La reconnaissance de Londres (printemps 1942)

Pierre Brossolette, ancien militant de la SFIO, en lien avec le Comité d’Action Socialiste et avec Libération-Nord, chef de la section propagande du réseau la Confrérie Notre Dame du colonel Rémy, transmet des rapports très appréciés à Londres sur la situation en France. Dans sa librairie de la rue de la Pompe, il a reçu Christian Pineau, représentant connu des syndicalistes de la fonction publique, délégué par ses camarades du comité directeur de Libération-Nord. Son intention est de le recommander à Passy pour qu’il rende compte au général de Gaulle des initiatives de la Résistance auprès des syndicalistes et des ouvriers.

De son côté, désireux de rompre l’isolement sur la recommandation de Brossolette, Pineau est l’un des tout premiers chefs de mouvements de résistance de zone occupée à se rendre à Londres en février 1942. André Philip, ancien député socialiste du Rhône, lui a conseillé de demander à de Gaulle la “déclaration” réclamée par les chefs des principaux mouvements de zone sud Combat, Libération-Sud et Franc-Tireur pour appuyer la mission de Jean Moulin chargé de sceller leur ralliement à de Gaulle. “La déclaration aux mouvements” où sont affirmés les principes républicains et démocratiques de la France libre, est rapportée par Christian Pineau.

Le BCRA lui a donné consigne, pour remplir des missions politiques, de mettre sur pied le réseau Phalanx. Pineau devenu inspecteur au ministère du Ravitaillement du gouvernement de Vichy, prend la tête de la branche de zone sud tandis que Jean Cavaillès se charge de Phalanx - nord, qui devient plus tard Cohors.

Auteur(s): C. Levisse-Touzé et D. Veillon

Plan de l'expo

Crédits

Bibliographie

Missions de Libé-Nord (printemps 1942-1943) haut ▲

À la suite de son premier voyage à Londres en mars-avril 1942, Christian Pineau, à la tête du mouvement Libération-Nord, se voit confier par le Bureau central de renseignements et d’action de la France libre, la création du réseau de renseignements Phalanx avec une antenne dans chaque zone. Pour la zone nord, la direction est confiée à Jean Cavaillès, éminent philosophe et mathématicien, avec comme adjoint, son ancien élève Jean Gosset. Si les services de transmission sont à l’origine communs, la nécessité se fait bientôt sentir, par souci de sécurité, de devenir autonome. Cavaillès s’émancipe de la tutelle de Phalanx aux orientations trop politiques. C’est lors de sa mission à Londres de février à avril 1943 que se concrétise le détachement de Cohors qui fait de la collecte de renseignements économiques et militaires, sa spécialité. Est créée au même moment une section « action » confiée à Jean Gosset. Cavaillès recrute son beau-frère, Marcel Ferrières et groupe autour de lui des hommes et des femmes de milieux divers (polytechniciens comme lui, industriels, scientifiques tels le physicien Yves Rocard). Le réseau s’implante en région parisienne, puis dans le Nord, en Belgique, en Normandie et Bretagne. Deux missions spéciales sont confiées à Cavaillès : le sabotage dans les magasins de la Kriegsmarine en Bretagne et, réalisée par Yves Rocard, l’inspection des radiophares allemands sur les côtes. Après de multiples arrestations en Normandie et à Paris dont celle de Cavaillès fin août 1943, Jean Gosset remonte le réseau durement touché qui, sur ordre de Londres, se régionalise, les branches « renseignement » et « action » se séparent puis il prend le nom d’Asturies. La direction devient collégiale.