"La reddition des 18.000 Allemands"

Légende :

Texte rédigé d'après le témoignage de Philippe de Vomécourt recueilli par l'abbé Guillaume en octobre 1945

Genre : Image

Type : Témoignage

Source : © Archives départementales du Loiret, 15J7 Droits réservés

Détails techniques :

Document dactylographié

Date document : Octobre 1945

Lieu : France - Centre - Val-de-Loire (Centre)

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Contexte historique

Le 10 septembre 1944, le général allemand Elster signe l'acte de reddition de ses troupes en présence du général américain Macon. Les représentants de la Résistance ont de quoi être frustrés par les clauses essentielles du protocole : "[...] Le commandement allié veillera à ce que les combattants irréguliers n'exécutent plus d'attaques et ne tendent plus d'embuscades contre le groupe de marche allemand. Le groupe de marche allemand (se portera) au nord, vers la Loire et atteindra celle-ci à Orléans, Beaugency et Mer. Pour l'exécution de ce mouvement, toutes les armes, tous les véhicules dont il dispose et son équipement au complet sont laissés à la disposition du groupe allemand.[...]". L'intransigeance d'Elster à garder son armement et son équipement au prétexte d'avoir à se défendre éventuellement contre les maquisards arrange bien les Américains. Pierre de Monneron, le sous-préfet d'Issoudun, essaie en vain d'obtenir que les Allemands déposent immédiatement les armes. Le colonel French s'oppose obstinément à sa demande, les Américains ne tenant pas à laisser un armement considérable entre les mains des "partisans". 

Face à cette situation, Philippe de Vomécourt décide d'en référer directement au général Eisenhower. Il se rend alors auprès de l'état-major du général Patton à Chalons-sur-Marne et s'entretient par téléphone avec Eisenhower. Il obtient l'accord d'Eisenhower de faire stopper la colonne allemande à condition que cela ne soit fait avant qu'elle ne commence sa traversée de la région. Philippe de Vomécourt repart avec un courrier signé du Lt-colonel Powel de l'état-major de la IIIe Armée américaine rédigé à l'attention du général Macon, commandant la 83e Division. 

Le courrier mentionne notammennt : "La situation résultant du fait que les Allemands ne seront pas désarmés est très sérieuse pour les FFI des régions où ces colonnes vont passer. Le commandant Saint-Paul vous donnera tous les détails nécessaires.(...) Le commandant Saint-Paul est autorisé par le colonel Jackson de retarder le commencement de la reddition pour 24 heures. Il devar vous rendre compte de cette mission".

Sur la route du retour qu'il effectue avec une jeep et un chauffeur mis à sa disposition, Philippe de Vomécourt a un accident de circulation entre Troyes et Sens et se brise trois côtes (une seule selon le télégramme qu'il envoie le 16/9 à 17h30). Arrivé tardivement à Briare, il prend un avion et se rend à Bourges auprès du colonel allemand qui devait conduire une des colonnes. De Vomécourt lui propose alors d'abandonner l'artillerie et l'armement lourd. Ce dernier accepte la proposition mais uniquement avec l'accord de l'officier allemand ayant signé l'acte de reddition. Le colonel allemand est donc escorté jusqu'à Romorantin par Philippe de Vomécourt et deux jeeps armées des SAS du colonel Bourgouin. A Romorantin, de Vomécourt remet la lettre de Powell au colonel French, représentant le général Macon. Ce dernier lui annonce alors qu'il ne peut rien faire. 

Selon Philippe de Vomécourt, le colonel French et le général Macon auraient été sanctionnés par leur hiérarchie après la guerre.


Auteur : Fabrice Bourrée
Sources et biliographie :
Archives départementales du Loiret, 15J7
Archives nationales, 72AJ140 et 156
Jean-Claude Bonnin in CD-ROM La Résistance dans le Cher, AERI, 2008