Élections législatives 21 octobre 1945 : liste de la Résistance

Légende :

Élections législatives du 21 octobre 1945 : liste de la Résistance

Genre : Image

Type : Document officiel

Source : © Collection Robert Serre Droits réservés

Détails techniques :

Format 10 x 17,5 cm.

Date document : Octobre 1945

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Analyse média

La « liste de la Résistance sociale et antifasciste » comporte des grands noms de la Résistance, le préfet de la Libération, un délégué de la CGT (Confédération générale des travailleurs) clandestine, l’ancien chef des FFI (Forces françaises de l'intérieur) et un maire, ancien chef de maquis.


Auteurs : Robert Serre

Contexte historique

Dans la France en paix, les électeurs, et, pour la deuxième fois après les municipales du 29 avril 1945, les électrices, sont appelés aux urnes le dimanche 21 octobre 1945 pour procéder :
- d’une part à une consultation par référendum sur deux questions : « Voulez vous que l'Assemblée élue ce jour soit constituante ? » et « Approuvez-vous [l’organisation proposée des pouvoirs publics ?] »
- d’autre part pour élire des députés à l’Assemblée. La Drôme dispose de quatre sièges.

Au référendum, en Drôme comme sur l’ensemble de la France, une majorité écrasante, de l’ordre de 95 % des suffrages exprimés, vote « oui » en réponse à la première question. Par contre, la très forte influence du parti communiste dans le département démarque nettement la Drôme qui n’accorde que 51,1 % de réponses favorables à la question de l’organisation provisoire des pouvoirs publics alors que 66,3 % des Français y ont répondu « oui ». Pour l’élection législative, qui a lieu au scrutin proportionnel, six listes de candidats sont en présence. Trois émanent des partis existant avant la guerre : la liste communiste (Maurice Michel, René Eymes, Jenny Flachier et Aimé Buix), la liste socialiste (Marius Moutet, Marcel Cartier, Benjamin Malossane et Paul Reboul) et la liste radicale (Marc Curart, Gilbert Vincent, Paul Evesque et Fortuné Jacquier). Le nouveau parti, le MRP (Mouvement républicain populaire) présente Pierre Dhers, Pierre Gauthier, Fernand Fourel et Charlotte Chaze. Les deux autres listes ne peuvent entrer dans ce classement : la liste indépendante (Paul Deval, Marcel Barbu, Raymond Crozier et Jean Chaix) rassemble des gens réellement indépendants et inclassables, la sixième liste s’intitule « liste de la Résistance sociale et antifasciste », elle est formée de Pierre de Saint-Prix, Charles Jullian, Jean-Pierre de Lassus (ex-colonel "Legrand") et Charles Caillet, donc de hautes personnalités de la Résistance, trois d’entre elles étant membres ou sympathisants du parti socialiste. Si les listes communiste, socialiste et indépendante contiennent d’importants membres de la Résistance, ce n’est pas le cas des listes radicale et MRP.

La première place de la liste communiste avec 27,4 % des suffrages exprimés n’est pas une surprise : sa tête de liste, Maurice Michel, est élue. Par contre, les autres résultats en surprennent plus d’un ! La liste MRP est en deuxième position avec 22,9 % des voix et un élu, Pierre Dhers. Puis vient la liste indépendante avec 21 % des voix et un élu Paul Deval. Enfin, la liste socialiste avec 15,7 % des voix et un élu, l’ancien ministre Marius Moutet La liste radicale avec 8 % des suffrages exprimés, et la liste de la Résistance avec 5 % des suffrages exprimés (3,6 % des inscrits).
Qu’est-ce qui a changé depuis l’avant-guerre ? Département relativement "de gauche" avant la guerre, la Drôme le reste à la Libération. On notera le poids considérable du Parti communiste, qui a gagné une grande popularité par sa forte participation à la Résistance, l'écroulement des radicaux, qui dominaient avant-guerre la vie politique locale, et qui perdent toute influence, la percée du tout jeune MRP, malgré le manque de notoriété de ses candidats (Pierre Dhers n’a fait qu’un passage de deux ans de 1940 à 1942 comme professeur dans la Drôme), et de la liste indépendante, dont les « forts en gueule » originaux ont séduit.

Mais le plus marquant est l’échec de la liste de la Résistance, malgré la présence du préfet de la Libération et du chef départemental des FFI. D’abord, on l’a dit, des résistants appréciés figurent dans d’autres listes. Et surtout, les Drômois ont jugé qu’on est passé dans un autre domaine, celui de la gestion du pays.

Comme l'écrit Philippe Buton : « Les résistants se dispersent sur l'ensemble de l'échiquier politique et la Résistance cesse d'être une force politique pour devenir désormais une référence morale à laquelle tout le monde essaie de se rattacher", elle "n'a pas modifié le cadre des controverses politiques qui existaient avant la guerre ».


Auteurs : Robert Serre
Sources : Dvd-rom La Résistance dans la Drôme, le Vercors. Philippe Buton, La France des années noires, tome 2, Seuil 1993.