Maurice Dutheil de la Rochère

Légende :

Polytechnicien, officier d’active puis de réserve, ancien combattant de la Grande Guerre, Maurice Dutheil de la Rochère est l’un des responsables du groupe "La Vérité Française" affilié au réseau du Musée de l’Homme. Arrêté le 3 juillet 1941, il meurt en déportation.

Genre : Image

Type : Photographie d'identité

Source : © ONAC de Paris, dossier de carte du combattant de Maurice Dutheil de la Rochère Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc

Lieu : France - Ile-de-France - Paris - Paris

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Contexte historique

Maurice Dutheil de la Rochère est né le 9 mai 1870 à Versailles. Le 2 novembre 1889, il entre à l'Ecole polytechnique pour une durée de trois ans. Promu sous-lieutenant le 1er octobre 1891, il rejoint l'Ecole d'application de Fontainebleau puis est affecté le 1er octobre 1893 au 1er Régiment d'artillerie de marine avec le grade de lieutenant. Le 19 juillet 1894, il rejoint le 2e régiment d'artillerie de marine au Soudan où il reste jusqu'en 1898 avec le grade de capitaine. Pour ses faits de guerre au Soudan et pour la campagne de la Volta (1897), il est fait chevalier de la Légion d'Honneur. Il démissionne de l'armée en 1904 et part exploiter des terres au Sénégal.
En 1914, lorsque la guerre éclate, il est mobilisé et envoyé au 3e régiment d'artillerie coloniale puis au 81e avec le grade de chef d'escadron. Sept fois cité, il termine la guerre avec le grade de lieutenant-colonel. Il reçoit également la Croix du Distinguished Service Order (décoration britannique) puis est fait commandeur de la Légion d'honneur en 1923. Promu au grade de colonel de réserve le 15 juillet 1926, il est mis à la disposition du commandant militaire du Sénégal. En 1934, il est rayé des cadres de l'armée et admis à la position d'officier honoraire.
Ami d'enfance de Charles Maurras, Maurice Dutheil de la Rochère est souvent présenté comme un monarchiste et un contre-révolutionnaire. Certains témoignages tel celui de son petit-fils, Xavier de Rochefort, amènent à nuancer cette idée. Son cheminement quelques temps aux côtés de Maurras au sein de l'Action Française aurait été davantage induit par son anti-parlementarisme que par adhésion intégrale à une philosophie politique. Contrairement à Maurras, le colonel de la Rochère n'avait pas d'estime pour Pétain considérant que le véritable vainqueur de Verdun était le général Mangin et ses troupes coloniales. De plus, Dutheil de la Rochère était un fervent admirateur du général de Gaulle sur le plan de la théorie militaire et il l'aurait rencontré dans les années Trente.
Le colonel de la Rochère était présent le 28 juin 1940 quand les Allemands firent sauter la statue du général Mangin à Paris et c'est devant les débris de la statue qu'il retrouva son ancien camarade le colonel Hauet. Ensemble, ils décidèrent d'une résistance active à l'occupant. Il voulait à la fois lutter contre l'envahisseur mais également contrer tout mouvement subversif qui aurait pu naître en France. Le colonel Hauet mit le colonel de la Rochère en contact avec Boris Vildé et favorisa ainsi l'intégration de plusieurs groupes locaux au sein du réseau dit du Musée de l'Homme : les groupes "pompiers de Paris" et Vérité Française. Il fut le fondateur avec Jehan de Launoy et Julien Lafaye de ce dernier groupe.
Ses activités furent multiples : participation à la rédaction et à la diffusion des journaux Vérité Française et Résistance, création d'une chaîne d'évasion de prisonniers coloniaux en Allemagne en liaison avec Hauet, renseignement militaire par le canal de Vildé, participation à la création du groupe paramilitaire "Honneur et Patrie".
Arrêté le 3 juillet 1941, en même temps que le colonel Hauet, il fut incarcéré à Fresnes. Impliqué par la suite, dans l'affaire dite du Musée de l'Homme en raison de l'identification de son écriture et ne pouvant nier les faits, il sut disculper ses co-inculpés et ainsi faire libérer le colonel Hauet et ses collaborateurs. Condamné à mort le 18 mai 1942 pour activité anti-allemande par le tribunal militaire de Paris avec ses collaborateurs directs, il demanda au tribunal de payer pour tous. Cette grâce lui fut refusée et il fut déporté en sursis d'exécution en juin 1942, d'abord à la prison de Rheinbach puis au pénitencier de Sonnenburg (Pologne) où il mourut en janvier 1944 à l'âge de 74 ans.
Le colonel Dutheil de la Rochère a été homologué au grade de chef de mission de 1ère classe à titre posthume.

Décorations :
Commandeur de la Légion d'Honneur, Croix du combattant, Croix de guerre 1914-1918 avec 7 citations, Croix de guerre 1939-1945 avec palme, Médaille de la Résistance avec rosette, , Croix de guerre américaine, Distinguished Service Order.


Fabrice Bourrée in DVD-ROM La Résistance en ile-de-France, AERI, 2004


Sources :
Archives nationales, F60 1574 n°425 (dossier d'intervention).
Archives Xavier de Rochefort.
Bureau Résistance,  dossier individuel de Maurice Dutheil de la Rochère.
Service historique de la Défense, dossier individuel d'officier, 7Ye 1617.
Archives du Musée de la Résistance et de la Déportation de Besançon, archives Joseph de la Martinière.