Mariage de Geneviève de Gaulle et Bernard Anthonioz
Légende :
Mariage de Geneviève de Gaulle avec Bernard Anthonioz, jeune éditeur d'art, le 29 mai 1946. Le général de Gaulle et sa femme ainsi que leur fille Elisabeth assistent à la cérémonie religieuse.
Genre : Film
Type : Film
Source : © Institut national de l’audiovisuel Droits réservés
Détails techniques :
Film muet en noir-et-blanc. Durée : 1 minute 43 secondes.
Date document : 29 mai 1946
Lieu : Suisse
Analyse média
Le 28 mai 1946, le mariage civil de Geneviève de Gaulle et Bernard Anthonioz est célébré à Bossey, village situé à proximité de la frontière suisse et dont la famille Anthnonioz est originaire. Le lendemain, en l'église Notre-Dame à Genève, Geneviève de Gaulle et son mari reçoivent le sacrement des mains du futur cardinal Journet. Sur le parvis, souriantes, émues, les compagnes de déportation sont là. Seule Jacqueline d'Alincourt n'a pas pu être présente : elle est partie vivre aux Etats-Unis avec Pierre Péry, revenu comme elle de déportation et qu'elle a épousé en novembre 1945. Germaine Tillion est en revanche présente à Genève, et y rencontre pour la première fois le général de Gaulle.
Frédérique Neau-Dufour, Geneviève de Gaulle Anthonioz, CERF Histoire, 2004.
Contexte historique
Bernard Anthonioz naît à Genève en 1921. Après des études secondaires dans une section classique, il s’oriente vers des études de lettres à la faculté de Lyon en 1940. Avec Albert Béguin, son ancien professeur de latin et de grec, il fonde Les Cahiers du Rhône et les Trois Collines, après l’interdiction en 1941 des revues Esprit et Temps Nouveau. Il se chargera notamment de ramener de France les manuscrits frappés de censure, pour les faire publier en Suisse et contribuera ainsi à la publication des Yeux d’Elsa d’Aragon en 1942. Les Cahiers du Rhône publieront, pendant cette période troublée, Eluard, Bernanos, Cayrol, Pierre Emmanuel, T. S. Eliot, Maritain, Mounier, St John Perse.
Au sortir de la guerre, il entre chez Skira, éditeur d’art et il publie des ouvrages consacrés à des artistes comme Balthus, Giacometti, Léger, Matisse… Il noue alors ses premiers contacts avec le milieu de l’art contemporain. C’est à cette époque également qu’il fait une rencontre décisive avec André Malraux qu’il rejoint dès 1947 au RPF. Il travaille ensuite au Commissariat général du Tourisme dont il rénove l’image, en travaillant avec des photographes tels que Brassaï, Cartier Bresson ou Doisneau. Bernard Anthonioz intègre, en 1958, le cabinet de Malraux et participe activement à la mise en place du nouveau ministère chargé des affaires culturelles. Il s’occupe plus particulièrement de la politique patrimoniale et architecturale (restauration des grands monuments nationaux, loi-programme pour le classement des monuments historiques, mise en valeur et protection du patrimoine architectural contemporain). Il est ainsi à l’origine du classement de la Villa Savoye de Le Corbusier à Poissy. Il est également chargé de la réflexion sur la création artistique contemporaine. En 1962, est créé le service de la création artistique dont il prend la direction et où il va mettre en œuvre jusqu’en 1969, les principales mesures fondatrices d’une politique cohérente et audacieuse, toujours en vigueur. Ces mesures variées concernent aussi bien le soutien aux créateurs (mise en place du 1%, politique d’achat de l’Etat et de commandes publiques, aide à la première exposition, loi sur les dations…), que leur protection juridique et sociale (construction d’ateliers, décret sur les œuvres originales, extension de la sécurité sociale aux artistes plasticiens…).
Il crée en outre le Centre national d’art contemporain chargé de réunir et publier la documentation sur l’art contemporain, de prospecter sur les achats et les commandes aux artistes vivants, d’assurer la gestion de la collection mais aussi d’organiser des expositions d’artistes contemporains qui permettront au public français de découvrir Karel Appel, Sam Francis, Vieira da Silva, Klein, Reynaud, Hélion, Rancillac, Morellet, César et tant d’autres. Parallèlement, il encourage les premières grandes rétrospectives Picasso, Matisse, Miro, Braque ou Chagall et contribue à la renaissance des manufactures des Gobelins, de Sèvres ou du Mobilier national par une politique de commande à de jeunes créateurs (les Lalanne, Hadju, Soulages, Rebeyrolle, Debré, Zao Wou-ki).
Bernard Anthonioz sera également un acteur important de la décentralisation, avec la mise en place des conseillers régionaux délégués à la création artistique et des fonds régionaux d’art contemporain, les FRAC. Après son départ du ministère en 1969, il s’investira dans des actions de soutien à des institutions privées et au développement des fondations dans le domaine artistique (Fondations Maeght, Le Corbusier, Gleizes, Dina-Vierny, Fondation nationale des arts graphiques et plastiques …), de sauvetage de cités d’artistes comme la Ruche ou la Cité Fleurie, d’aide au développement des galeries d’art contemporain en région. Après une vie passée à œuvrer au service de la création artistique contemporaine, Bernard Anthonioz meurt à Paris le 14 juillet 1994.
Ouvrage collectif, Bernard Anthonioz ou la liberté de l'art, Editions Adam Biro, 1999.