"L’instigateur : le colonel Romans-Petit"

Au printemps 1943, le colonel Romans-Petit prend le commandement des maquis de l’Ain. Au début de l'automne 1943, André Fornier, chef départemental de l’Armée secrète (AS), est arrêté par la Gestapo. Libéré faute de preuves deux mois plus tard, il se sait grillé et cède le commandement de l'AS de l'Ain à "Romans". C'est désormais une force importante, bien structurée que celui-ci commande.

Alors que le Gouvernement de Vichy interdit les commémorations du 11 novembre 1943, le comité directeur régional des MUR, sur recommandation du CNR, invite les responsables de la résistance locale à déposer une gerbe devant chaque monument aux morts. Romans-Petit saisit cette opportunité pour transformer ce simple dépôt de gerbe à la sauvette en une véritable manifestation publique. Il permettra de montrer à la population que les maquisards ne sont pas des "hors-la-loi", des "terroristes" comme les présente la propagande vichyste, mais des soldats encadrés, disciplinés et désireux de se battre pour libérer leur pays. L'idée sous-tendue de la démonstration de force et de discipline est de "frapper un grand coup".

Henri Romans-Petit porte son choix sur la ville d’Oyonnax. Outre le fait qu’Henri Girousse, dit "Chabot", chef du groupement Sud des maquis de l’Ain, et Elie Deschamps, dit "Ravignan", l'un des responsables locaux de l’AS, sont de cette commune, c’est une ville où l’esprit de collaboration est presque absent, où la population ouvrière s'inscrit dans une tradition républicaine de gauche, ce à quoi s’ajoute un maillage résistant important sur la ville et les communes environnantes, soutenu par de nombreux sympathisants. De plus, ni la Milice, ni les Allemands ne sont présents en ville et, détail qui a son importance, le commissaire de police de la ville, Thévenon, est membre de la Résistance.

Henri Romans-Petit, dont il ne faut pas oublier qu'il a été publiciste avant 1939, écrit lui-même comment lui est venue l'idée du "coup" du défilé du 11 novembre 1943 à Oyonnax dans son livre Les Obstinés :

"Notre force est réelle. Pouvoir la montrer au grand public... tel est le rêve qui me poursuit. Si tous ceux qui nous côtoient haussent les épaules quand on leur parle des méfaits des terroristes, j'ai la conviction que cette propagande éloigne de nous des jeunes et peut-être aussi des cadres... Je suis dans cette disposition d'esprit quand, à l'une de nos fréquentes réunions d'officiers, l'un d'eux me pose cette simple question : "Que faisons-nous pour le 11 novembre ?"... Je suggère de défiler dans une ville. Contre toute attente, l'accueil est vibrant. Nous décidons de rechercher le lieu où les réactions des habitants sont les plus chaleureuses et où les Allemands seront en petit nombre. "Chabot" et "Montréal" [NDLR : Noël Perrotot]  sont chargés de faire des propositions. Quelques jours plus tard, je choisis Oyonnax...".

Auteur(s) : Claude Morel
Source(s) :

DVD-ROM La Résistance dans l'Ain et le Haut-Jura, Département AERI de la Fondation de la Résistance, novembre 2013.

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Bibliographie