Philippe Albert de Crevoisier, baron de Vomécourt (1902-1964)

Né le 16 janvier 1902 à Chassey (Haute-Saône), Philippe de Crevoisier, baron de Vomécourt, devient agent du SOE en mai 1941 à la demande de son frère Pierre. Dans la nuit du 13 au 14 juin 1941, un parachutage d'armes, préparé par Pierre et Georges Bégué, a lieu dans un champ de la propriété de Philippe. Modeste, car il n'apporte que deux containers, il est notable car c'est le premier parachutage d'armes réalisé par le SOE en France. Arrêté le 12 novembre 1942, Philippe de Vomécourt est incarcéré à Limoges, Lyon puis Eysses d'où il s'évade le 3 janvier 1944.

 Après son évasion d'Eysses, Philippe de Vomécourt entame son voyage de retour en Angleterre où il arrive le 8 mars. Il reçoit alors pour mission d'organiser l'action de cinq équipes du SOE, composées d'un chef, d'un adjoint et d'un opérateur radio. La zone d'action concerne six départements (centrés sur la Sologne) : Loiret, Loir-et-Cher, Cher, Sarthe, une partie de l’Indre, et une partie de l’Indre-et-Loire.

Philippe de Vomécourt décède en 1964.

 

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1902-1939 haut ▲

Originaire de Lorraine, la famille de Crevoisier est accoutumée aux guerres. En 1870, le grand-père de Philippe est torturé et tué. En 1914, son père s'engage à 45 ans, et est tué dès le début du conflit. Né le 16 janvier 1902 à Chassey (Haute-Saône), Philippe de Crevoisier est élevé en Angleterre, comme ses frères Jean et Pierre. Rentré en France après l'armistice de 1918, il y fait son service militaire avec sa classe, comme mécanicien dans l'armée de l'Air (21e Bombardier de nuit). Il mène ensuite une vie mouvementée. Pour le compte de maisons d'exploitation ou de transports, il voyage en Afrique (Mozambique, Afrique du Sud, province du Zambèze...), aux Nouvelles Hébrides et en Australie. Il se marie  en 1928 en France au cours d'un séjour dans la métropole, puis lors d'un voyage suivant, emmène sa famille en Afrique.

De retour en France au début des années trente, il s'occupe d'une société d'insecticide agricole puis entre dans une usine d'aviation. En 1939, à la déclaration de guerre, âgé de 37 ans et ayant sept enfants, il n'est pas mobilisé. En juillet 1940, il retourne chez lui à Bas Soleil (Limousin), propriété qui appartenait à la famille Gay-Lussac et qui avait été donnée à son épouse par une tante Gay-Lussac. Philippe y recueille une partie de sa famille, quelques 56 personnes dont 37 enfants de mois de 14 ans. Après l'armistice, sans quitter la France comme son frère Pierre, il n'accepte pas l'Occupation et entreprend des actions pour s'y opposer.

1940-1942 : le SOE haut ▲

A l'été 1940, Philippe de Vomécourt accepte de travailler pour la Société de gérance des wagons de grande capacité (SGW) comme inspecteur pour la zone libre. Disposant ainsi d'un ausweis sur tout le territoire et d'un accès privilégié au trafic ferroviaire, il mène des actions de résistance isolées, s'attachant à retarder les expéditions de matériel et de marchandises vers le Reich.

Le 12 mai 1941, son frère Pierre, qu'il n'a pas vu depuis un an, se présente à sa propriété de Bas-Soleil. Il était en Angleterre, où il a été recruté par le SOE, et a été parachuté dans la nuit du 10/11 près de Châteauroux. Sans hésiter, Philippe accepte la mission que lui propose Pierre : il prend en charge l'organisation des premiers groupes d'action dans l'ensemble de la zone libre. Pierre fera de même en zone occupée, et ils proposeront à leur autre frère, Jean, la zone interdite. Dans la nuit du 13 au 14 juin 1941, un parachutage d'armes, préparé par Pierre et Georges Bégué, a lieu dans un champ de la propriété de Philippe. Modeste, car il n'apporte que deux containers, il est notable car c'est le premier parachutage d'armes réalisé par le SOE en France. En mai 1942, Philippe est arrêté à la gare d’Issoudun, mais réussit à s'échapper.

1942-1943 : arrestation et condamnation haut ▲

Le 12 novembre 1942, il est arrêté chez lui par la police judiciaire de Lyon et de Limoges suite à une dénonciation de l'un de ses agents, précédemment arrêté. Ce dernier l'aurait dénoncé à la police française pour éviter que Philippe de Vomécourt ne tombe entre les mains des Allemands qui étaient à sa recherche depuis les arrestations de ses deux frères. Le juge d'instruction de Limoges l'inculpe d' "association de malfaiteurs" sous le nom de Philippe de Crevoisier, ce qui permettra à Philippe de ne pas être repéré par les Allemands qui recherchent toujours Philippe de Vomécourt.  Le 24 juin 1943, la section de Lyon du Tribunal d'Etat le condamne à 3 ans de prison et 60.000 francs d’amende.

Janvier-octobre 1944 : 2e mission SOE haut ▲

Après son évasion d'Eysses, Philippe de Vomécourt entame son voyage de retour en Angleterre, qui passera par les Pyrénées et l'Espagne, en compagnie de Gaillard. Début mars, il arrive en Angleterre où il suit un entraînement de quelques semaines avant de recevoir une nouvelle mission : organiser l'action de cinq équipes du SOE, composées d'un chef, d'un adjoint et d'un opérateur radio. La zone d'action concerne six départements (centrés sur la Sologne) : Loiret, Loir-et-Cher, Cher, Sarthe, une partie de l’Indre, et une partie de l’Indre-et-Loire. En avril 1944, quelques jours avant son départ, il glisse pendant une séance de culture physique et se déchire un muscle de la jambe : il devra faire le voyage en Lysander, tandis que ses équipiers seront parachutés avant lui, tels Stanislaw Makowski, son adjoint, et Muriel Byck « Violette », son opérateur radio. Dans la nuit du 9 au 10, il est déposé par Lysander près de Châteauroux. 

1944-1964 haut ▲

En octobre 1944, Philippe de Vomécourt rentre chez lui, et retrouve sa femme, qui le croyait mort, car aucun des messages qu'il lui avait envoyés n'avait été transmis. A la fin de l'année, il essaye d'organiser des parachutages de volontaires en Allemagne pour faire la liaison entre les prisonniers et déportés et les états-majors. Il suggère aussi la création des "Forces françaises de l'Extérieur" pour prendre l'Allemagne de l'intérieur en désorganisant les routes et en empêchant l'exode et le massacre des prisonniers de guerre. 

Quelques temps après, il s'engage dans l'UNRRA (Administration des Nations-Unies pour le secours et la réhabilitation). Il préside pendant plusieurs années aux destinées de "Libre Résistance", amicale des anciens des réseaux de la section F du SOE. Philippe de Vomécourt décède en 1964.