Lettre de la DGSN au sujet d'Henri Auzias (03/01/1964)

Légende :

Lettre du commissaire principal, chef de la section administrative de la Direction générale de la sûreté nationale, au commissaire divisionnaire, chef de la sûreté à Marseille, au sujet d'Henri Auzias. 

Genre : Image

Type : Lettre

Source : © SHD - BAVCC - 21P10887 Droits réservés

Détails techniques :

Document dactylographié

Date document : 3 janvier 1964

Lieu : France - Provence-Alpes-Côte-d'Azur - Bouches-du-Rhône - Marseille

Ajouter au bloc-notes

Analyse média

Le 21 décembre 1963, le Préfet des Bouches-du-Rhône sollicite auprès de la Direction générale de la Sûreté nationale, un rapport concernant l'arrestation et l'incarcération d'Henri Auzias à la suite d'une demande d'attribution du titre de d'interné politique émanant probablement de sa famille. 

La réponse de la DGSN a été établie à partir des archives conservées au greffe du tribunal des forces armées de Marseille. Ce rapport nous apporte quelques éléments nous permettant d'en savoir plus sur le parcours d'Henri Auzias. 
Henri Auzias a été arrêté le 18 janvier 1941 à son domicile marseillais, rue Saint-Régis (aujourd'hui rue Henri Auzias), par la Sûreté de Marseille, en exécution d'une commission rogatoire d'un juge d'instruction militaire en date du 28 octobre 1940. 
Le dernier paragraphe mentionne qu'Henri Auzias "était noté au service départemental des Renseignements généraux comme membre du parti communiste". C'est donc certainement en tant que militant communiste notoirement connu qu'Henri Auzias a été arrêté en janvier 1941. 

Ce rapport nous renseigne également sur l'incarcération d'Henri Auzias le 21 janvier 1941 à la prison militaire du fort Saint-Nicolas à Marseille. Le 19 mars 1941, il est jugé par le tribunal militaire de Marseille et condamné à 4 ans et trois mois de prison pour infraction au décret loi du 26 septembre 1939 portant dissolution des organisations communistes. Le 8 avril 1941, Henri Auzias est transféré à la maison centrale de Nîmes. 


Auteur : Fabrice Bourrée

Contexte historique

Né le 9 avril 1912 à Villevieille (Basses-Alpes), marié et père de deux enfants, Henri Auzias est agent manipulant au tri du bureau-gare de Marseille dès 1929. Il adhère au Parti communiste en 1935. De 1937 à 1939, il est secrétaire du syndicat des PTT de Marseille, section des ambulants. Il devient trésorier adjoint de l’union locale de Marseille le 5 mars 1939, puis entre à l’union départementale.

Après sa démobilisation en 1940, Henri Auzias continue de militer au sein du parti communiste clandestin, organise des groupes de base ainsi qu’une équipe spéciale à Marseille. Militant communiste connu, il est arrêté à son domicile marseillais en janvier 1941 et écroué à la prison militaire Saint-Nicolas de Marseille. Condamné par le tribunal militaire de Marseille, le 19 mars 1941, à quatre ans et trois mois de prison, il est transféré le 8 avril suivant à la Maison centrale de Nîmes. Henri Auzias y joue un rôle prépondérant dans l’organisation clandestine des détenus. 

En octobre 1943, Auzias est transféré à la Centrale d’Eysses. Sur tout le parcours qui le mène avec ses compagnons de détention à Eysses, il entraine ses camarades à chanter des airs patriotiques et à clamer des slogans de la Résistance. A Eysses, il devient très rapidement le délégué communiste des internés aux côtés de Stéphane Fuchs, délégué gaulliste comme porte-parole des détenus auprès de l’administration pénitentiaire. Il défend avec ténacité les revendications de ses camarades et obtient de nombreuses libéralités : statut de détenu politique, vêtements civils, partage des colis… Il est également l’un des principaux organisateurs de la tentative d’évasion collective du 19 février 1944 qui se soldera par un échec. 

Condamné à mort par une cour martiale réunie à Eysses, il est fusillé le 23 février 1944 en chantant La Marseillaise et en criant « Vive la France ». 

En juillet 1945, son nom fut donné à la rue Saint-Régis à Marseille où il demeurait. Chaque année, les postiers lui rendent hommage à Marseille où il repose dans le cimetière Saint-Pierre. 


D’après Corinne Jaladieu, Michel Lautissier, Douze fusillés pour la République, Association pour la mémoire d’Eysses, 2004. Biographie d’Henri Auzias sur le site internet Maitron en ligne.