Le pont suspendu de Tarascon après les bombardements alliés, août 1944

Légende :

Le pont suspendu de Tarascon après les bombardements alliés, août 1944

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Société d'Histoire Les Amis du Vieux-Tarascon Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en sépia (voir aussi l'album).

Date document : Août 1944

Lieu : France - Provence-Alpes-Côte-d'Azur - Bouches-du-Rhône - Tarascon

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Analyse média

Le premier pont suspendu de Tarascon fut inauguré le 14 octobre 1829. Appelé « pont en fil de fer », il est l’œuvre de l’ingénieur Marc Seguin. Tarasconnais et Beaucairois n’étaient pas d’accord sur son emplacement, qui fut donc imposé par le préfet du Gard, dans le prolongement du quai nord du canal de Beaucaire. Sa construction dura six mois et employa environ 500 ouvriers. Lorsque les travaux furent achevés, il fut procédé à l’épreuve de rigueur : le pont fut chargé et recouvert de gravier d’une extrémité à l’autre durant trois jours.

Cependant, étroit et dangereux, ce pont fut remplacé en 1857 par un pont à quatre travées long de 464 mètres et large de six mètres, pour une charge utile de neuf tonnes.

Le 6 août 1944 à 18 h 30, 26 bombardiers moyens B-26 du 319th BG, en provenance de Decimomanu (Sardaigne) volent au-dessus de Tarascon. 17 appareils larguent 68 bombes de 31 tonnes (28 ne sont pas larguées). Le déluge de bombes, qui arrosent le pont SNCF, s’abat notamment sur les 2e et 5e arches (en partant de Tarascon), coupées et immergées dans le Rhône. Les avions volaient très bas et dans le sens du fleuve. Miraculeusement, aucun décès n’est à déplorer, et on ne dénombre pas plus de quatre ou cinq blessés. Les alertes, trop rapprochées, n'avaient pas été signalées par la sirène.

 

À noter que l'album photo présente des clichés des principaux ponts et du viaduc de la ville, datant d'avant et d'après les bombardements, ce qui permet de prendre la mesure de l'étendue des destructions. Il présente également des documents secrets du BCRAL au sujet des travaux effectués sur le pont par les Allemands en vue de le renforcer et d'y faire circuler leurs chars.


D'après le Bulletin de l’Association Les amis du Vieux-Tarascon, hors-série, juin 2006.

Contexte historique

Dans le courant de l’été 1944, la vallée du Rhône est un dispositif central dans la stratégie de guerre allemande (acheminement d’hommes et d’armes), comme, en riposte,  dans celle des stratégies de bombardements ciblés alliés.

Dans le cadre de bombardements stratégiques ou d’attaques au sol des objectifs fixes et mobiles, les ponts - ferroviaires et routiers - sont prioritairement visés. 
En remontant la vallée du Rhône depuis Arles, deux ponts relient l’actuelle région PACA à celle du Languedoc-Roussillon, à Beaucaire-Tarascon. Le plus gros trafic routier et ferroviaire entre Sud-Est et Sud-Ouest s’effectue en grande partie par ces deux ouvrages, les plus importants de la partie sud du Rhône.

D’une importance capitale pour l’armée allemande en retraite, la Wehrmacht renforce le tablier du pont ferroviaire par un platelage en madrier permettant le passage de véhicules et de blindés lourds, les ouvrages routiers voisins sur le Rhône ne se prêtant pas à cette opération.

Ce pont est le seul, entre Avignon et l’embouchure du fleuve, qui permette le passage d’engins blindés lourds, soit sur des plateformes, soit par leurs propres moyens. Il permet à des unités blindées stationnées dans le Sud-Ouest ou dans la région de Nîmes de venir renforcer les unités qui s’opposent au débarquement allié prévu sur les plages de Provence. Il permet aussi à des unités de se replier en conservant toutes leurs capacités tactiques.
Pour ces raisons, les ponts sont des objectifs particulièrement importants pour l’aviation alliée.

On dénombre, à cette période, trois types de bombardements :

-  les bombardements stratégiques : effectués par des bombardiers lourds du type B 17 « forteresse volante » ou B 24 « Liberator » en vol horizontal

-  les bombardements tactiques : effectués par des bombardiers moyens du type B26 « Marauder » ou B 25 « Mitchell », également en vol horizontal

-  les bombardements en piqué, semi-piqué ou en vol rasant : effectués par des chasseurs-bombardiers. La technique du bombardement en piqué est utilisée en cas d’appui aérien de troupes au sol. À partir du point initial, les avions « foncent » sur leurs objectifs pour larguer les bombes. Technique assez précise, mais très risquée pour le pilote.


D'après le Bulletin de l’Association Les amis du Vieux-Tarascon, hors-série, juin 2006.