Les libérations régionales

Au printemps 1944, la Résistance voit ses effectifs augmenter. Elle s'organise pour le combat final. Ses troupes sont réunies dans les Forces françaises de l'intérieur (FFI). Le Conseil national de la Résistance (CNR) définit un plan d'action. À Alger, le Comité français de libération nationale (CFLN) se transforme en Gouvernement provisoire de la République française (GPRF) le 3 juin 1944.

Lors du débarquement allié en Normandie le 6 juin 1944, la Résistance appuie les opérations alliées. Elle fixe l'ennemi ou sabote ses lignes de communication. Les FFI libèrent le Massif central et le Sud-Ouest. Paris est libérée par l'insurrection déclenchée par les FFI, avec l'aide de la 2e DB du général Leclerc. La 2e DB opère ensuite sa jonction avec la 1ère Armée française du général De Lattre de Tassigny, débarquée en Provence à la mi-août. L'objectif est désormais la libération de l'Alsace-Lorraine. L'armée nouvelle, qui intègre les FFI encadrés par des officiers d'active, poursuit ensuite le combat jusqu'à la victoire de mai 1945 et permet à la France d'être associée aux vainqueurs.

Plan de l'expo

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L'opération "Dragoon" et la remontée de la vallée du Rhône haut ▲

Si un objectif du débarquement en Provence était de créer un nouveau front en France, ce plan incluait aussi de détruire la XIXe armée allemande, qui avait pour charge la défense du sud-est de la France. Les 3e et 4 5e division US avaient pour objectif de pousser vers la vallée du Rhône, alors que les troupes françaises avaient la charge de libérer les ports de Toulon et Marseille. Pour réaliser le second objectif — la destruction des forces allemandes — une force blindée est mise sur pied lors des préparatifs du débarquement, la Task Force Butler, dont la mission est de progresser vers le nord, depuis Draguignan, via Riez, puis Digne et Sisteron, et d'obliquer vers le Rhône à Aspres-sur-Buech, et ainsi de couper la retraite des forces allemandes, dans ce qui sera la Bataille de Montélimar.

La nouvelle du succès rapide de cette attaque, avec une avancée profonde en vingt-quatre heures, a déclenché un soulèvement d'insurrection populaire dans Paris. En deux semaines la Provence aura été libérée. Digne et Sisteron sont atteintes le 19, Gap le 20. Grenoble est prise le 22 août, Toulon le 23 août, Montélimar le 28 août et Marseille le 29 août. Les forces alliées, remontant la vallée du Rhône, rejoindront le 12 septembre, à Montbard, au cœur de la Bourgogne celles du front de l'ouest.

Dans les Alpes-Maritimes, Nice se libére le 28 août 1944, mais Saorge n'est reprise que le 4 avril 1945. La progression principale se fait vers le nord, laissant sur son flanc est, un front au niveau des cols alpins, qui ne constituent pas un objectif immédiat pour les états-majors alliés. Des unités allemandes venues d'Italie et chassées de Provence s'y réfugient, notamment dans les différents ouvrages et forts qui constituaient la ligne Maginot alpine. Les derniers combats pour libérer la région ont lieu fin avril 1945. Les forts de la vallée de l'Ubaye, les ouvrages Maginot de Saint-Ours et Roche-la-Croix, ne sont repris aux Allemands et Italiens qu'entre les 23 et 24 avril par les forces françaises aidées de l'armée américaine, soit 8 mois après le débarquement sur les côtes du Var, alors que les derniers combats ont lieu en Allemagne. 

La libération des pays de Savoie haut ▲

En juillet, l'état-major des FFI de Haute-Savoie réuni à Montremont (Thônes) organise la réception et la protection du parachutage annoncé pour août sur le plateau des Glières et met sur pied le plan de libération du département. Les combats pour la libération du département commencent réellement avec le grand parachutage du 1er août 1944 aux Glières. Le matériel largué est impressionnant. Il permet d'armer de nombreux maquisards venant s'ajouter à ceux déjà armés et, surtout, il donne un moral d'acier à toute cette jeunesse qui, se révélant au grand jour, est maintenant pressée d'en découdre avec l'ennemi. Déjà en juillet, les accrochages et les combats ont été fréquents et violents. La Résistance s'organise pour le combat final. Le 6 août 1944, elle lance un tract dans tout le département "La libération du pays approche" afin de prévenir les populations et, le 12 août 1944, c'est le déclenchement des opérations pour les combats de la Libération, au moment où le débarquement en Provence est annoncé. Ainsi les combats pour la libération des villes et des villages démarrent-t-ils le 15 août 1944 dans la haute vallée de l'Arve et à Evian ; les maquisards libèrent Chamonix, Megève, Le Fayet, Evian, Sallanches et se battent durement pour libérer Thonon et Cluses avant de converger vers le nord-ouest où d'autres maquisards sont en train de libérer Saint-Julien et Annemasse et, enfin, le 18 août les forces de la Résistance se concentrent autour d'Annecy. Des résistants obtiennent la reddition de la Milice sans tirer un coup de feu, tandis que d'autres reçoivent les émissaires allemands à Chavoires pour aboutir à la capitulation sans condition de la Wehrmacht. Le samedi 19 août 1944 à dix heures, la Haute-Savoie est le premier département de France libéré par lui-même. Il devient une terre libre au milieu d'une zone d'Occupation allemande. Les combattants FFI poursuivent ensuite le combat hors de la Haute-Savoie, en Savoie et dans l'Ain.

Dès le 8 août, la vallée de Tarentaise est libérée par l'action des résistants armés par le parachutage du col des Saisies. Ne pouvant se permettre de perdre cette route stratégique vers l'Italie, les Allemands entament de durs combats pour reconquérir le terrain perdu. Le 21 août, Aix-les-Bains est libérée puis Chambéry, Albertville et Montmélian. En Combe de Savoie, les résistants se heurtent aux forces allemandes qui se replient depuis Grenoble en direction de la Maurienne. Les libérations des deux vallées de Maurienne et de Tarentaise vont être âpres et difficiles. Les embuscades se multiplient et les Allemands utilisent toutes les méthodes possibles pour passer en incendiant des hameaux, fusillant des civils et en utilisant des otages comme boucliers humains. A partir du mois de septembre, la quasi-totalité du département est libérée. L'ennemi s'est replié en Haute-Tarentaise et en Haute-Maurienne où il tient les crêtes alpines et impose un combat trop difficile pour les résistants savoyards et haut-savoyards sous-équipés en armes lourdes. 

Source(s) :

CD-ROM La Résistance en Haute-Savoie, AERI, 2004 et DVD-ROM, La Résistance en Savoie, AERI, 2012.

La libération du Sud-Ouest et du Massif Central par les FFI haut ▲

La percée alliée en Bretagne puis le débarquement de Provence contraignent le haut commandement allemand à ordonner le 17 août 1944 l'évacuation de ses troupes du sud de la Loire, à l'exception de garnisons maintenues autour des principaux ports atlantiques, érigés en "forteresses". Entre Pyrénées, Loire et Rhône, quelques 100 000 combattants, personnels allemands et supplétifs, entament une retraite vers la Bourgogne, oppossés aux FFI renforcés d'équipes alliées.

Sur les versants est et sud du Massif Central, la retraite est menée assez rapidement en direction de la vallée du Rhône. Toulouse est évacuée le 19, Montpellier le 22, Clermont-Ferrand le 25. A l'Ouest et en Aquitaine, le mouvement ne s'enclenche que tardivement, le 28 août, et va s'étaler sur une quinzaine de jours le long d'un axe menant de Bordeaux (départ négocié le 29 août) à Autun, par Angoulême (évacuée le 1er septembre), Poitiers (5 septembre) et Chateauroux (10 septembre), sous une pression croissante des FFI.

Face à un adversaire évacuant le terrain à son rythme, l'efficacité des FFI se mesure en termes de destructions évitées (telles les installations portuaires bordelaises) et de pertes infligées. Si les FFI n'étaient pas à même de capturer les concentrations adverses opérées au sein des principales villes étapes de la retraite, la moisson n'a pas été vaine aux dépens des garnisons situées à l'écart des grands axes routiers : Limoges (le 21 août), Estivareille, Castres, Auch, Lourdes, Mazamet....De même, le départ allemand tardif à l'Ouest permet une action convergente des FFI du Centre et de l'Auvergne arrêtant la colonne Elster (18 500 hommes) sur la Loire et l'Allier, puis la contraignent à la reddition le 10 septembre.

Le départ des Allemands et l'absence de troupes alliées créent un vide inédit au sud de la Loire. Si les commissaires de la République s'installent dès la Libération, le GPRF n'envoie des représentants militaires au sein de ces régions qu'au bout de 10 à 20 jours, laissant les cadres régionaux FFI s'installer à la tête des nouvelles régions militaires, situation que le GPRF validera ensuite par défaut. Au demeurant, il y a lieu de canalier les unités FFI, tâche à laquelle s'attellent des cadres FFI ou des envoyés gouvernementaux. A Bordeaux puis Cognac, le colonel FFI Adeleine coordonne la convergence de près de 25 000 FFI vers les poches allemandes de la Gironde et de La Rochelle, jetant les bases de huit mois de siège. A Toulouse, le général Chevance-Bertin, arrivé dAlger, organise un groupement mobile du Sud-Ouest qui, rejoint par des formations d'Auvergne et du Limousin, remonte vers le Nord à la rencontre de l'armée B (1ère Armée) et concourt au verrouillage des routes de retraite à Autun. Sur fond de désaccords quant au devenir des FFI au sein de l'Armée B, ce groupement va toutefois se désagréger durant l'automne.

Auteur(s) : Stéphane Weiss
Source(s) :

In La Lettre de la Fondation de la Résistance, numéro spécial CNRD 2013-2014

La libération du Nord et du Nord-Est haut ▲

Le 31 août 1944, les Alliés se mettent en mouvement en direction de la frontière belge, traversant le Nord Pas-de-Calais en diagonale. Les Canadiens remontent le long de la côte, libèrent Montreuil-sur-Mer (4 septembre) et prennent position autour des poches de résistance.
Les Polonais de la 1ère division blindée du général Maczek suivent l'axe Abbeville (31 août), Saint-Omer (5 septembre) et se dirigent vers Ypres qu'ils atteignent le 6 septembre. 
La 2e armée britannique du général Dempsey libère Amiens (31 août), Arras et Douai (1er septembre), Lens (2 septembre), Lille (3 septembre) et Béthune le lendemain. Dans le même élan, le 12e groupe d'armées du général Bradley (1ère armée américaine du général Hodges et 3e du général Patton) libère Péronne (01/09), Cambrai et Valenciennes (02/09). Au soir du 5 septembre 1944, la libération du Nord et du Pas-de-Calais est acquise. Seules subsistent aux mains de l'ennemi les poches fortifiées de Boulogne-sur-Mer et Calais, les batteries du cap Gris-Nez, déjà encerclées, et la région de Dunkerque qui n'est pas encore investie. Boulogne est définitivement libérée le 19 septembre et Calais le 30. 

Le siège de Dunkerque commence en septembre 1944 lorsque des unités de la 2e division d'infanterie canadienne encerclent la place forte de Dunkerque et son port. Compte tenu de la résistance des unités allemandes aux premières attaques et de la nécessité absolue de reprendre le port d'Anvers, Dunkerque fut « oubliée » par les Alliés et laissée à l'arrière de l'armée canadienne. La garnison allemande restera à Dunkerque jusqu'à la capitulation générale allemande en mai 1945. De ce fait, la garnison empêcha les Alliés d'utiliser le port dont les infrastructures avaient été détruites. Finalement, la « forteresse », commandée par l'amiral Friedrich Frisius, fut libérée le 9 mai 1945 suite à la capitulation allemande.

Source(s) :

Rémy Desquesnes, Les poches de résistance allemandes sur le littoral français : août 1944 - mai 1945, Rennes, Éd. Ouest-France, coll. « Histoire »,‎ février 2011.
Patrick Oddone, Sur les chemins de la Libération , Dunkerque, 1944-1945, Presses Universitaires du Septentrion, 2005. 

La libération de la région Centre haut ▲

La fin de l'été 1944 a été à la fois triomphante et dramatique. Une à une, les villes de la région situées au sud de la Loire se libèrent du joug nazi, pendant que les troupes américaines, laissant à la Résistance le soin de harceler les forces allemandes qui montent vers la Normandie (puis vers la Bourgogne), foncent à toute vitesse vers l'est. La liste déroule un itinéraire précis d'ouest en est. D'abord les cités du bassin de la Loire : Angers tombe le 10 août puis ce sera Orléans le 16 (ces deux villes avec l'appui des GI's de Patton) et Saumur le 30 août. Le 1er septembre, Tours est libérée et si les Allemands quittent Blois ce même jour, la date officielle de la Libération sera le 6 septembre. Châtellerault où le pont Henri IV a été sauvé, est libéré le 4 septembre, avant Poitiers le 5, Niort le 6. Dans le Berry, Bourges est libéré également le 6 et Châteauroux, quatre jours plus tard même si la préfecture de l'Indre avait d'abord été occupée par la Résistance le 20 août avant d'être reprise par les colonnes allemandes du général Elster. La reddition officielle de ce général allemand et de ses 20.000 hommes le 15 septembre à Beaugency (Loiret) est considérée comme l'une des plus grandes victoires des FFI. Elle marque aussi la fin de la présence militaire de l'occupant dans la région.

Dans le Loiret
Le 15 août, les premiers éléments de l'Armée Patton pénètrent dans le Loiret par le nord-ouest. Ils avancent en trois colonnes, la première par Artenay et Chevilly, la seconde par Epieds-en Beauce, Tournoisis, Saint-Péravy et Coinces, la troisième par Coulmiers et Bricy. Pithiviers est libéré le 21 août, Montargis et Gien le 23 août. La Loire sert de front entre le nord libéré et le sud où sont repliés les Allemands. Pour se protéger, les Allemands font sauter le 16 août vers 21h15 le Pont Royal à Orléans et dans la nuit du 22 au 23 août le Pont de Gien. Ils se heurtent aux FFI, ceux du maquis Sologne-Loiret et ceux des groupes FFI et FTP de Saint-Hilaire-Saint-Mesmin et d'Olivet, de Châtillon-sur-Loire et Saint-Gondon. Des groupes de FFI du nord de la Loire viennent renforcer leurs camarades de Sologne. Les combats du sud se terminent à Beaugency.

En Eure-et-Loir 
Dès le 15 août 1944, la 7e DB et la 5e DI (XXe Corps US) sont à une dizaine de kilomètres de Chartres. Le commandant "Sinclair" (Maurice Clavel) dirige une résistance très active en Eure-et-Loir. La 7e Division Blindée mène les combats du 15 au 17 août. Le 16 août, les derniers Allemands sont chassés du centre ville de Chartres. Le 17, c'est à l'est et dans le sud de Chartres que les résistants s'illustrent. La 5e Division d'Infanterie entre en action dans le sud le 18 et encercle les Allemands qui restent dans la poche du Coudray Le 19 au matin, la capitulation est signée. Le 23 août alors que la ville reçoit le général De Gaulle, chef du gouvernement provisoire, la 2e DB de Leclerc obtient enfin l'ordre tant attendu de marcher sur Paris par différents itinéraires, certains éléments traversant la ville Chartres. 

En Indre-et-Loire 
Au cours de la première quinzaine d'août, pendant que le gros de la IIIème Armée US du général Patton fonce sur l'axe Le Mans-Paris, l'aile droite de cette armée longe la Loire en flanc-garde, allant au plus vite vers l'est. Orléans est atteint le 15 août. Les Allemands s'étant rapidement retirés du Nord de la Loire, on peut dire que les agglomérations situées sur cette rive nord, sont libres dès le début de la seconde quinzaine d'août. Les territoires au Sud de la Loire sont encore tenus par l'occupant jusqu'à la fin du mois. La libération du centre-ville de Tours est effective le 1er septembre. Il en ira de même pour l'agglomération de Blois : la ville au nord de la Loire est libérée le 23 août, son faubourg de Vienne, au sud, est libéré le 1er septembre.

Dans le Cher
A la fin du mois d’août 1944, le Cher est traversé par de nombreuses colonnes allemandes venant du Sud-Ouest et du Centre-Ouest. Le 25 août, de nombreux miliciens arrivent de Limoges, Bordeaux et Angers (60 à Vierzon et Mehun, 200 à Bourges). Le flux des unités allemandes se repliant vers la Loire continue. Des crimes, des exactions, sont commis par les Allemands en déroute à Saint-Satur, à Baranthaume (le 1er septembre), à Franclieu. Une bataille rangée se déroule le 31 août à Saint-Hilaire-de-Court près de Vierzon. Le 2 septembre, un combat a lieu sur le pont du Cher à Vierzon. Le 3 septembre, des éléments du 4e bataillon de parachutistes français du SAS, en provenance du Loiret, franchissent la Loire en Jeep à Briare, et vont renforcer le maquis de Menetou-Salon. Le même jour, la Kommandantur de Bourges évacue son siège et les Allemands quittent Vierzon. Le 4 septembre, ce sera la libération des Aix-d'Angillon et de Vierzon, le 5 septembre, celle de Mehun-sur-Yèvre, puis Bourges le 6 septembre. Cependant, le Cher ne sera définitivement et entièrement libéré que le 15 septembre, cette libération résultant de la reddition à Issoudun le 10 septembre 1944, confirmée le lendemain à Arçay, de la colonne Elster forte de 20 000 hommes.

Source(s) :


CD-ROMS La Résistance dans le Cher, AERI, 2008 ; La Résistance en Indre-et-Loire, AERI, 2005

La bataille des Vosges et la libération de l'Alsace haut ▲

En octobre 1944, les Alliés sont sur les Vosges, aux portes de l’Alsace. Sur ordre de Himmler, c’est la levée en masse pour la défense du Reich : les hommes valides de 16 à 60 ans sont affectés au « Volkssturm » alors que toutes les femmes de 16 à 40 ans sont réquisitionnées pour le creusement de tranchées et de fossés antichars. C’est la confusion la plus totale, la plupart de ces personnes n’étant pas opérationnelles et faisant le maximum pour échapper à ces corvées ou pour les saboter.

Le 19 novembre 1944, le corps d’Armée de Béthouard de l’armée De Lattre perce le long de la frontière Suisse, prend Delle et fonce en direction de Bâle. Le 19, le Rhin est atteint à Rosenau et Mulhouse le 21. Mais les Allemands résistent du côté de Seppois, dans les Hautes Vosges et la Hardt; ils tiennent les faubourgs de Mulhouse. La bataille « de la poche de Colmar » commence et va s’embourber dans un hiver rigoureux. De son côté, la 2e DB de Leclerc, intégrée dans l’armée US de Patch traverse les Vosges par Cirey, suit les petites routes, surprend les Allemands à Saverne le 22 novembre et entre dans Strasbourg le 23 à 11 heures, quasiment sans combattre. Le front se stabilise autour de la poche de Colmar et au Nord sur la ligne Maginot.

Source(s) :

http://www.encyclopedie.bseditions.fr/

La libération des derniers réduits haut ▲

Lorsque les armées allemandes quittent l'ouest et le nord de la France, elles laissent des garnisons chargées de bloquer les principaux ports. La prise rapide du Havre, de Marseille et surtout d'Anvers, met toutefois bas cette stratégie, amenant les Alliés à se contenter d'une simple garde des poches restantes : Dunkerque, Lorient, Saint-Nazaire, La Rochelle et l'estuaire de la Gironde, où se maintiennent quelque 95 000 combattants adverses. Leur garde repose au nord de la Loire sur des troupes alliées, renforcées d'unités françaises issues des FFI. Au sud de la Loire, seules des unités FFI sont initialement présentes, bientôt renforcées par des troupes coloniales et nord-africaines. Un long siège s'engage sur ces fronts de faible intensité, marqués par d'épisodiques mais vifs engagements. 

Dès septembre 1944, le général de Gaulle envisage l'attaque de Royan. Cette attaque, prévue à la fin de l'année, est repoussée au printemps. Son report est marqué par le bombardement de Royan en janvier 1945. L'opération est finalement engagée avec succès à la mi-avril, avec l'appoint de la 2e DB. Face aux autres poches, la posture statique reste de mise jusqu'à leur reddition finale les 8 et 9 mai 1945.

Dans les Alpes, les forces italo-allemandes se sont maintenues dans toutes les hautes vallées et autour des cols de la frontière italo-française. Cet autre front secondaire est tenu par des éléments de la 1ère Armée et des unités reconstituées à partir des FFI des régions rhodaniennes et alpines (ainsi qu'un temps, au sud, par des éléments alliés). Des opérations en haute montagne sont menées au printemps 1945 pour tenter de dégager les cols donnant accès à l'Italie.
A partir du 25 avril, la retraite adverse permet le franchissement de la frontière de 1939 et une avancée française jusqu'aux abords de Turin et de Cunéo, avance décidée unilatéralement et qui génère de sévères tensions franco-alliées. Six des communes ainsi occupées seront rattachées à la France en 1947.

Auteur(s) : Stéphane Weiss
Source(s) :

La Lettre de la Fondation de la Résistance, numéro spécial CNRD 2013-2014

Pour en savoir plus :

Stéphane Weiss, "Quotidien et moral des combattants volontaires des sièges de la Pointe de Grave, de Royan et de La Rochelle en 1944-1945", Écrits d’Ouest n°19, Société Rochelaise d’Histoire Moderne et Contemporaine, 2011, pages 127-146 (voir l'article)

Stéphane Weiss, "La régularisation des formations combattantes FFI engagés lors des sièges de la Pointe de Grave, de Royan et de La Rochelle en 1944-1945", Ecrits d’Ouest n°20, Société Rochelaise d’Histoire Moderne et Contemporaine, 2012, pages 175-192 (voir l'article)