Bombardement de la gare de triage de Portes-lès-Valence

Légende :

Les bombardements par l'USAAF (United States Army Air Forces : force aérienne de l'armée des Etats-Unis) de la gare de triage ont détruit les installations mais ont fait aussi des victimes civiles.

Genre : Image

Type : Photo

Producteur : Inconnu

Source : © ADD, fonds Pierre Vincent-Beaume Droits réservés

Détails techniques :

Photographie argentique noir et blanc.

Date document : Août 1944

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme - Portes-lès-Valence

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Analyse média

La photographie présente le paysage d'une gare de triage bombardée. Rails tordus, wagons incendiés, cratères de bombes témoignent de la violence du bombardement qui paralyse pour plusieurs jours le trafic ferroviaire de l'axe ferré majeur de la vallée du Rhône. Les collines de l'arrière-plan permettent de localiser le triage de Portes-lès-Valence.


Auteurs : Jean Sauvageon et Alain Coustaury

Contexte historique

Portes-lès-Valence possède une importante gare de triage qui a été l’objet de nombreux sabotages de la part des résistants pour entraver la circulation des convois allemands (hommes ou matériel). Les sabotages ont entraîné des représailles. Le 8 juillet 1944, à la suite du sabotage du 6 juillet, 33 prisonniers de la prison de Montluc de Lyon sont exécutés devant un mur de la gare de triage.

Elle a subi également trois importants bombardements par l’aviation alliée, pour freiner la retraite de l’armée allemande, notamment en août 1944.

Les bombardements de Portes décrits dans cet extrait de « Portes-lès-Valence - Km 106 » ne sont qu’un exemple. D’autres bombardements meurtriers ont touché les villes de Crest, Valence-sur-Rhône, Saint-Vallier-sur-Rhône notamment.

« Nous sommes le 10 mai 1944. Dans la nuit. Portes est bombardé. C'est le premier bombardement de la Drôme, notre commune a la triste honneur de recevoir la première, le baptême du feu. Peu de destructions mais hélas six victimes. Ce sont ensuite les deux bombardements meurtriers des 2 et 6 août 1944. À deux reprises, un déluge de fer et de feu s'abat sur notre cité pilonnée par plus de deux mille bombes. Les vagues de bombardiers passées, la commune offre un aspect de désolation. Du riant petit village, il demeure surtout des ruines ; dans sa sécheresse, le bilan des destructions est suffisamment éloquent : quatre-vingts maisons totalement écrasées, la plupart des autres immeubles sinistrés ou partiellement détruits, les écoles de garçons et de filles en grande partie démolies, l'école des chalets anéantie, le réseau d'éclairage électrique détruit, les canalisations d'eau coupées en plusieurs points, la route nationale truffée de trous de bombes, les chemins vicinaux rendus impraticables. La commune était sinistrée à quatre-vingts pour cent. La gare et les installations ferroviaires avaient aussi beaucoup souffert. Dans le triage, c'était une vision apocalyptique : sept cents wagons écrasés ou démantelés et que le souffle des explosions avait projetés les uns sur les autres, roues en l'air ; un amoncellement de ferrailles, un enchevêtrement de tôles, de câbles, de rails, et, ici et là, des pylônes tordus, semblables à des bras gigantesques se dressant dans un geste de vaine imploration. La plainte des machines blessées, s'exhalant comme un râle, faisait à ce spectacle un lugubre fond sonore. Une grande partie de la population, alertée à temps, avait pu fuir. Aussi, les pertes humaines, toujours trop nombreuses, sont cependant faibles par rapport à la violence des bombardements. Ce sont pourtant neuf tués le 2 août 1944 et deux morts le 6 août qui s'ajoutent eux six du premier bombardement, portent à dix-sept le nombre des victimes des raids aériens. »

La description traduit bien l'ampleur des dégâts. Non seulement le triage est touché mais les habitations ont fortement souffert du manque de précision du bombardement. On retrouve dans cet exemple les conséquences de la tactique de bombardement « carpet bombing - tapis de bombes » à haute altitude par des vagues de bombardiers. L'imprécision se traduit par des destructions autres que celles des objectifs visés. Le souvenir de ces erreurs est resté vif dans la mémoire des habitants des cités bombardées. On les rappelle quand on évoque les conflits postérieurs où les bombardiers de l'USAAF interviennent. Des quartiers entiers de cités drômoises ont été reconstruits après ces bombardements imprécis. On peut citer les environs de la préfecture à Valence-sur-Rhône, des bords de la Galaure à Saint-Vallier-sur-Rhône. Plus catastrophique est le bilan humain des bombardements alliés, surtout ceux menés par l'USAAF. On estime qu'environ 700 personnes ont été tuées lors de ces opérations. Même si la comparaison est difficile à faire, les pertes liées aux bombardements allemands sont de l'ordre de 70 personnes.


Auteurs : Jean Sauvageon, Alain Coustaury
Sources : Portes-lès-Valence - Km 106