Ordre du commandant de Lassus aux chefs de compagnies

Légende :

Des consignes précises de combat sont données aux chefs de compagnies par le commandant de Lassus Saint-Geniès.

Genre : Image

Type : Ordre de mission

Source : © Archives Albert Fié, fonds Compagnie Pons Droits réservés

Détails techniques :

Texte dactylographié sur feuille de papier 21 x 13,5 cm.

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme - L’Escoulin

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Analyse média

L'ordre de mission est dactylographié sur une feuille de papier d'une façon serrée traduisant une pénurie certaine de cette matière. L'en-tête est sommaire, il n'y a pas de renvois à la ligne. La présentation traduit une certaine précipitation. Ces consignes sont des ordres. Avec une certaine brutalité, de Lassus Saint-Geniès précise que les chefs peuvent être cassés mais qu'ils peuvent se racheter. La forme de l'écriture est loin d'être policée.

L'ordre de mission est signé par le commandant des FFI (Forces françaises de l'intérieur) de la Drôme et il s'adresse à toutes les compagnies du département.

Deux semaines après l'anéantissement de la Résistance du Vercors, le chef départemental des FFI constate l'échec de la stratégie suivie jusqu'alors et en tire les leçons. Il faut abandonner l'idée d'un front ou de zones derrière lesquels est implantée l'organisation traditionnelle d'une armée. Il convient de revenir à la tactique de la guérilla avec toutes les possibilités qu'elle procure.



Contexte historique

Il y a trois semaines que le Vercors a été attaqué par l'armée allemande. Le 21 juillet 1944, dans le cadre de l'opération Bettina, l'assaut est lancé sur les quatre flancs du massif. Une opération aéroportée spectaculaire anéantit Vassieux-en-Vercors. Le 23 juillet, la Résistance s'effondre et l'ordre de dispersion est donné par le commandement de la Résistance. Les résistants essaient d'échapper au ratissage soit en se réfugiant dans les profondeurs de la forêt, soit en essayant de rejoindre les vallées ce qui entraîne de nombreuses arrestations et exécutions lors des tentatives de franchissement du cordon de troupes allemandes cernant le massif. Ce n'est que vers le 5 août que les Allemands quittent le massif.

De Lassus Saint-Geniès essaie de rameuter ses troupes, de reconstituer les compagnies qui ont éclaté face à la puissance de l'ennemi.

Il demande un changement complet de tactique et surtout d'attitude. Plus question de parader en ville, au risque de se faire repérer par des espions.

En quelques lignes, de Lassus Saint-Geniès définit la guérilla. Les galons ne suffisent pas pour commander. Il faut des chefs énergiques maîtres de leur troupe et imposant des mesures exceptionnelles notamment la fluidité, c'est-à-dire une action brutale, rapide, en disparaissant immédiatement dans la nature. Il faut pratiquer la terreur avec des procédés très éloignés des règles du combat traditionnel. Le déguisement en militaire allemand est l'exemple même de la pratique de la guérilla. Elle est extrêmement dangereuse car, en cas de capture, l'exécution est immédiate.

De Lassus Saint-Geniès pense que le débarquement de Provence est proche et qu'il faut préparer la Résistance à soutenir l'action des Alliés. Il est nécessaire que les hommes recouvrent la confiance et reprennent le combat. La présentation de ces consignes générales tend à le prouver.


Auteurs : Alain Coustaury
Sources : Archives Albert Fié, fonds Compagnie Pons