"Les retombées du défilé"

L’écho donné au défilé par la presse clandestine et la propagande de la France combattante ne sont pas immédiats : il faut attendre le mois de décembre pour qu’il soit relayé régionalement par Bir-Hakeim ou le faux Nouvelliste, et nationalement par les journaux des grands mouvements. Dans l’édition de Libération du 1er décembre 1943 sont publiées des photos du défilé, où les visages des maquisards sont « floutés ». A Londres, ce n’est qu’en février 1944 qu’arrivent des informations précises sur le défilé, en raison des mauvaises conditions météorologiques qui entravent les liaisons avec la métropole. L’émission « Les Français parlent aux Français » de la BBC du 9 février 1944 s’en fait l’écho. Au-delà, le défilé a été l'un des éléments de l’argumentaire développé par la France combattante pour convaincre les Britanniques d’accroître les parachutages d’armes aux maquis français.

De l'avis des participants au défilé, le succès dépasse les espérances. En témoigne Henri Girousse : "Les objectifs immédiats que nous avions recherchés furent atteints très largement. Les maquisards revinrent d'Oyonnax avec un moral extraordinaire, et la population connaissait désormais le vrai visage de la Résistance, troupe disciplinée, conduite par de vrais officiers, à laquelle elle appartenait. Une aide volontaire, généreuse, courageuse, héroïque souvent. [...] Mais surtout, au-delà de nos frontières, l'événement eut un retentissement extraordinaire qu'aucun de nous n'avait prévu. Tous ceux qui, par le monde, nous aimaient encore avaient retrouvé la voix de la France, celle du NON opposé à la Force, possédant une puissance mystérieuse qui vient du fond des siècles. La France, profonde, submergée, bâillonnée, martyrisée, n'acceptait pas la soumission avec Pétain, elle avait choisi la révolte avec de Gaulle." 


Si le défilé a un retentissement certain à l’extérieur parce qu’il a été conçu comme une opération de « contre-propagande », il est minimisé par les services administratifs de l’Etat Français Le 13 novembre, un rapport des Renseignements généraux au préfet de l’Ain présente le défilé seulement comme des « incidents d’Oyonnax ». L’administration note toutefois l’organisation minutée, la précision et la rapidité d’exécution de cette opération. Mais la raison principale de cette discrétion est que le 11 novembre 1943 a été le théâtre de manifestations résistantes un peu partout en France : dépôts de gerbes aux monuments aux morts, arrêts de travail… Dans l’Ain, Nantua et Bourg-en-Bresse ont notamment été concernés. Par ailleurs, dans plusieurs départements, pour la première fois des maquis ont défilé dans de petites villes ou des villages, comme à Marcilhac-sur-Célé dans le Lot. La manifestation d’Oyonnax a acquis une valeur de symbole fort de la Résistance intérieure.

Auteur(s) : Claude Morel
Source(s) :

DVD-ROM La Résistance dans l'Ain et le Haut-Jura, Département AERI de la Fondation de la Résistance, novembre 2013.

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