La Résistance par la parole

Le contrôle des ondes et les peines encourues pour toute prise de parole hostile illustrent le souci des dirigeants nazis,secondés par le régime de Vichy, d'annihiler toute forme de liberté d'expression. Les résistants ont pour leur part utiliser le verbe comme une arme, non seulement pour se transmettre clandestinement des informations stratégiques, mais aussi pour lutter au grand jour contre la désinformation, convaincre et tourner en dérision leurs adversaires. C'est le cas au micro de certaines radios étrangères dont la BBC mais aussi dans certains lieux de culte (prêches) et dans les maquis (chants, pastiches de mélodies populaires).

"Les voix de la liberté" haut ▲

La "guerre des ondes" entre Radio-Paris et la BBC illustre bien les enjeux liés à l'écoute clandestine d'émissions francophones émises depuis l'étranger. Les discours du général de Gaulle et des speakers français de la BBC (ex: Maurice Schumann), la diffusion d'informations censurées et jugées crédibles, ainsi que le ton moderne et humoristique de certaines émissions attirent une proportion de personnes plus en plus nombreuses, qui se regroupent autour de la TSF, malgré les confiscation et les peines encourues. Le succès des appels à exprimer symboliquement le refus de l'occupant relayés par les organisations de résistance intérieure(comme le 14 juillet 1942 en zone sud) démontre que la radio est une arme de combat pour la France Libre et les Alliés, tout comme la diffusion de messages personnels visant à envoyer des informations stratégiques codés aux résistants intérieurs.

Source(s) :

Jean-Louis Crémieux- Brilhac, Ici Londres : les voix de la liberté, 1940-1944, Paris, La Documentation Française, 5 vol. , 1975.

Hélène Eck (dir.), La Guerre des ondes : histoire des radios de langue française pendant la Deuxième Guerre Mondiale, Paris, Armand Colin, Communauté des radios publiques de langue française, 1985.

Aurélie Luneau, Radio Londres : les voix de la liberté (1940-1944), Paris, Perrin, 2005.

Parler,chanter,crier pour dénoncer l'oppression haut ▲

En l'absence de liberté d'expression, toute prise de parole hostile à l'occupant et au régime de Vichy fait courir un risque à son auteur. Dans ce contexte, certains ecclésiastiques ont eu le courage d'utiliser leurs sermons et leurs prêches afin d'informer leurs fidèles de sort réservé aux Juifs ou de leur hostilité au Service du Travail Obligatoire. La chanson est également un moyen ludique et efficace de propager des messages ridiculisant l'ennemi. Les chansons composées à Londres par Pierre Dac sont ainsi reprises, alors que d'autres sont composées à l'intérieur des maquis. Quant au Chant des partisans, chant russecomposé par Anna Marly dont les paroles en français ont été écrites à Londres par Joseph Kessel et son neveu Maurice Druon en mai 1943, sa popularité explose au moment de la Libération. Il demeure jusqu'à nos jours la plus célèbres des chansons originales de la Résistance.

Source(s) :

La parole des Eglises chrétiennes

Renée Bédarida, Les catholiques dans la guerre, 1939-1945, Paris, Hachette, 1998

Sylvie Bernay, L’Eglise de France face à la persécution des Juifs, Paris, CNRS, 2012.

Jacques Duquesne, Les catholiques français sous l’Occupation, Paris, Seuil (Points Histoire), 1996.

Pierre Pierrard, Juifs et catholiques français : d’Edouard Drumont à Jacob Kaplan : 1886- 1994, Paris, Ed. du Cerf, 1997.

Résister en chantant

Sylvain Chimello, La Résistance en chantant, Paris, éd. Autrement, 2004.