Partition Chant des pionniers du Vercors

Légende :

De nombreux chants furent composés dans les maquis français. Certains sont encore chantés lors des commémorations. C'est le cas du Chant des Pionniers du Vercors

Genre : Image

Type : Chanson

Producteur : Max Orgeret Editeur

Source : © Association nationale des Pionniers et Combattants volontaires du Vercors Droits réservés

Détails techniques :

Couverture cartonnée.

Date document : 1950-1960

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme

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Analyse média

Les paroles du Chant des Pionniers du Vercors sont de Gaby Monnet, la musique de Gaby Monnet*, V. Muller et Benjamin Malossane. Le chant a dû être écrit et composé immédiatement après la guerre. Il a été chanté par la chorale des Écoles normales d’instituteurs et d’institutrices, accompagnée par l’Harmonie de Saint-Jean-en-Royans, en juin 1949, lors des célébrations du rattachement du Dauphiné à la France (1349) devant Vincent Auriol, président de la République. Le chant a été repris quelques années plus tard par la Chorale Universitaire de Valence ou par le chanteur Ioury.

C’est un chant à la gloire des combattants et victimes des combats du Vercors de la fin juillet 1944. Contrairement à d’autres chants écrits et composés dans les camps par des auteurs ou compositeurs tombés dans l’anonymat, le Chant des Pionniers du Vercors est devenu, en quelque sorte, l’hymne des combats de cette région de la Drôme. À chaque manifestation patriotique commémorant la Résistance, dans la région de Romans, du Royans ou du Vercors, Jean Guillemot, de Bourg-de-Péage, le joue, avec son saxophone.

Chant des Pionniers du Vercors :

Refrain
Gloire à tous ceux de l'avant-garde,
Aux vaillants pionniers du Vercors.
La France libre les regarde,
Ils furent parmi les plus forts.
Dans leurs montagnes vivait l'espérance
Et se cachait la liberté
Dans leur poitrine, l'honneur de la France
Trouvait un coeur pour s'abriter.
Gloire aux combattants légendaires,
À ceux de Vassieux, d'Herbouilly,
À ceux qui dorment dans ces terres
Pour la grandeur de leur pays.

1. Souviens-toi de la nuit sombre,
Ô peuple, tu sommeillais,
On voyait passer dans l'ombre
L'homme libre qui veillait.

2. Souviens-toi des veillées d'armes
Dans le secret des grands bois ;
Viens déposer une larme
Sur les humbles croix de bois.


3. Souviens-toi de tous les crimes,
Des cadavres dans les champs,
Du petit village en ruines
Et de tous les braves gens.

4. Souviens-toi, peuple de France,
Le Vercors a bu leur sang,
Souviens-toi de leur vaillance,
Contre mille, ils étaient cent.

(*) Gaby Monnet, ancien normalien de Privas (1938-1941) avait rapidement rejoint la Résistance dans les maquis de l'Ardèche puis dans le Vercors. Avec V. Muller et Benjamin Malossane, ils ont écrit et composé Le Chant des Pionniers du Vercors. Gaby, comme on l'appelait, est devenu ensuite acteur, metteur en scène, formateur, directeur de théâtre. C'était l'incarnation du théâtre pour tous qui a mêlé théâtre et poésie, combattu pour la décentralisation de l'art et a été un résistant toute sa vie. Il est décédé le 12 décembre 2010.


Auteurs : Jean Sauvageon

Contexte historique

Les résistants étaient en majorité des jeunes et un des moyens pour meubler le temps était de chanter des chansons à la mode. Mais ces airs connus de chansons de variétés, comme celles de Maurice Chevalier, ou des chansons patriotiques étaient souvent détournés avec de nouvelles paroles stigmatisant l'occupant ou le profiteur. Certaines de ces chansons étaient diffusées par Radio-Londres comme La défense élastique, écrite par Pierre Dac. Chantonner en chœur permettait de conjurer la peur, de resserrer les liens, d’oublier un peu la dure réalité de leurs conditions de vie, de soutenir le moral, de se préparer au combat.

Chez les résistants, se sont trouvés des poètes, des musiciens qui ont écrit, composé ou arrangé des chansons pour leur compagnie. Plusieurs exemples drômois peuvent être cités (nous ne transcrivons que le début de quelques chansons).

Marcel Borel, de Saint-Jullien-en-Quint, sergent-chef à la compagnie Morin, dans le Diois, poète, a écrit deux chants : Chant des résistants drômois, de la vallée de la Gervanne sur l'air des Allobroges et Le chant de la compagnie Morin. (Source : collection Marcel Bonniot).

La chanson de la compagnie Morin, de Beaufort-sur-Gervanne

Nous sommes descendus de nos montagnes
Où nous avions pris le maquis, le maquis,
Nous avons combattu contre l'Allemagne,
Sans canons, presque sans fusils.
Quand nous marchions sur la grand'route
Pour aller faire un coup de main,
L'ennemi fuyait en déroute
Lorsque nous chantions ce refrain.


Refrain
En avant, noble compagnie,
En avant, serrons les rangs,
Par amour pour notre patrie,
Nous sommes tous des combattants.
Quand la guerre sera finie,
Que le canon ne tonnera plus,
Nous reverrons notre Drôme chérie
Car l'ennemi sera vaincu.


Le chant de la compagnie Morin

1er couplet
Depuis quatre ans, la pauvre France émue
Qui gémit sous le poids de l'oppresseur
N'est pas vaincue, car elle fut vendue
À l'étranger qui fit saigner son coeur
Fier combattant ne baisse pas la tête
Si l'ennemi a vu couler tes pleurs.
Si devant lui tu battais en retraite
Car tu ne fus que l'instrument de lâches imposteurs.


Refrain
O ! grand peuple français
Des plaines des montagnes
Nous ne plierons jamais
Sous le joug de l'Allemagne
Ils ont trop fait pleurer
Nos mères et nos compagnes
Nous sommes la liberté
La liberté !


Max, un jeune du maquis de la Lance, compose deux chants, La Jeune Sève, et Marchons au feu sur l'air de Hardi Camarades, chant populaire de révolte (Source : Pierre Challan-Belval)

La Jeune Sève

Nous sommes la Jeune Sève
De l'Antique Liberté
Pour saboter la Relève,
Nous avons fui la cité.

Pour libérer la France,
Nous luttons et souffrons
Sur les sommets de la LANCE
Où se forment nos bataillons.


Marchons au feu

Marchons au feu camarades
Marchons au feu hardiment (bis)
Par-delà ces fusillades
La liberté nous attend camarades (bis)

Place aux vrais fils de la Terre
Place aux enfants du labeur (bis)
Affranchissons tous nos frères (bis)
Sera le cri des vainqueurs, camarades

Ce chant a été composé au maquis de la bergerie du Jas Blanc, à quelques kilomètres de Dieulefit, à l’automne 1943.

Mitraillons-Mitraillettes

Je suis descendu, mitraillant, mitraillette
Du maquis dès le matin
Je suis descendu mitraillant, mitraillette
Chez le milicien du coin, mitraillons (bis)
Mitraillons, amis en chantant
La mitraille, c'est du bon temps
Mitraillons, amis en chantant.

Je suis descendu, explosant, explosette
Un plastique à la main
Je suis descendu explosant, explosette
Pour faire sauter le train, explosons (bis).


Auteurs : Jean Sauvageon
Sources : Dvd-rom La Résistance dans la Drôme-Vercors, éditions AERI-AERD, février 2007.