La cour des fusillés à La Chapelle-en-Vercors

Légende :

Ferme Albert où a lieu le massacre de 16 jeunes otages à La Chapelle-en-Vercors, le 25 juillet 1944

Genre : Image

Type : Mémorial

Producteur : Cliché Alain Coustaury

Source : © AERD, fonds Alain Coustaury Droits réservés

Détails techniques :

Photographie argentique en couleur.

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme - La Chapelle-en-Vercors

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Analyse média

De la ferme Albert ne subsistent que deux pans de mur, l’ouverture d’une fenêtre et un escalier encadrant la cour où a eu lieu le drame. Un mémorial a été installé dans des salles attenantes à la cour.

Le mur sert de support aux éléments commémoratifs, qui ont évolué depuis la Libération. Au centre de la croix, une petite croix de Lorraine (2 cm) avait été apposée, à une date inconnue. Elle a disparu, à une date inconnue ...!


 

Contexte historique

Depuis leur arrivée sur le Vercors, les nazis ont déjà massacré nombre de personnes et incendié beaucoup de fermes. La Chapelle-en-Vercors, chef-lieu de canton du Vercors drômois, a déjà subi une incursion de la Milice en avril 1944, puis, à partir du 12 juillet, le bombardement et le mitraillage sans relâche par des avions allemands venant de l'aérodrome de Valence-Chabeuil. Bombes explosives et bombes incendiaires détruisent environ le quart des maisons. Les habitants terrorisés se cachent dans la forêt. Mais la nuit du 25 juillet est un épisode terrible d'angoisse, suivi, au matin, de la découverte de l'horreur.

Le 25 juillet, les troupes allemandes venant de Vassieux et poursuivant leur périple meurtrier, arrivent à La Chapelle-en-Vercors. Pendant que certains officiers et soldats allemands sont attablés sur la place près de la fontaine aux Ours, leurs camarades procèdent au pillage systématique des maisons du village. Ils enfoncent les portes, fouillent et ressortent les bras chargés de vaisselle, de linge, de vêtements, de postes de TSF, d'argenterie, qu’ils chargent sur des chariots. Les bonnes bouteilles alimentent les tables des buveurs.
En fin d'après-midi, les nazis procèdent à l'arrestation des habitants qui sont rassemblés en trois groupes par sexe et par âge : les femmes et enfants, les hommes âgés de plus de 40 ans et les hommes de 17 à 40 ans. Ils les accusent d'être tous des terroristes. Vers 20 h, l'officier dirigeant l'opération autorise le groupe des femmes et enfants et celui des hommes âgés à aller chercher des couvertures et des vivres. Ils sont ensuite rassemblés dans les écoles et étroitement gardés. Que vont devenir les jeunes, plus sévèrement encadrés que les autres ?
La nuit tombe. Toute la population est dans l'angoisse. Soudain, vers 2 h du matin, retentissent des explosions, puis on voit monter des flammes. Le village brûle, du moins ce qui en reste après le bombardement et les incendies du 14 juillet. Les gens entassés dans l'école éclatent en sanglots. Tout à coup, on entend des rafales de mitraillettes et des coups de revolver, puis quelques explosions venant du côté de la ferme Albert où les jeunes ont été conduits. Mais il est impossible de sortir de l'école. Chacun est dans l'angoisse, n'osant croire au pire.
La nuit est longue. Au petit jour, le silence laisse deviner que les Allemands ont disparu. Les gens sortent prudemment de l'école et découvrent des maisons qui ne sont plus que cendres et murs calcinés. Et surtout, dans la cour de la ferme Albert dont les bâtiments finissent de brûler, les corps des seize jeunes, enchevêtrés, criblés de balles et achevés par quelques grenades. Les seize jeunes, dont neuf n'avaient pas vingt ans, sont enveloppés dans des draps et ensevelis dans l'après-midi. On découvrira encore quatre corps dans les hameaux voisins, dont celui de l'institutrice du hameau de Chabottes. Les dernières victimes seront, le 7 août 1945, cinq enfants du hameau de Gagnaire tués par l'explosion d'une grenade abandonnée.

Liste des seize jeunes hommes massacrés : Allouard Jean, Bouvet Aimé, Bayoud René, Bénevène Pierre, Borel Georges, Chabert René, Fontanabona Jules, Fontanabona Nello, Morin Paul, Rochas Robert, Rolland Léopold, Rolland Maurice, Rome Fernand, Revol Roger, Saint-André Philippe, Sitarz Stanislas.


Auteurs : Robert Serre
Sources : Le Pionnier du Vercors 1945-1946 et 1972-1999 périodique. De Lassus Saint-Geniès (général), De Saint-Prix Pierre, Combats pour le Vercors et pour la liberté, Valence, Peuple Libre, 1982. Escolan Patrice et Ratel Lucien, Guide-Mémorial du Vercors résistant, Paris, Le Cherche-Midi, 1994. Fédération des Unités combattantes de la Résistance et des FFI de la Drôme, Pour l’amour de la France, Drôme-Vercors 1940-1944, Valence, Peuple Libre 1989. Atrocités nazies dans le Vercors, Romans La Paix 1945. Association des Pionniers du Vercors, Le Vercors raconté par ceux qui l’ont vécu, Valence 1990. Atrocités allemandes dans le Vercors, documents authentiques recueillis par Mesdames Prévost et Rouvière, Paris SEN 1945. Gagnol et Pitavy, abbés, Le Vercors martyr, Vassieux, La Chapelle, sd