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Brassard des FFIA de Mulhouse

Genre : Image

Type : Brassard

Source : © Collection Maurice Bleicher Droits réservés

Lieu : France - Grand Est (Alsace) - Haut-Rhin - Mulhouse

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Analyse média

Ce brassard a bande tricolore horizontale comprend en son centre deux croix de Lorraine et le cachet des FFIA (Forces françaises de l'intérieur d'Alsace) de Mulhouse.


Fabrice Bourrée

Contexte historique

C'est au printemps 1944 que Paul Winter, alias "commandant Daniel", commence à mettre en place les divers groupements et organisations autour d'un organisme commun, les FFI. Il rencontre son homologue bas-rhinois, le commandant des FFI d'Alsace ainsi que le chef d'état-major de ce dernier lors d'une réunion à Grendelbruch (Bas-Rhin) du 17 au 22 juin 1944. Sur place, il charge Auguste Riegel, alias "oncle Auguste", pour en diriger directement la coordination sur Mulhouse. Ce dernier est également nommé chef de l'état-major des FFI du Haut-Rhin. 

Il est ainsi chargé de recruter les cadres, mettre en place les groupes dans les villages et établir un plan d'action. Dans ce cadre, il est bien secondé par Xavier Haas, responsable de la résistance des cheminots, qui forme des groupes d'intervention à Riedisheim-Village, Ile-Napoléon, ateliers des chemins de fer, gare centrale et gare du Nord-Mulhouse. 

Cette organisation nécessite de fréquents déplacements et de multiples entrevues. En effet, rien que dans le secteur de Mulhouse et environs, près de huit organisations clandestines subsistent: le réseau Martial, la résistance cheminote, Libération Nord, Bouquet Tricolore, Ligue Nationale d'Alsace (LNA), le groupe Wodli et un autre indépendant dans le secteur de Mulhouse-Nord. 

A l'issue des premières entrevues, un groupe de cadres est constitué avec Paul Winter et Auguste Riegel, respectivement chef et chef d'état-major. Ils sont secondés par les capitaines Xavier Haas, Georges Winter, Joseph Clerc, René Waechter, Joseph Wasmer, René Feldmann, Joseph Riebel et le médecin Bernard Rudler. Ces derniers sont épaulés par les lieutenants Eugène Dessoud, Francis Fatscher, Henri Ohnenstetter, Joseph Blenner et Guillaume Guth. Ce dispositif est complété par le médecin Fred Kueny et l'adjudant René Schoch. Tous ces cadres sont, dans la grande majorité, des officiers de réserve de l'armée française et issus de la clandestinité. Par la suite, et notamment après la Libération, chacun prendra en charge un service essentiel au sein du Comité départemental de Libération (CDL). 

Devant le manque d'armes et de munitions, les cadres ne peuvent qu'exhorter les FFI à l'attente car toute action prématurée pourrait coûter très chère à la population locale. Il s'agit donc d'attendre les combats de la Libération et l'arrivée des Alliés pour mobiliser l'ensemble du dispositif. Néanmoins, l'organisation du ravitaillement se met en place, notamment grâce à la maison Waechter. D'autres actions sont développées comme la recherche d'armes et de munitions chez l'ennemi même et le renseignement. 

En effet, dans le même temps, les FFI doivent combattre les agents provocateurs de la Gestapo qui n'hésitent plus à entrer en clandestinité afin de démanteler les maquis comme le capitaine Lenoir et l'affaire de Sondernach en novembre 1944. L'étau se resserre ainsi autour de plusieurs cadres FFI dont Paul Winter et Auguste Riegel, ce dernier vivant dans la clandestinité. 

A la mi-novembre 1944, les canons se font entendre et une certaine effervecence règne chez les FFI. Les nouvelles sont diverses et variées et ne premettent pas de se donner une idée précise de l'état du front. Toutefois, dans la nuit du 19 au 20 novembre, des brassards officiels sont distribués à des sections spéciales et les cachets officiels sont deterrés. Désormais, le dispositif des FFI est prêt à entrer en action.


Eric Le Normand in DVD-ROM La Résistance des Alsaciens, Fondation de la Résistance - AERI, 2016