Etat des services d'Henri Auzias

Légende :

La fiche d'état des services, dite registre matricule, est sans conteste le document le plus intéressant pour qui cherche à retracer la carrière d'un soldat ou d'un sous-officier. On y trouve le détail des affectations, mais aussi la mention des blessures et des décorations qui auront marqué la carrière militaire de l'appelé.

Genre : Image

Type : Etats des services

Source : © Archives départementales des Alpes de Haute-Provence / 1 R 437 Droits réservés

Date document : 1932-1954

Lieu : France - Provence-Alpes-Côte-d'Azur - Alpes-de-Haute-Provence

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Analyse média

Détaillons les différents cadres de haut en bas, à gauche puis à droite.
Le premier cadre détaille l'état-civil de l'appelé : nom, prénom, date et lieu de naissance, domicile, profession, mais aussi l'identité des parents et leur lieu de résidence.

Le second indique la décision du conseil de révision et le classement sur la liste de recensement militaire. Le conseil de révision se réunit dans chaque département. Il se transporte de canton en canton et se prononce sur le sort des jeunes gens recensés au cours de l'année précédente et qui ont été préalablement examinés par une commission médicale. Henri Auzias a été classé dans la 2e partie de la liste, ce qui signifie qu’il sera affecté dans un service auxiliaire et non pas dans un service armé.

Figurent ensuite les états de service et les mutations diverses : Henri Auzias a été incorporé le 20 avril 1933 au 28e régiment du Génie Le 28e régiment du Génie est établit à la Citadelle de Montpellier. C'est le second réservoir de spécialistes des transmissions de la ligne Maginot. Il est affecté aux ouvrages des Alpes. De 1929 à 1939, le régiment se consacre à la formation des sapeurs télégraphistes et contribue à l'installation des réseaux des transmissions dans les secteurs fortifiés des Alpes.

Un an plus tard, il passe dans la disponibilité. Les hommes de la disponibilité et de la réserve sont appelés à des périodes d'exercices. En cas de mobilisation, les hommes de la disponibilité ou des réserves sont tenus de rejoindre leur poste. Henri Auzias se retire alors à Villevieille (Basses-Alpes).

A la déclaration de la guerre de 1939, le 28e Régiment, alors sous le commandement du colonel Chancereil, est dissous. Le centre mobilisateur 28 de Montpellier puis le dépôt de guerre du génie n° 28 lui succède sous le commandement en 1940 du colonel Vize Durant. Suite à la mobilisation générale, iHenri Auzias est rappelé à l’activité le 4 septembre 1939 et affecté au dépôt du génie n°7. Passé aux transmissions, il est rattaché au dépôt du génie 28 le 1er mai 1940 puis démobilisé le 21 juillet 1940.

La deuxième partie des états de service concerne ses activités résistantes. « A servi dans les FFI du 9/12/1943 au 23/2/1944 dans les conditions fixées par le décret du 20/9/1944. A été fusillé le 23/2/1944. Certificat d’appartenance n°6007 BRFFCI/Fi-SP en date du 28/2/1952 délivré par le général commandant la 4e région militaire à Bordeaux. Maintenu dans le grade d’homologation de lieutenant à compter du 1/2/1944. » Le décret du 20 septembre 1944 définit le statut des Forces françaises de l’intérieur.

Viennent ensuite trois cadres où figurent les antécédents judiciaires, les campagnes militaires, les blessures, citations, décorations…Le dernier cadre est réservé aux militaires placés dans la disponibilité ou dans la réserve après leur service militaire et renseigne sur les périodes d’exercices effectuées.

Le cadre en haut à droite mentionne le numéro matricule de recrutement, et la classe de mobilisation ; le signalement physique puis le degré d’instruction. Voici le signalement d’Henri Auzias : Cheveux châtains, yeux châtains, front découvert, nez allongé, visage allongé, 1m63. Le degré d’instruction (4) indique qu'Auzias a obtenu le brevet de l’enseignement primaire. Viennent ensuite les différents corps d’affection puis les localités de domicile. On y apprend qu’Henri Auzias s’installe à Marseille le 4 février 1937.


Auteur : Fabrice Bourrée

Contexte historique

Né le 9 avril 1912 à Villevieille (Basses-Alpes), marié et père de deux enfants, Henri Auzias est agent manipulant au tri du bureau-gare de Marseille dès 1929. Il adhère au Parti communiste en 1935. De 1937 à 1939, il est élu secrétaire du syndicat des PTT de Marseille, section des ambulants. Il devient trésorier adjoint de l’union locale de Marseille le 5 mars 1939, puis entre à l’union départementale.

Après sa démobilisation en 1940, Henri Auzias continue de militer au sein du parti communiste clandestin, organise des groupes de base ainsi qu’une équipe spéciale à Marseille. Militant communiste connu, il est arrêté à son domicile marseillais en janvier 1941 et écroué à la prison militaire Saint-Nicolas de Marseille. Condamné par le tribunal militaire de Marseille, le 19 mars 1941, à quatre ans et trois mois de prison, il est transféré le 8 avril suivant à la Maison centrale de Nîmes. Henri Auzias y joue un rôle prépondérant dans l’organisation clandestine des détenus.

En octobre 1943, Auzias est transféré à la Centrale d’Eysses. Sur tout le parcours qui le mène avec ses compagnons de détention à Eysses, il entraine ses camarades à chanter des airs patriotiques et à clamer des slogans de la Résistance. A Eysses, il devient très rapidement le délégué communiste des internés aux côtés de Stéphane Fuchs, délégué gaulliste comme porte-parole des détenus auprès de l’administration pénitentiaire. Il défend avec ténacité les revendications de ses camarades et obtient de nombreuses libéralités : statut de détenu politique, vêtements civils, partage des colis… Il est également l’un des principaux organisateurs de la tentative d’évasion collective du 19 février 1944 qui se soldera par un échec. Condamné à mort par une cour martiale réunie à Eysses, il est fusillé le 23 février 1944 en chantant La Marseillaise et en criant « Vive la France ».

Chaque année, les postiers lui rendent hommage à Marseille où il repose dans le cimetière Saint-Pierre.


D'après Corinne Jaladieu, Michel Lautissier, Douze fusillés pour la République, Association pour la mémoire d’Eysses, 2004.