce 22. Service Historique des Armées de Terre (SHAT), 13P48, n°6, Archives Duclos, musée Montreuil - A12107/F2,68 \"communiqué n°42 des FTP (20 septembre 1943) \". Archives Musée Résistance nationale, Champigny. AN F/1cIII/1152, rapport préfet du 03/11/1943.