Extrait du témoignage de Geneviève de Gaulle au procès Barbie (9 juin 1987)

Légende :

Retranscription d'extraits du témoignage de Geneiève de Gaulle lors du procès de Klaus Barbie le 9 juin 1987

Type : Témoignage

Source : © AFMD 44 Droits réservés

Date document : 9 juin 1987

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Rhône - Lyon

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Contexte historique

Le 11 mai 1987, pour la première fois en France, un criminel nazi comparaît devant une juridiction civile. Extradé de Bolivie ou il a vécu de 1951 à 1983, l'ancien officier de la Gestapo, Klaus Barbie, doit répondre des crimes imprescriptibles qu'il a perpétrés à Lyon, de 1942 à 1944 : la rafle du 9 février 1943, la déportation des quarante-quatre enfants juifs du foyer d'Izieu et de leurs accompagnateurs (6 avril 1944), l'organisation de l'un des derniers convois pour Auschwitz (11 août 1944). Au mépris de tout scrupule, le Hauptsturmfûrher (capitaine) du Reich se dérobe en arguant... sa citoyenneté bolivienne ! Mais il est contraint d'assister à l'audition des victimes et, un mois plus tard, d'entendre des témoins "d'intérêt général" : Marie-Claude Vaillant-Couturier, vice-présidente communiste de l'Assemblée nationale, et l'écrivain Pierre Durand, tous deux anciens déportés, Jacques Chaban-Delmas, résistant de la première heure, le sociologue Léon Poliakov et, bien sur, Geneviève de Gaulle Anthonioz sont de ceux-là. Tous sont convaincus du danger de l'oubli. " On a besoin [...] de connaître ses racines pour éviter les mêmes erreurs et mieux comprendre ce qui nous entraîne en avant [...]. On a le devoir de témoigner ", écourte Geneviève. Même si cela lui en coûte, le 9 juin 1987, "petit soldat parmi les petits soldats", elle pénètre dans la salle des assises de Lyon. Son passé de déportée la rattrape et les souvenirs du camp qu'elle égrène avec une dignité sans défaut refont surface. Trop sans doute. Puisqu'à l'issue de sa déposition, elle faiblit et, si elle donne le change aux journalistes, meurtrie dans sa chair, elle ne tarde pas à s'écrouler, foudroyée par un infarctus. "L'angoisse de ma mission a dépassé mes forces", concédera-t-elle. Une angoisse que, le 4 juillet 1987, l'annonce du verdict achève de dissiper. Aucune circonstance atténuante pour l'ancien SS qui est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité.